La France est un des huit pays au monde a avoir remporté la Coupe du Monde. Suffisant pour rassembler tous les français ? Pas vraiment, car certains territoires sont tenus à l’écart des fastes du football mondial. Parmi les plus célèbres, la Guyane de Florent Malouda, qui participe régulièrement à la Coupe caribéenne des nations et parfois à la Gold Cup. Mais une des sélections françaises les plus méconnues se trouve dans le Pacifique. Alors attachez vos ceintures, éteignez vos mégots et partons dans ce nouvel épisode de Tour du Monde à la découverte de l’équipe de Wallis-et-Futuna.

Un territoire à l’écart

Wallis-et-Futuna n’est pas un des territoires les plus en vue de la République. En effet, les deux petites îles du Pacifique sont les deux territoires les plus éloignés de la Métropole. A plus de 16 000 kilomètres de Paris, isolées dans le Pacifique, Wallis-et-Futuna ont pendant longtemps été presque coupées de la France. Dans les années 1960, les communications sont rares avec Nouméa, qui représentent le grand lieu d’implantation français le plus proche, à seulement 1 800 kilomètres. Mais parler de Wallis-et-Futuna, c’est oublier que le territoire compte aussi en son sein la petite île d’Alofi, un seul habitant permanent recensé en 2018. Surtout, contrairement à ce que l’on enseigne dans les livres de géographie, Wallis-et-Futuna n’a rien d’un archipel. En effet, les deux îles sont distantes de près de 250 kilomètres. Certes, il n’y a rien entre, mais quand même. Les deux îles sont marquées par leurs spécificités.

Ainsi, quand Wallis, la plus grande île, est peuplée par une population d’origine tongienne, suite aux invasions du quinzième siècle, Futuna est pour sa part peuplée par une population majoritairement samoane. Historiquement, il n’y a pas de peuplement sur l’île d’Alofi, ou alors simplement saisonnier, en raison de l’absence de sources d’eau potable hors de la grotte de Loka, qui est un lieu sacré.

Néanmoins, de nombreux pécheurs n’hésitent pas, pour une journée, à traverser les 25 kilomètres séparant Vele d’Alofitai pour aller attraper du poisson. A elles deux, Futuna et Alofi sont divisées en deux royaumes, celui de Sigave au nord, et celui d’Alo au sud et sur l’île d’Alo. A Wallis, c’est le royaume d’Uvea qui est présent. Les chefs coutumiers sont pleinement reconnus par la France, et portent légalement le titre de rois. Les deux îles se rejoignent dans la confection des tapa, un art absolument unique au monde.

Un football plutôt absent

Mais dans les deux îles – on utilise souvent le terme « Futuna » pour désigner à la fois Futuna et Alofi -, le sport n’est pas très européanisé. Jusqu’en 1959, la France n’est pas présente à Futuna, et la majorité de la population ne parle pas un mot de français. Les contacts avec la métropole sont extrêmement rares. En sus de cela, on ne capte dans les années 1960 pas la radio FM/AM sur l’île de Futuna, ou alors par intermittence les stations soviétiques. Bref, autant dire qu’il n’est pas vraiment aisé de parler de football à Futuna à cette époque.

Le sport est plutôt absent du quotidien, puisque dans des sociétés encore traditionnelles – jusque dans les années 1980 -, il n’est pas besoin de faire du sport, l’activité physique étant présente au quotidien. Il n’y a guère que dans certaines cérémonies rituelles folkloriques que l’on retrouve ce que l’on pourrait qualifier de sport. Et, contrairement à d’autre parties du monde, l’église catholique n’a pas œuvré pour le football. En effet, si dans de nombreux pays la religion a poussé le football, ce n’est pas le cas à Wallis-et-Futuna. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous sommes en plein cœur du Pacifique. Et dans le Pacifique, le football ne domine pas vraiment. Au contraire, c’est plutôt son cousin diabolique, le rugby, qui a la part belle. En même temps, quand on est entre les Fidji et les Samoa…

Bon, les résultats ne sont pas vraiment reluisants. Le 1er décembre 1979, Wallis-et-Futuna s’était incliné 8-84 contre les Fidji. D’ailleurs, depuis la fin de l’année 1979, Wallis-et-Futuna ne joue plus au rugby. Néanmoins, quelques joueurs se sont distingués, comme Vincent Pelo, passé par la prestigieuse équipe des Barbarians. Mais le sport phare à Wallis-et-Futuna, c’est l’athlétisme. Lolésio Tuta, finaliste des JO de Munich en 1972, est ainsi né à Wallis.

Mais malgré tout existant

Le football, malgré tout, existe à Wallis-et-Futuna. En 1966, pour les Jeux du Pacifique, une sélection est créée. Wallis-et-Futuna participe à un match le 13 décembre contre Tahiti, et s’incline 5-0. Quelques jours plus tard, la Papouasie-Nouvelle-Guinée vient infliger un sévère 9-1 aux wallisiens et futuniens. Mais cela n’entame pas le moral des dirigeants du football local. Ils font tout pour améliorer le football, et, en 1979, sont récompensés. L’équipe parvient à se hisser en quart-de-finales des Jeux du Pacifique. La performance sera rééditée quatre ans plus tard. Certes, le niveau local n’est alors pas fabuleux, mais, il tient la route. Cependant, après ces quatre années d’éclaircie, le football à Wallis-et-Futuna commence son déclin. En 1987, Wallis-et-Futuna se fait rouster par les Salomon, Vanuatu et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Cependant, la même année, l’équipe inscrit sa plus large victoire avec un 5-0 contre Guam.

Cependant, à partir de cette année, les sélections se font de plus en plus rare. En 1991, Wallis-et-Futuna se fait infliger un 17-0 par les Salomon. Un résultat douloureux qui marque les esprits. Et quatre ans plus tard, Wallis-et-Futuna dispute son ultime match. En effet, le football est retiré des jeux du Pacifique, et dès lors, les occasions de matchs internationaux disparaissent. Mais, en 2015, une bonne nouvelle arrive pour les jeunes footballeurs de Wallis-et-Futuna. Les Jeux du Pacifique sont désormais ouverts aux sélections U23. Malheureusement, faute de jeunes joueurs évoluant à un suffisamment bon niveau, le territoire français renonce à y participer. Si cela ne semble être que partie remise, il faudrait néanmoins un séisme footballistique pour voir un jour un international français venu de Wallis-et-Futuna. On peut toujours espérer. Car c’est un peu ça, la beauté du football.

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