Si l’industrie automobile a fait de Wolfsburg la ville la plus riche d’Allemagne, le VfL, en a énormément profité. Retour sur un club dont l’histoire est intimement liée à au développement local.

Louveteaux devenus loups

Basse saxe, 1938 : Adolf Hitler décide de booster l’industrie du Reich. Il choisit le site de Fallersleben et son château pour monter de toute pièce une gigantesque usine automobile. Son projet est de pouvoir produire en série des voitures peu coûteuses et accessibles à toutes les bourses : des Volkswagen [1]. Après la Guerre et ses nombreux bombardements, l’occupant anglais entreprend la reconstruction de l’usine. Souhaitant rompre avec l’héritage national-socialiste de celle-ci, ils choisissent pour la ville le nom du château : Wolfsburg.

Après de multiples péripéties dont une nationalisation, la Volkswagen se pérennise. Wolfsburg devient alors le véritable fer de lance de l’automobile allemande où s’installe un large foyer de population ouvrière. Dans cette ville nouvelle où tout est à (re)faire, la pratique du sport s’organise doucement autour de structures professionnelles. C’est là certainement la raison historique pour laquelle le VfL est un club omnisports.

Au jour de sa création, le 12 septembre 1945, le club de foot ne part d’absolument rien si ce n’est une dizaine de chandails verts à disposition. Les épouses des membres de l’équipe doivent même confectionner des shorts blancs à partir de draps de lit pour compléter la tenue. Si le vert et le blanc sont aujourd’hui encore les couleurs officielles de la ville et du club, c’est aux femmes des joueurs que l’histoire le doit.

 

Louveteaux devenus loups

Les premières équipes sont naturellement composées d’ouvriers. Ceux-là vont ouvrir la voie du développement économique et sportif du club et de la ville. En 1963, lorsque la Bundesliga et son professionnalisme voient le jour, Wolfsburg est encore dans une lente progression et évolue dans les divisions amateurs régionales. Il faudra attendre les années 1970 pour que le club accède au niveau professionnel. Puis encore une vingtaine d’années pour réussir à intégrer l’élite.

Lors de la saison 1992-1993, Die Wölfe sont promus en 2. Bundesliga. Un vent de modernité va alors souffler sur le club, amorçant une évolution sportive et économique d’envergure. Se maintenant facilement, ils iront même jusqu’à disputer une finale de Coupe d’Allemagne en 1995. Ils seront malheureusement défaits 0-3 par le Borussia Mönchengladbach de Stefan Effenberg. Surtout, sous la houlette de Willi Reimann, ils réussiront pour la première fois de leur histoire à atteindre la première division suite à une victoire d’anthologie (5-4) lors de la 34ème et dernière journée du championnat contre leur concurrent direct à la montée, le 1. FSV Mayence 05 d’un certain Jürgen Klopp.

Le ciel pour limite

Cette promotion donne de l’appétit à Volkswagen qui va beaucoup plus investir dans le club. Outre la construction de la Volkswagen Arena, livrée en 2002, c’est la nomination de Felix Magath à la tête du club qui va annoncer la couleur. Après que le technicien allemand ait quitté le Bayern Munich en 2007, le board de Wolfsburg accepte de lui confier les pleins pouvoirs. Les loups ont faim et les dents longues. Il est temps de passer à un autre niveau.

Dès la première saison de Magath, Wolfsburg atteint son meilleur classement, finissant 5ème. Mais c’est l’année suivante que le VfL va réussir l’impensable en conquérant le titre pour la première fois de son histoire au nez et à la barbe du Bayern. Et s’ouvrir ainsi les portes de la Ligue des Champions.

 

Cette saison 2008-2009 est une saison record. Wolfsburg place pour la première fois de l’histoire de la Bundesliga deux attaquants à plus de 20 buts en tête du classement des meilleurs buteurs. L’ancien manceau Grafite (28 buts) et le bosnien Džeko (26 buts) n’ont pas chômé. Ces derniers sont bien aidés par l’autre bosnien de l’équipe Zvjezdan Misimović et les vingt passes décisives. Un record également battu depuis par Kevin De Bruyne en 2014-2015 (21) lors de son passage à… Wolfsburg.

Depuis ce titre, les loups ont eu des résultats en dents de scie en se classant de la 2ème à la 16ème place du championnat. Ils n’ont toutefois pas manqué les occasions de rendre fiers leurs supporters. D’abord en remportant une Coupe et une Supercoupe d’Allemagne en 2015. Ensuite par une campagne européenne 2015-2016 en Ligue des Champions au cours. Les talentueux allemands durent s’incliner face à l’irrésistible Real, et un triplé de CR7 en ¼ de finale retour. La tête haute, ils sortent après avoir battu la Casa Blanca à l’aller (2-0).

Une politique sportive à recalibrer

Les trois dernières saisons ont été plus poussives, notamment du fait de la consanguinité existante entre le VfL et Volkswagen, le constructeur ayant été frappé par le scandale du « Diesel Gate » qui lui aura coûté plusieurs milliards d’euros. Les finances du club ont donc été directement impactées. Les investissements, qui avaient pu faire venir un André Schürrle pour plus de 30 millions d’euros, ont dû cesser.

Depuis leur accession à l’élite il y a 21 saisons, les loups se sont véritablement imposés dans le paysage du football allemand. Ils doivent certes traverser cette phase de reconstruction avec d’autres moyens; mais l’équipe du capitaine Josuha Guilavogui, toujours en course pour l’Europe, saura à coup sûr faire de nouveau aboyer de plaisir ses fans.

Comme pour les couleurs du club, il faut suivre l’exemple de la section féminine, équipe dominante en Allemagne et en Europe, pour que résonne à nouveau le chant du loup. En attendant, le board du club a déjà décidé de ne pas reconduire l’actuel coach Bruno Labbadia qui était en fin de contrat. C’est Oliver Glasner, entraineur autrichien de Linz qui jouit d’une belle cote dans son pays qui a été nommé.


[1] « La voiture du peuple » en français

A propos Yannick 9 Articles
De toute façon, le GOAT, c'est soit Muhammad Ali, soit Bouna Sarr