Troisième opus de notre série des joueuses emblématiques de l’OL, aujourd’hui retirées des terrains. Dans ce numéro, nous allons sortir un peu de France et nous rendre en Suède, sur les traces de la première Scandinave à avoir rejoint l’OL : Lotta Schelin. 

Une carrière qui aurait pu être tout autre

Née en 1984, la petite Charlotta, fille de prof de sport, est très tôt attirée par le foot, notamment par l’exemple de sa sœur aînée. Elle trépignera jusqu’à ses 6 ans avant de chausser ses crampons pour le club local. Très vite, cette sportive en herbe fait montre d’un réel talent, en foot bien entendu, mais aussi en tennis de table, en snowboard et en athlétisme.

Las, une poussée de croissance fulgurante à l’adolescence lui fragilise la colonne vertébrale, à tel point que plusieurs médecins lui recommandent de cesser le foot. Heureusement pour nous, à force d’entraînement et de rééducation, elle surmonte ce problème définitivement avant sa majorité.

Ses débuts en Suède

En 2001, à 17 ans, elle fait ses débuts en  1ère division suédoise, avec l’équipe du Göteborg FC. Après une 1ère saison prometteuse, la jeune joueuse connaît en août 2002 sa 1ère grosse blessure qui la tiendra éloignée des terrains pour plus d’une saison. Elle revient pour l’exercice 2004 et réussit la prouesse d’inscrire 14 réalisations en 15 matchs joués, ce qui lui vaudra le titre de « Révélation de l’année ». Si le championnat suivant est moins réussi, avec 10 buts en 22 matchs, Lotta Schelin finit la saison 2006 en tête du classement des buteuses avec 21 réalisations en autant de matchs. On lui décerne alors les distinctions d’attaquante de l’année et joueuse suédoise de l’année, le 1er de ses 5 Diamantbollen.

Officiellement remise sur pieds en 2007 avec un 1er championnat prévu pour 2009, la ligue professionnelle américaine, la Women’s Professional Soccer, tente de séduire les meilleures footballeuses mondiales et Lotta Schelin se déclare intéressée. Après les JO de Pékin, elle signe néanmoins un contrat avec l’Olympique Lyonnais qui vient de remporter son deuxième titre de champion de France. 

« Chaque année je recevais des propositions de clubs suédois. Mais je voulais partir aux États-Unis. En 2008, personne ne partait dans les autres championnats européens. À l’époque, on pensait que la Suède avait le meilleur championnat. Donc pour moi, c’était soit les États-Unis, soit rester en Suède. Et puis Farid Benstiti m’a appelée. Je ne savais rien de la France ! Heureusement que Lyon avait joué contre Umeå quelques mois avant en Ligue des champions. Et encore, je n’avais même pas vu le match… Mais j’avais entendu parler de cette équipe si forte. »

Ce transfert crée une polémique en Suède en raison du salaire de Schelin qui gagnera en France plus d’1 million de couronnes suédoises (un peu moins de 150 000 euros) par an. Elle est alors accusée de privilégier l’aspect financier au sportif.

Lotta Schelin ne pouvait alors deviner qu’elle venait de se lancer dans une aventure qui allait durer huit ans et la voir gagner tous les trophées possibles avec son nouveau club.

Les années OL

L’arrivée à Lyon est pourtant difficile : une blessure avait interrompu prématurément sa saison précédente et Schelin revient malade des JO de Pékin. La concurrence en attaque est également forte avec Sandrine Brétigny, qui vient de finir trois fois d’affilée meilleure buteuse du Championnat, la Brésilienne Katia da Silva (qui va lui succéder pour les deux saisons suivantes) et la jeune Elodie Thomis arrivée l’année précédente.

La saison suivante est également contrastée : Lyon remporte une nouvelle fois le championnat et accède à sa 1ère finale de Ligue des Champions mais la saison de Schelin est marquée par les pépins physiques. Sur le plan individuel, sa saison est logiquement moins prolifique que la précédente avec 11 buts en championnat et 5 en coupe d’Europe.

