Faire le match parfait. Le rêve de tout footballeur. Voir le match parfait. Le rêve de tout amateur de football. Le rêve de tout amateur de sport, même. Voir une prestation inoubliable, que l’on pourra raconter, les yeux encore pleins d’étoiles, à ses petits-enfants. Mais qu’est-ce que le match parfait ?

La définition statistique

Le match parfait, sur le plan statistique, serait celui d’une domination totale, sans partage. Pas besoin d’avoir un score exceptionnel pour faire un match parfait sur le plan des chiffres. Une possession élevée, par contre, semble nécessaire ; ou tout le moins des taux de réussite de passes proche du 100 %. Des frappes pas forcément nombreuses mais précises, bien placées, et toutes dangereuses. Des actions qui donnent un taux de expected goals élevé.

Et puis bien sûr, une harmonie des chiffres de course et de temps de toucher de balle entre les joueurs. Pour réaliser un match parfait sur le plan statistique, il ne suffit pas qu’un joueur vienne d’une autre planète ou marche sur l’eau. En tout cas, cela n’est pas souhaitable sur le plan statistique. Non, au contraire, il vaut bien mieux qu’aucun joueur n’ait de chiffres significativement meilleurs que les autres. A la fin du match, WhoScored ne saurait pas à qui donner la meilleure note, et les onze joueurs se retrouveraient ex-aeco.

D’ailleurs, une équipe-type n’est-elle pas constituée des joueurs ayant des notes si proches de la perfection qu’aucun ne se distingue réellement ? Le match parfait, sur le plan statistique, serait donc le match où tous les joueurs excelleraient collectivement, et où tous les chiffres ne seraient qu’indicateurs d’une performance hors-norme de l’équipe.

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L’amour du football

Mais cette vision, bien que très intéressante sur de nombreux aspects, ne donne que peu de place à ce qu’est vraiment le football. Le football, ce n’est pas que les chiffres. Sinon, le meilleur joueur serait forcément celui ayant donné le plus de buts et le plus de passes décisives tout en cadrant le plus sur un minimum de frappe. Mais non, le football, ce n’est pas ça. Être le meilleur buteur de Ligue 1 ne signifie pas que le joueur est le meilleur de son championnat, ni même de son équipe. Être le gardien avec le plus de clean sheets d’Espagne ne veut pas dire que la performance de ce portier est exceptionnelle chaque week-end.

Non, au contraire. Pour que le match parfait soit réalisé, il faut un minimum de folie. D’actions qui sortent des chiffres. De tentatives héroïques et désespérées. Les chiffres ne traduiront jamais un scénario d’anthologie. Et si le match parfait peut être celui qui démontre une maîtrise collective hors du temps et hors des normes, il n’est pas que cela. Il est aussi, parfois, un match à la dramaturgie intense. De toutes les finales de Ligue des Champions, les plus prégnantes dans les mémoires n’ont pas été les plus prolifiques ou les meilleures statistiquement. C’est celles dont les histoires sont les plus belles. Sans ce penalty de Xabi Alonso en deux temps contre le Milan, le football ne serait peut-être pas ce qu’il est aujourd’hui. Sans le sort jeté sur le Benfica Lisbonne, l’Europe ne sonnerait pas pareil.

Le match parfait, avant d’être le match idéal, est avant tout celui dont on se souvient. Il n’y a pas de définition exacte du match parfait. Il n’y a pas de moyen exact de déterminer quel est le meilleur match de l’histoire du football. Par contre, ce que l’on peut déterminer, c’est les matchs qui restent dans la mémoire des gens. Et là, chacun est seul juge et maître.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)