En 2010, PMU devenait partenaire officiel du Petit Poucet de la Coupe de France, l’équipe encore en lice la plus « faible » sur le papier. Depuis 10 ans donc, nombre de petits clubs ont fait la fierté de leur ville en en devenant les héros. Retour sur ces épopées, et intéressons nous à l’évolution desdits Petits Poucets depuis 2010.

2011 : 3 clubs de Ligue 1 au tableau de chasse de Chambéry

Des victimes nommées Monaco, Brest, et Sochaux

Pensionnaire de CFA 2, le SO Chambéry se hisse en 32e de finale, synonyme d’entrée en lice des clubs de L1. Les Savoyards ne sont pas épargnés et tombent sur l’un d’entre eux : l’AS Monaco. Le score est de 1-1 au terme des prolongations avant que les Chambériens ne l’emportent 3-2 à l’issue des tirs au but ! Au tour suivant, le tirage n’est guerre plus clément pour Chambéry. C’est encore une fois à une Ligue 1 que le SOC devra se frotter, et le scénario est identique. Chambéry et Brest ne se départagent ni dans le temps réglementaire, ni au cours de la prolongation. Forts de l’exercice remporté en 32e, les jaunes et noirs triomphent à nouveau, remportant cette nouvelle séance 4-3 ! En huitièmes, c’est Sochaux qui se présente au Stade Municipal de Chambéry, mais les Franc-Comtois, malgré l’ouverture du score, chuteront à leur tour, sur le score de 2 buts à 1 !

La fin d’un rêve

Quelle épopée ! Le club atteint les quarts de finale ! Un tel événement oblige les Chambériens à quitter de leur stade local. La rencontre face à Angers, club de Ligue 2, se tiendra au Stade des Alpes de Grenoble, une arène d’une vingtaine de milliers de places. Loi du plus fort enfin appliquée ou porte-bonheur perdu ? Le SOC quitte la compétition la tête haute après un revers 3-0.

Un tel parcours ne relève pas du hasard. Puisque si on s’intéresse au nom de l’entraîneur du SO Chambéry, il s’agit d’un certain… David Guion, aujourd’hui au Stade de Reims, un club réputé pour donner du fil à retorde aux grosses écuries.

Depuis, Chambéry a connu bien des aventures. La même année, la montée en CFA (N2) est invalidée par la DNCG, avant qu’une liquidation judiciaire en 2015 ne pousse le SO Chambéry a déposer le bilan. Il est renommé « Chambéry Savoie Football » et évolue en National 3, soit l’équivalent de l’ancienne CFA 2, depuis la saison 2017-2018.

2012 : D’incroyables scénarios et une finale pour Quevilly

Une histoire tout près de ne jamais voir le jour

L’US Quevilly (N) a bien failli ne jamais voir ne seraient-ce que les 32e. En effet, en 64e de finale, les Normands sont poussés en prolongations par le SC Feignies (ancienne CFA 2), mais la séance de tirs au but a permis à l’histoire qu’elle tourne dans ce sens. On aurait pu écrire ces mêmes lignes à propos de la rencontre suivante face au TA Rennes (ancienne DH), puisque les joueurs de Seine-Maritime accèdent aux 16e une nouvelle fois à l’issue de la séance de tirs au but, malgré les trois divisions d’écart. Après un prologue somme toute chaotique, les premières pages de la belle histoire s’écrivent donc en 16e, lorsque l’USQ reçoit Angers. Première surprise à leur actif, avec une victoire 1-0. Mais pas la dernière. Le tirage des 8e leur permet de rencontrer un adversaire de même calibre, l’US Orléans, qu’ils dominent 2-0. Le reste appartient aux plus belles pages de la Coupe de France.

Match d’anthologie, Acte I

Dans un quart de finale délocalisé au stade d’Ornano de Caen, Quevilly reçoit l’Olympique de Marseille. Sensation est créée lorsque les Quevillais ouvrent le score dès la 6e minute, mais ils concèdent malheureusement l’égalisation de Loïc Rémy à cinq petites minutes d’un coup de sifflet qui aurait été synonyme de victoire. Finalement, la prolongation départagera l’USQ et l’OM. Et lorsque les jaunes reprennent l’avantage à la 111e, c’est tout d’Ornano qui explose. 9 minutes, c’est le temps qu’il fallait tenir pour arracher un impensable ticket pour les demies… mais sur l’engagement, Rémy, encore lui, égalise ! Une tout autre équipe aurait sans doute eu moral et mental dans les chaussettes. Mais l’US Quevilly, elle, a su résister aux offensives marseillaises avant de prendre une troisième et dernière fois l’avantage suite à une erreur de Gennaro Bracigliano ! Quevilly accède aux demi-finales ! D’Ornano exulte !

Match d’anthologie, Acte II

Une fois encore, Quevilly enflamme d’Ornano au terme d’un match inoubliable en éliminant le Stade Rennais 2-1. L’occasion de démontrer à nouveau le mental d’acier de cette équipe, qui concède pourtant l’ouverture du score dès la 8e minute. Puis la magie parle d’elle-même lorsque Karim Herouat égalise d’une superbe frappe des 20 mètres en lucarne ! 1-1, 55 minutes de jeu ! Rien ne bouge jusqu’à la troisième minute du temps additionnel. La dernière du match. Celle qui va faire chavirer de bonheur tout un stade, tout un peuple ! Celle qui concrétise la réelle magie de la Coupe de France… celle qui voit donc Anthony Laup, lancé en profondeur, gagner son duel face à Benoît Costil, celle qui permet à Quevilly d’atteindre la finale de la Coupe de France ! Magique !

