Tout au long du calme de l’été, la rédaction de Demivolée.com vous propose de découvrir ou de redécouvrir quelques uns de ses articles des années précédentes. Aujourd’hui, revivez la sériez réunissant deux sports de manière inattendue : Football & Golf. Ce deuxième épisode vient après l’établissement de la méthodologie et traite des origines du football.

Si aujourd’hui, le football et le golf semblent dissembler par bien des points, une analyse historique semble montrer que l’origine des deux disciplines est très ressemblante. Comment expliquer une telle dissemblance aujourd’hui, à tel point que le football est souvent surnommé « le sport du peuple » tandis que le golf prend le nom de « sport de l’élite », c’est ce que nous allons voir dans cette première partie de notre enquête.

Le football, ou comment le sport de l’élite est devenu le sport du peuple

Des origines contestées du football

Les premières traces…

Si aujourd’hui il est de coutume de dire que le football prend sa source en Grande-Bretagne, le « sport-roi » n’est pourtant pas né ex-nihilo. Tentons donc de tracer une généalogie simplifiée du football, afin de mieux comprendre comment le jeu au pied du ballon a réussi à devenir le sport universel.

En Europe, on retrouve les toutes premières traces de jeu de ballon en Grèce antique (Fabre, 2007), où il est de coutume de s’échanger, au pied ou à la main, des balles relativement lourdes et sans commune mesures avec les un peu plus de quatre-cents grammes des ballons de football actuels. On observe également des jeux de balles plus ou moins similaires en Mésoamérique à partir du IIème millénaire av. J.-C et jusqu’à la colonisation européenne : des équipes d’un nombre très variable de joueurs – cela commence au face-à-face et peut aller jusqu’à une opposition à douze contre douze – s’affrontent en faisant rebondir une balle sans l’aide ni des mains, ni des pieds, et tentent de les pousser dans un anneau ou bien de leur faire toucher le sol dans la moitié de terrain adverse. Le jeu est donc à peu près autant approchable du football que du volley-ball ou du basketball. Cependant, cet exercice a ceci d’intéressant qu’il est pratiqué par des catégories bien particulières de la population et que les matchs sont des lieux de réunion de l’élite dirigeante locale ou impériale.

Néanmoins, ces jeux ont ceci de distinct avec le football qu’ils ne sont pas des « sports », c’est-à-dire que le but ultime est plus le divertissement que l’exercice physique. En Mésoamérique même, le jeu de balle (« tlachtli » en nahuatl) est accompagné de fonctions sacrificielles : selon les variantes, le chef – parfois traduit capitaine, par analogie avec la fonction de capitaine dans les sports collectifs moderne – de l’équipe victorieuse ou perdante est sacrifié ; soit en grand honneur, soit en tribut aux dieux (Balutet, 2006).

Une certaine violence…

Mais revenons en Europe : s’inspirant très fortement des pratiques grecques, la civilisation romaine est le lieu de développement de « l’harpastum » (Apollinaire, 1961), un sport qui, bien qu’il n’y ait pas de filiation, est souvent considéré comme l’expression antique du rugby moderne, et donc, nous le verrons plus tard, du football, les deux sports ayant des liens plus que ténus à leurs origines. A partir du cinquième siècle, et alors que les reliques de grandeur de l’Empire Romain disparaissent peu à peu dans la fange, la « soûle » voit le jour, principalement dans le nord-ouest de la France – on parle parfois de « soûle anglo-normande ». Avec Guillaume le Conquérant en 1066, le sport se diffuse en Angleterre, et donne là encore une espèce d’ancêtre commun au football et au rugby. Selon les différentes codifications, les parties sont plus ou moins longue et plus ou moins violentes, même s’il est d’usage d’attribuer à la soûle la mort de nombreux individus par partie.

Néanmoins, il semble que la légende soit bien exagérée : la soûle ne serait en fait pas aussi violente qu’il le paraît. Le jeu consiste principalement à déposer une balle dans un but, qui peut être éloigné aussi bien d’une centaine de mètres, d’une portée de flèche ou d’un village. Le jeu est alors principalement pratiqué par les plus basses catégories sociales, notamment dans les périodes des grandes fêtes. Cependant, cela n’induit pas une cécité des élites envers ce sport. Ainsi, entre 1314 et 1369, des édits royaux et municipaux en Grande-Bretagne viennent peu à peu régler le sport, et lui donner un encadrement (Magoun, 1929).

Première mention du terme

Mais c’est au quinzième siècle, dans un édit royal de 1409, que l’on retrouve la première mention du terme football, orthographié « foteball ». Le sport est alors prohibé dans la municipalité de Londres, aux prétextes qu’il est une véritable perturbation à l’ordre public. Il semble qu’à ce moment, le « foteball » soit un sport extrêmement populaire au sens premier du terme, c’est-à-dire aux mains du peuple. A la même époque, le calcio florentin commence son balbutiement, et deviendra extrêmement populaire jusqu’au seizième siècle. Opposant deux équipes de vingt-sept joueurs, le sport n’a pas grand-chose à voir avec le football moderne.

Néanmoins, il a une réelle influence historique : le terme « calcio » est aujourd’hui utilisé en Italie afin de désigner les premières divisions de football (« Calcio A » ; « Calcio B ») ; et une partie célèbre de 1766 disputée à Livourne devant l’ambassadeur d’Angleterre est souvent considérée comme une influence pour le football moderne. Ce calcio florentin est de son côté un sport aux mains des très riches et des très puissants.

Parmi les joueurs, on retrouve ainsi Henri, prince de Condé, les papes Léon XI, Clément VII et Urbain VIII, nombre de Médicis dont Laurent II, François Ier, Alexandre ou encore Pierre II. Si cela n’empêche pas des matchs informels de voir le jour, les grandes familles de la ville sont, malgré tout, les plus grandes instigatrices de la popularité de ce sport. Ce sont elles qui le codifient et qui servent de mécènes pour leurs formations (Bredekamp, 1998).

 

Par NSOL, le 17/06/2019.

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