Quatrième épisode de notre série « Premier Match » . Avant de nous envoler vers le championnat italien pour le cinquième épisode, voici un épisode sur un autre brésilien, Rai la légende parisienne.

Qui es-tu, Rai ?

Raimundo Souza Vieira de Oliveira, de son nom complet, ou simplement Rai est né le 15 mai 1965. Contrairement à son frère aîné, le célèbre Sócrates membre du plus beau Brésil de l’histoire, Rai voit le jour à Ribeirão Preto. C’est donc dans cette ville de l’état de São Paulo que Rai commence à tâter du ballon.

D’abord dans la rue, comme tout bon cliché sur le footballeur brésilien, puis comme son grand frère quelques années plus tôt, il prend une licence dans le club local : le Botafogo SP.  II restera au club de 1981 à 1987, avec au passage un prêt d’une saison à Ponte Preta en 1986.

Une carrière qui décolle

C’est donc après un transfert au São Paulo FC en 1987 que Rai connaît le succès. En 1990, après l’arrivé de Telê Santana à la tête de São Paulo , il devient le Maestro de l’équipe. Et les effets ne tardent pas à s’en faire ressentir tellement l’association des deux fonctionne. Tout d’abord, il remporte le championnat brésilien de 1991, après avoir échoué à la deuxième place l’année précédente. Ensuite, il remporte la Copa Libertadores par deux fois en 1992 et 1993, avec à chaque fois un but en finale. En 1992 contre le Newell’s Old Boys et en 1993 contre le club chilien de l’Universidad Catolica.

Mais c’est surtout lors de la Coupe Intercontinentale contre le FC Barcelone en décembre 1992 que Rai se distinguera. En effet le capitaine de la Seleção éblouie le match et inscrit un doublé contre les hommes de Cruijff. Ces performances lui valent d’être convoité par plusieurs clubs européens.

L’arrivée au PSG

Le président du PSG, Michel Denisot, qui cherche un successeur à Valdo demande conseille à ce dernier pour prévoir l’avenir. C’est tout naturellement que le brésilien conseilla Rai à son président en déclarant*:

« Moi, j’ai un frère, un ami à moi : S’il vient ici, il va exploser la baraque. C’est Rai. Prenez-le, et après on verra. Et si c’est lui qui joue, eh bien c’est OK pour moi. »

Ainsi et aussi grâce à l’appui de Ricardo, Denisot se déplace à São Paulo pour négocier le transfert du brésilien.  C’est donc le 30 décembre 1992 que Rai, alors âgé de 27 ans, signe au PSG pour une somme comprise entre 2 et 5M€. Cependant, le milieu offensif ne rejoindra le club qu’en juillet 1993, le temps donc de glaner sa deuxième Copa Libertadores.

Premier match au Parc des Princes.

Absent lors des sept premières journées de division 1, Rai fait ses débuts lors de la 8ème journée. C’est donc le 11 septembre 1993 et contre le HSC Montpellier qu’il foule la première fois la pelouse parisienne. Ce match terne, qui a vu Ginola raté un penalty dès la 6ème minute, il l’éblouira d’un somptueux coup du foulard en première mi-temps.

En effet, Rai se trouve dans le rond central, le ballon arrive sur lui, mais étant sur son mauvais pied pour lancer Ginola** à gauche, le brésilien effectue ce geste. Malheureusement, l’action n’arrivera pas à son terme, mais le ton est donné, Rai fait honneur à sa réputation d’artiste.

En effet, le brésilien est friand de ce genre de geste. Il l’avait déjà effectué neuf mois plutôt lors de la finale de la coupe intercontinentale face à Barcelone.

Alors que le club de la capitale a du mal à trouver la faille, Rai en décide autrement. Nous sommes en début de deuxième période, la 55ème minute plus précisément, Laurent Fournier est lancé à droite.  Le milieu défensif crochète le défenseur et décoche un centre du gauche à l’entrée de la surface. Le ballon se dirige vers Rai, qui est posté au 6 mètres. Ce dernier saute et effectue une tête piquée qui ne laisse aucune chance à Claude Barrabé, portier du soir. Le ballon atterrît dans le petit filet, le milieu offensif ouvre le score et marque le seul but du match.

Le penalty raté de Kombouaré sera donc anecdotique et n’empêche pas Paris d’empocher les 2 points***. A la fin de la saison, le PSG sera champion et Rai gagne ainsi son premier titre en France.

