Si des millions de personnes, tous les jours, jouent ou regardent des matchs de football, c’est bien qu’ils y trouvent un certain plaisir.

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Mais comment trouver le plaisir dans certains matchs ? Comment parvenir, lorsque l’on est supporter, à prendre du plaisir devant les matchs de son équipe quand elle joue mal ? Certes, la violence et le sacrifice sont indissociables du football en tant que tel. Mais ce n’est pas pour cela que l’on va, ou non, prendre du plaisir devant un match de football. La recherche du résultat est une source assez sûre de plaisir, et c’est vrai qu’il est plus facile de prendre du plaisir quand son équipe s’impose au final. Mais il n’y a pas que ça. On entend souvent les supporters se plaindre du manque de qualité de jeu de leur équipe malgré des résultats de qualité. Le résultat ne suffit pas à rendre un match plaisant à regarder.

La manière, pour autant, n’est pas suffisante non plus. Gagner avec la manière est certes très plaisant, mais cela n’est pas là que se trouve le point de rupture. C’est perdre avec la manière qui donne mal au crâne. Car une défaite avec la manière n’est-elle pas encore plus douloureuse qu’une défaite en ayant joué mal ? N’est-il pas plus facile de se faire à l’idée d’un mauvais résultat quand le match a été mauvais ? Oui, mais ou est donc le plaisir du spectateur devant le match ? Il faut sans doute opérer ici une dichotomie. D’un côté, le plaisir ou la peine ressentie devant le match. Et, d’un autre côté, le plaisir ou la peine après le match. Mais cette notion pose la question d’attachement à son équipe. Un supporter ultra sera très touché après, tandis qu’un spectateur lambda s’intéressera avant tout au match en tant que tel.

Attachement et plaisir

L’attachement et le plaisir ont forcément une corrélation. On prend plus de plaisir devant un bon match de son équipe que devant un bon match d’une équipe que l’on ne supporte pas. Mais l’effet inverse est-il vrai ? Le supporter prend-il moins de plaisir devant un mauvais match de son équipe que d’une équipe lambda ? Ou au contraire, sa peine est-elle atténuée par le fait que le match joué soit celui de son équipe. Et que, subséquemment, l’attachement qu’il a pour les joueurs de son effectif vient rendre la peine moins douloureuse. Le simple fait que son équipe dispute un match de football lui apporte une dose de plaisir. Un peu comme un drogué qui prend sa dose, le fan de football est déjà soulagé par la simple idée que son équipe favorite vienne se produire devant ses yeux. Et il est donc moins esclave de la notion de plaisir.

Et puis il y a aussi cet attachement que l’on a pour son propre football. Celui que l’on pratique le dimanche matin sur des terrains loués par créneau horaire. Ce football que l’on pratique avec ses amis, dans un club, avec ses coéquipiers. Oui, ce football du quotidien, où les contrôles ratés sont plus nombreux que les buts. Ce football est laid. Et pourtant, il procure aux acteurs un plaisir hors norme. Un plaisir qui peut les pousser à sortir sous une pluie torrentielle, en shorts et en t-shirts, patauger dans un bourbier. Le football a ceci de paradoxal qu’il n’a pas besoin d’être beau pour procurer du plaisir. Il suffit qu’il y ait un attachement à sa pratique où à sa contemplation pour qu’il soit intéressant. De là à dire qu’un mauvais match de football vaut mieux que n’importe quel autre moment de la vie, il n’y a qu’un pas.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)