Match d’anthologie, Acte III

Ce magnifique chapitre de l’histoire de Quevilly s’arrête en finale puisque les Normands tombent d’une courte tête face à l’OL sur un but de Lisandro Lopez. Mais comme le disent la plupart des clubs amateurs arrivés à un certain niveau de la compétition : « on s’en fout si on perd, nous, la coupe, on l’a déjà gagnée. » En effet, jouer une finale de Coupe de France dans le même stade qui a vu l’Equipe de France championne du monde, qui plus est garni par une majorité de Quevillais, c’est déjà une très belle victoire ! Depuis, l’US Quevilly a connu le monde professionnel avec une saison en Ligue 2, puis a fusionné avec un club de Rouen et se nomme désormais « QRM », Quevilly-Rouen Métropole. QRM occupe désormais le bas de tableau de National.

2013 : La folie Spinalienne

Le Stade athlétique spinalien évolue en National lorsqu’il reçoit l’Olympique Lyonnais pour le compte des 32e de finale de la Coupe de France. Le début de match est tonitruant : Epinal mène 2-0 après 13 minutes seulement grâce à un doublé de Boubaya ! Piqué au vif, l’OL réagit illico et égalise dans la foulée, avec des réalisations de Gueïda Fofana et Bafétimbi Gomis. Sur penalty, Lisandro donne l’avantage aux Gones mais Valentin Focki égalise dans les derniers instants ! 3-3 au terme des prolongations, 4-2 à l’issue des tirs au but pour le SAS ! Quel scénario !

Au tour suivant, Epinal reçoit le FC Nantes, pensionnaire de Ligue 2. Là encore, la séance de tirs au but est favorable aux Spinaliens ! L’aventure prend fin en 8e après une défaite 2-0 sur la pelouse du RC Lens. Aujourd’hui le SAS végète dans le milieu de tableau du National 2. Et s’ils allaient encore plus loin cette année, après leur retentissant exploit face au LOSC ?

2018 : Le National à l’honneur

Chambly et Les Herbiers réussissent un incroyable parcours qui leur permet de s’affronter aux portes de la finale. C’est donc le club de la Vendée qui aura le privilège de fouler la pelouse du Stade de France pour y défier le Paris Saint-Germain en finale après avoir remporté cette demi-finale, 2-0. Chambly a, entre autres, sorti le RC Strasbourg, tandis que Les Herbiers ont balayé Auxerre 3-0 à l’Abbé Deschamps avant d’éliminer le RC Lens en quarts de finale.

Pour la première fois depuis 6 ans et l’US Quevilly, un club ne détenant pas le statut professionnel rejoint le Stade de France.

Deux ans plus tard, les rôles se sont inversés. Les demi-finalistes malheureux de Chambly ont découvert le monde professionnel en accédant à la Ligue 2. Un an plus tôt, soit la même année que cette inoubliable finale, Les Herbiers étaient rétrogradés à l’échelon inférieur, en National 2.

Bien sûr d’autres parcours sont mémorables… De l’épopée de Moulins en 2014, en passant par celles Concarneau en 2015 et Vitré en 2019, sans oublier Fréjus en 2017 ni Granville en 2016, les parcours ayant marqué cette compétition sont légion. Peut-être à un moindre degré à l’échelle de l’histoire de la Coupe de France, mais sans aucun doute éminemment plus à une échelle locale ! Ces aventures, celles de toute une vie pour les joueurs, rappelle le fort attachement des Français à cette compétition puisqu’à travers leur lien originel avec leur région, ils parviennent à s’identifier dans le petit club qui les représente aux yeux de la France entière.

Et cette année ?

Cette saison ne déroge pas à la règle : plusieurs clubs amateurs ont connu ou connaissent encore le feu des projecteurs. Alors que se disputent cette semaine les huitièmes de finale, quatre équipes ne sont issues ni de Ligue 1 ni de Ligue 2. Qu’en restera-t-il ? Que tirer de cette année ?

L’un des Petits Poucets iconiques de cette édition est le FC Limonest. Celui-ci est malheureusement tombé en huitièmes, au terme d’un scénario terrible et cruel, alors que le club de National 3 avait ouvert le score face à Dijon. Mais les Bourguignons sont revenus dans le match, chaque équipe a frappé la barre transversale, et Dijon a fini par marquer à la 121e minute, alors que les Limonois pensaient arracher une séance de tirs au but qui aurait été méritée.

Mention honorable aussi pour le Pau FC, qui, arrivé jusqu’aux seizièmes avec une victoire héroïque contre Bordeaux, n’a pas pu faire le poids face au Paris Saint-Germain.

L’ASM Belfort (N2) en profite donc pour endosser le rôle de Petit Poucet après sa qualification pour les quarts de finale à l’issue d’une autre séance de tirs au but, cette fois face à Montpellier. Le gardien Eddy Ehlinger s’est une nouvelle fois montré décisif, tandis que son homologue Geronimo Rulli, a vécu une soirée plus compliquée, expulsé à la 90e pour une grossière faute de main en dehors de sa surface. Les Franc-Comtois rejoignent donc les quarts de finale ! Un adversaire favori pour le tirage ? « Surtout pas Dijon ! » s’exclame le capitaine Thomas Régnier sur RMC, qui « veut remplir Bonal et jouer le PSG, l’OM ou l’OL » !

Et bien sûr, comment ne pas (de nouveau) citer Épinal ? Vainqueurs du LOSC, qui avait pourtant ouvert le score, hier soir, ils poursuivent leur route vers les quarts de finale en battant la deuxième équipe professionnelle de leur parcours (Sochaux dès leur entrée en lice).

A propos Clément Barbier 23 Articles
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