Rarement cité parmi les meilleurs, Mandžukić est un personnage du football assez atypique. Ni assez lisse, ni assez technique pour être bankable, l’attaquant est souvent réduit à un simple soldat. Pourtant l’air de rien, le géant croate est en train de faire une grande carrière.

Caractère de cochon, carrière de champion

Mario Mandžukić est le genre de joueur que l’on préfère avoir dans son équipe. Le croate n’est pas qu’un simple soldat qui fait son devoir par nécessité pour la juste cause de la victoire. Non, le grand Mario est un guerrier prêt à tout pour vaincre aussi bien ses adversaires que la concurrence. En témoigne sa capacité tout simplement bluffante à se réinventer pour se mettre au service de son équipe. A deux moments charnières de sa carrière, il a su se muer avec brio en ailier gauche. D’abord quand Džeko lui passait devant en pointe à Wolfsburg, puis quand « Pipita » Higuain s’est installé à l’attaque de la Juve.

Ses détracteurs diront aussi, et c’est plutôt vrai, qu’au cours de sa carrière il a été poussé à changer de club par l’arrivée de joueurs plus talentueux (Lewandowski, Griezmann, Džeko, et CR7 lors du dernier mercato estival… rien que ça !) Mais Mandzu, c’est le genre de gars qui passe par la fenêtre quand on l’a chassé par la porte. Et la fenêtre, il la défonce à grands coups de crampons. C’est pourquoi Il n’a pas hésité à rejoindre le championnat Espagnol -certes à l’Atlético- a priori pas taillé pour lui avec une réussite certaine. Puis rebelote en Italie depuis 2015. Nombreux étaient les sceptiques sur la capacité du croate à s’imposer. Il s’est pourtant rendu indispensable à la Juve comme partout avant et les tiffosi l’idolâtrent.

Cette force de caractère, son envie de ne jamais rien lâcher est un apport inestimable pour une équipe et ses coach savent pourquoi : cette volonté est communicative, contagieuse même. Les duels qu’il joue, les regards assassins qu’il lance, au-delà de lui donner un avantage sur son adversaire direct ont pour intérêt de galvaniser ses coéquipiers et tout un stade : avec lui, on va à la guerre. Et peu importe si tout le monde pense que ses carences techniques lui interdiront le gotha des plus grands. Lui est toujours au bon endroit au bon moment.

Un attaquant à réhabiliter

Bon, mais concrètement, la carrière de Mandžukić, rétrospectivement, qu’est-ce que ça donnera ? D’abord, un palmarès dont beaucoup rêveraient : peu de joueurs ont soulevé autant de trophées que lui. Trois doublés Coupe-Championnat au Dinamo Zagreb, deux au Bayern, puis trois autres à la Juve. Une Champions League en 2013, une deuxième place en Coupe du Monde. Et toujours dans la peau d’un titulaire. En cette saison 2018-2019, Allegri en fait un indiscutable de son onze type aux côtés de Ronaldo et laisse sans hésiter Bernadeschi, Cuadrado et Douglas Costa sur le banc.

Mandžukić est un joueur que l’on déclasse trop souvent à cause de son jeu peu conventionnel pour un attaquant. Il n’a pourtant pas besoin d’être la énième copie d’Eto’o, de Ronaldo ou de Henry pour figurer parmi les grands. Le style, il s’en fiche éperdument. Ça ne lui a pas empêché de jouer dans des grands matches, d’y exceller et d’y être décisif. On se rappelle tous son but d’anthologie en finale de Champions 2017 contre le Real puis son doublé contre ces mêmes meringues l’année d’après. N’oublions pas non plus ses buts en finale de C1 2013, en demi-finale puis en finale de coupe du monde 2018.

Dans le foot d’aujourd’hui pourtant, il paraît difficile de lui faire une place dans le gratin. Dans une époque de plus en plus portée sur les statistiques, comment valoriser un joueur pareil ? Par exemple, si l’on parle de guerrier, on pensera assez facilement à Pepe, Godin ou Chiellini. Si on lui parle de grand buteur croate, c’est d’abord l’élégant et très racé Davor Šuker auquel on pense. Mandzu est pourtant, avec Modrić et Rakitić, le plus beau palmarès croate et le deuxième meilleur buteur de l’histoire de ce magnifique pays de foot. Enfin, si l’on parle d’un joueur dont le surnom est « Super Mario » on songe en premier à l’aussi talentueux qu’inconstant Balotelli. Injuste n’est-ce pas ?

Il faut donc absolument réhabiliter ce joueur dont la trace dans le football mondial est historiquement indéniable. Même si lui semble s’en foutre.

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De toute façon, le GOAT, c'est soit Muhammad Ali, soit Bouna Sarr