Nos souvenirs les plus anciens sont parfois les plus beaux. L’esprit humain à tendance à se rappeler en priorité des bons moments, avant de se remémorer les mauvais. Et c’est comme cela que nous parvenons à survivre, en oubliant ce qui nous a fait souffrir au profit de ce qui nous anime. Alors replongeons-nous quelques instants dans nos souvenirs. Dans nos souvenirs d’enfant. Dans nos souvenirs de football…

Il était une fois

Dans nos souvenirs, il était une fois où un jeune garçon faisait pour la première fois la rencontre d’un ballon. Etrange chose, qui roule, accélère, change de vitesse sitôt qu’on la pousse. Le ballon rond est vraiment une chose si particulière, si étrange, si unique… Cela change des vies et des destins. Nous avons tous rêvé d’être des footballeurs professionnels. Ou alors nous avons songé, nous avons pensé à ce que cela serait d’être un footballeur, sous les projecteurs. Bien sûr, nous n’avons pas pensé aux conséquences. Nous n’avons pas pensés qu’il y avait de l’héroïne en coulisse, des paris truqués, des agents, des supporters violents, de la haine, de la jalousie.

Dans nos souvenirs d’enfant, le football est simple. Il est fait de héros. Beaucoup d’entre eux sont brésiliens. Pelé, Garrincha, Socrates, Zico, Romario, Bebeto, Ronaldo, Ronaldinho, et même Neymar Jr. pour les plus jeunes. Il y en a qui viennent de France, bien sûr. Michel Platini, Thierry Henry, Zinédine Zidane, Karim Benzema, Antoine Griezmann… Peut-être que nos petits frères ou nos enfants se passionneront pour les nouveaux héros français Eduardo Camavinga et Houssem Aouar… Nul ne le sait.

Il était une fois, dans nos souvenirs, un ballon qui roulait sous les projecteurs du Stade de France, Zinédine Zidane aligné à nos côtés en soutien de l’attaquant – pourquoi pas David Trézéguet, tiens -, il était une fois un rêve impossible de football. Notre enfance est faite de pensées folles, d’espoirs, et nous nous sentions, dans la cour d’école, comme des internationaux jouant une Coupe du Monde tous les matins.

Il sera un jour…

Il sera un jour où nous conterons nous-mêmes à nos enfants ou à nos petits-enfants ce que nous avons vécu du football. Comme nos pères nous ont raconté Cruijff et le Ons Oranje absolument fabuleux de ces années, nous ont fait aimer la grâce de ceux qui ont fait le football tandis que nous n’étions pas encore nés. Nous raconterons à nos enfants que nous avons, nous aussi, vu le football changer, et devenir complètement différent. Et nous leur dirons que lorsque nous sommes nés, le football féminin n’intéressait personne, et que petit à petit, nous l’avons vu se former. Comme nos aînés nous racontent la folle épopée du Stade de Reims en Europe, nous raconterons les trois Ligues des Champions consécutives du Real Madrid.

Nos souvenirs se forment au quotidien. Jour après jour, nous nous racontons de nouvelles histoires, nous nous penchons sur de nouveaux moments. Il ne faut pas critiquer en permanence ce que nous voyons, car ce sont des histoires absolument incroyables qui se jouent sous nos yeux. Nous voyons des joueurs éclore, des institutions se transformer, des légendes s’écrire. Peut-être que Maradona était plus fort que Messi, peut-être qu’Eusébio était plus fort que Cristiano Ronaldo. Mais cela n’a pas vraiment d’importance pour nos souvenirs. Car nos souvenirs, ce sont ceux que nous créons. Et que nous mélangeons avec toutes les histoires que nos pères, leurs propres pères, nous ont conté.

Le football se crée petit à petit devant nous, et nous sommes acteurs de cette transformation. Dans nos souvenirs, demain, ce que nous avons vécu aujourd’hui. Le temps n’effacera rien, et fera vivre de nouvelles histoires.

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