Peut-on se lasser du football ? Peut-on, un matin, se réveiller et ne plus aimer ce sport ? La question semble farfelue pour tous les amateurs du ballon rond. Mais en réalité, elle est très banale. Comme on peut se lasser de beaucoup de chose, le football peut, un jour, ne plus nous plaire.

Sans émotion

La clef du football réside dans l’émotion. L’émotion procurée par le jeu, celle procurée par les évènements dans les tribunes ou par les joueurs qui composent l’équipe. Même, parfois, l’émotion du terrain, l’odeur de la pelouse mêlée à celle de la transpiration dans le maillot. Mais cette émotion est fugace, elle peut s’évanouir aussi vite qu’elle est arrivée. Un match sans intérêt entre deux équipes que l’on n’apprécie pas suffit à éteindre la petite flamme qui brûle en nous. Des performances en demi-teinte de l’équipe que l’on aime peuvent entraîner un – relatif – désintérêt. Et un contexte personnel (mariage, déménagement, naissance d’enfants…) peut également conduire à ne plus avoir le temps pour le football. Ou plutôt à ne pas trouver ce temps.

Car l’on peut arriver à un stade où l’on ne ressent plus ce besoin de football. Tous les passionnés le savent : avant chaque match, la pression monte petit à petit, jusqu’à arriver au stade ultime, celui du match. Et pendant quatre-vingt-dix minutes, cette pression ne redescendra pas. Puis, très lentement, après la fin de la rencontre, l’émotion descendra lentement dans l’attente de la prochaine partie. Mais si cette émotion n’est plus présente ? S’il n’y a plus d’excitation avant le début d’un match ? Si l’on ne se passionne plus pour la moindre petite activité autour de son équipe, que se passe-t-il ? Eh bien en ce cas, le football ne devient rien de plus qu’un divertissement comme un autre. Comme si, finalement, on regardait un film plus ou moins bien réalisé.

Enfant jouant au football
Enfant jouant au football

Faire renaître la flamme

Une fois la passion éteinte, une fois que le football n’est plus le centre de notre vie, est-il possible de faire renaître la flamme ? En d’autres termes, si l’on peut se lasser du football, peut-on à nouveau y trouver de l’intérêt ? Peut-on se lasser du football pour mieux le retrouver ? Là encore, ce sont bien souvent les étapes de la vie qui jouent un rôle essentiel. La naissance d’un enfant peut éloigner du football pendant quelques années pour mieux s’y retrouver plus tard, mais cette fois-ci, en étant accompagné d’un jeune supporter. Et la flamme peut reprendre, plus forte encore. Car cette fois-ci, la lueur ne nous éclaire plus seul, mais à deux. C’est à deux que l’on apprend à supporter les épreuves, à attendre avec impatience les matchs, à discuter d’un arbitrage douteux et c’est à deux que l’on encourage son équipe.

Ce qui est certain, cependant, c’est que la flamme ne renaîtra pas avec des artifices extérieurs. Ce n’est pas en succombant aux paris sportifs pour faire émerger de l’émotion que l’on deviendra un grand passionné de football. Cela ne serait qu’un pansement sur une jambe de bois. Mais l’émotion peut aussi revenir seule, au gré des pérégrinations de son club de cœur. Parfois, les pires résultats permettent de se replonger à fond dans l’amour de son équipe. Une relégation violente, comme pour le Racing Club de Strasbourg peut permettre à l’amour de refaire surface.

Alors oui, l’on peut perdre son amour pour le football. On peut ne plus aimer ce sport, être dégoûté par le foot-business, ne plus avoir envie d’en entendre parler. Mais il y aura toujours, au fond de nous, ce petit enfant. Ce petit enfant qui s’extasie devant les performances de son équipe et qui, la nuit, rêve.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)