L’exercice 2010-2011 voit l’OL, désormais entraîné par Patrice Lair, toucher enfin au Graal européen en prenant sa revanche sur les allemandes de Potsdam, battues 2-0 en finale. Lotta Schelin participe pleinement à cette campagne avec 9 buts et notamment un doublé décisif lors de la demi-finale aller contre Arsenal. Cette épopée européenne et la victoire finale reste l’un de ses meilleurs souvenirs :

« 2011, c’était tellement merveilleux ! On était comme une machine, tout marchait bien. On s’entendait bien sur le terrain et en dehors. On voulait trop gagner. Et quand on l’a fait… C’est le plus beau souvenir de ma carrière. » 

La saison suivante est de nouveau très prolifique puisque Lyon conserve son titre européen, en battant les allemandes de Francfort sur le score de 2 à 0. Schelin est de nouveau une pièce maîtresse de ce succès avec notamment 6 passes décisives, ce qui fait d’elle la meilleure passeuse de la compétition cette année-là. En France, elle remporte son 1er doublé coupe-championnat et inscrit 33 buts sur l’ensemble des deux compétitions.

La saison suivante est celle de la consécration pour l’attaquante suédoise, malgré la défaite contre Wolfsburg en finale de la Champions League. Elle remporte un nouveau doublé coupe-Championnat et finit cette fois meilleure buteuse de D1 avec 24 réalisations en 16 matchs. Sa saison lui vaut le trophée UNFP de meilleure joueuse de l’année (une 1ère pour une joueuse étrangère) et d’être Soulier d’Or européenne. 

Lors de la saison 2013-14 ses relations, ainsi que celles d’une partie de l’équipe, avec l’entraîneur Patrice Lair se dégradent. Ce qui se ressent dans ses performances. Au point de lui faire songer à quitter le club.

La saison 2014-15, marquée par une sortie prématurée en coupe d’Europe contre le rival naissant du PSG, voit les performances de Lotta Schelin rebondir sous les ordres de son nouveau coach, Gérard Prêcheur. Au cours de la saison, elle rejoint Sandrine Brétigny comme meilleure buteuse de l’Histoire du club. Elle termine l’exercice avec un total de 34 buts en 21 matchs, ce qui lui permet d’être sacrée pour la seconde fois meilleure buteuse de D1.

Pour ce qui sera sa dernière saison au club, Lotta Schelin, confrontée à la concurrence toujours plus rude d’Eugénie le Sommer et d’Ada Hegerberg, voit son temps de jeu se réduire. Elle finira sa saison en finale de Champions League contre Wolfsburg. Finale remportée aux tirs au buts, dont celui de Schelin.

Elle quitte alors l’OL avec l’incroyable ratio parfait de 1 but par match en moyenne (225 buts en 225 matchs). 8 saisons, 8 titres de championnes de France, 8 autres titres (LDC et Coupe de France), et le 8 sur le dos.

Après l’OL

De retour en Suède, afin de finir sa carrière en apothéose dans son pays, Schelin sera malheureusement rattrapée par les blessures. A tel point qu’elle ne jouera que 32 matchs en 3 saisons, et doit définitivement stopper le foot à 34 ans, en 2018.

Comme beaucoup d’anciens sportifs, Lotta Schelin n’est pas restée longtemps à l’écart des terrains après l’arrêt de sa carrière. Déjà consultante pour une chaîne suédoise lors de la Coupe du Monde masculine 2014, Schelin reprend ce rôle d’experte, notamment pour la Coupe du monde 2019 en France. Durant le tournoi, elle intervient pour la chaîne suédoise SVT, mais rédige également des chroniques pour le site du journal Le Monde.

Notre prochain article nous emmènera un peu plus loin dans le passé, en compagnie de Sonia Bompator.

Auteur : @kurios30 / MOI