Après ce match

Malgré ce match, l’adaptation du brésilien peine à avoir lieu et des doutes sur lui s’installent. En effet, aux dribbles et aux passes ratés viennent s’accumuler une difficulté d’adaptation au climat, à la langue et au jeu européen. De plus, son manque de physique et de rapidité, font que le meilleur joueur sud-américain de l’année 1993 est critiqué.

Il faut dire que le joueur à une rude concurrence avec Valdo, Weah et Ginola. Un départ en fin de saison est même évoqué pour celui qui commence à être considéré comme un flop. Mais le brésilien s’accroche et se met au travail pour briller la saison suivante.

La jurisprudence Rai

Au PSG, il est coutume de dire qu’il faut attendre un an si un joueur annoncé bon a du mal pour ses débuts. La carte : « Regarde Rai aussi a eu du mal pour sa première saison avant de tout casser » est alors brandie.

Alors qu’il a eu du mal pour sa première saison française, Rai dispute la coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Cette World Cup, il la débute en tant que titulaire et capitaine. Malheureusement, il perd ce statut de capitaine dès les quarts et ne dispute plus le moindre match en tant que titulaire dans la compétition. Seulement neuf minute contre les pays bas en quarts- de finale et 45 minutes lors de la demi-finale contre la Suède. Toutefois, c’est en tant que champion du monde qu’il passe l’été et se met à bosser pour la nouvelle saison.

Et cela fonctionnera merveilleusement bien. En effet c’est un nouveau joueur qui débarque pour la saison 1994-1995, plus rapide et plus tranchant dans ses gestes. Le brésilien participe à la campagne qui a vu le PSG atteindre la demi-finale de la C1 la même année. Cette saison du renouveau, il la termine avec seize buts et un doublé Coupe de France – Coupe de la Ligue.

Départ du PSG

L’année suivante, il la Coupe des Coupes 1996. Il restera deux saisons de plus au PSG, échouant entre autre en finale de la C2 1997 contre le Barcelone de Ronaldo.

Sa dernière saison dans la capitale lors de la saison 97-98 est pleine d’événements. D’abord son triplé lors de la victoire 5-0 au Parc lors du match retour du tour préliminaire de la C1 contre le Steaua Bucarest. Le PSG avait perdu le match aller sur tapis vert 3-0 à cause de la titularisation de Fournier alors qu’il était suspendu. Ensuite, il gagnera un nouveau doublé Coupe de France – Coupe de la Ligue.

Mais le fait le plus marquant de sa dernière saison, ce sera ses adieux au Parc des Princes lors de la défaite 2-1 contre l’AS Monaco. En effet, larmes et communion étaient au rendez-vous pour ce dernier acte dans son jardin. Il quittera le club en fin de contrat après avoir inscrit 72 buts en 215 apparitions. Il est l’un des rares joueurs à avoir un chant à son nom, le célèbre « Capitaine Rai » sur l’air du générique du dessin animé Capitaine Flam.

Fin de carrière

Après son départ, Rai continuera sa carrière à São Paulo puis y mis un terme à la fin de l’année 1999.

Rai, laissera la trace d’une personne cultivée, charismatique et œuvrant pour les autres. En témoigne l’association Gol de Letra qu’il a créée avec son ami Leonardo en 1998. Cette association, reconnue en 2001 par l’UNESCO comme modèle mondial pour l’éducation, contribue au développement culturel et éducatif des enfants et des jeunes

Du côté du joueur, il garde, entre autre, l’aura d’un joueur intelligent, doué techniquement et excellent tireur de penalty. En effet toutes ces qualités qu’elles soient humaines ou sportives lui ont permis d’être élu meilleur joueur du siècle de São Paulo et du PSG.


* Déclaration faite par Valdo lors d’une interview sur le site www.sofoot.com le 26 mars 2015

** Merci à @Histoire_du_PSG pour l’information.

*** Lors de la saison 93-94, une victoire en Division 1 rapportait 2 points

A propos Prince Owski 354 Articles
Comme Ole Gunnar Solskjær en 1999, je suis le joker de luxe de DV. Heureux propriétaire du suffixe -Owski. "Qu’importe : on pourra même me traiter de fou, il n’y a que ces couleurs Parisiennes qui illuminent mon cœur. Et à chaque blessure, il saigne ce cœur-là. Mais il s’enflamme encore." Francis Borelli