Scandales passés sous silence, abus graves vis-à-vis des droits de l’Homme, argent balancé pour les petits plaisirs des puissants… Crimes commis au nom du football, extorsions sous l’égide du ballon rond… En 2020, le football ne semble plus être le jeu magnifique qu’il était autrefois. Pire, il exprime des relents qui donnent envie de vomir sur la pelouse verte immaculée. Peut-on encore aimer le football ?
Beautiful game, awful things
Faisons un bond d’un siècle et demi en arrière. En ce temps béni où les règles du football ne sont pas encore fixées. En ce temps qui nous semble si ancien, mais qui est finalement si proche de nous au regard de la grande histoire. Nous sommes aux alentours des années 1870, le football est petit à petit en train de naître. Seuls quelques gentlemans y jouent régulièrement, au pire les gens du Yorkshire aussi (*). Bien sûr, il y a déjà sur le bord du terrain quelques badauds qui regardent les parties. Et bien sûr, on discute au restaurant ou au pub des rencontres que l’on a disputé la veille. Mais bien malin celui qui parie sur le succès mondial du sport en à peine cinquante années.
Revenons, contraints et forcés par la dure loi du temps qui passe, en 2020. Le football est absolument partout, impossible d’y échapper. Sur tous les écrans, tous les papiers, sur tous les murs des villes, sur les panneaux d’affichage. Un véritable business s’est construit autour du ballon rond. Et ce au mépris de toute éthique. En vrac, les paris sportifs, dont on se moque bien des dommages dans la société, le trafic d’influence, au nez et à la barbe de tous ceux qui souhaitent un minimum de transparence. Et des caisses noires, et des trafics de mineur. S’il en manque, on peut toujours ajouter de la prostitution, du détournement de fonds publics, des trafics de stupéfiants, des matchs truqués, des viols… Partout où le crime peut se faufiler, le football est présent.
How to be in love ?
Nous sommes en droit de nous poser cette question fondamentale : comment peut-on aimer le football ? Comment peut-on continuer de l’aimer au quotidien quand on voit tous les ravages qu’il provoque dans la société ? Et qui, qui, peut se targuer d’aimer le football quand il couvre, au quotidien, des exactions, des ravages pour la jeunesse ? Le plus triste est sans doute que de nombreuses personnes, aussi bien à l’étranger qu’en France, sont des démons à face d’ange. Les viols sur des mineurs et des mineures sont étouffés, les affaires enfouies au plus profond des placards à archive, et ce par ceux qui sont justement censés faire respecter l’esprit du sport.
Mais l’esprit du sport, ils s’en foutent bien souvent. Peut-on encore aimer le football, si l’on pose la question aux fédérations – au hasard – françaises, haïtiennes ou congolaises, la réponse est non. Mais malheureusement, là-bas comme partout dans le monde, ce ne sont pas des actes isolés. Car à partir du moment où ce sport est capable de draguer une telle quantité de personnes, une telle masse d’argent, d’être au centre de tant d’enjeux, nombreux sont ceux qui sont prêts à vendre père et mère. Le sport-roi est avant tout roi de l’argent. Seul le supporter est encore pur dans ce monde où chacun joue un rôle dégueulasse. Il est une des trop nombreuses victimes du ballon rond, et surtout, de ce qui gravite autour.
(*) En 1831 paraît en Angleterre le livre Reminiscences of Eton, où l’auteur, un ancien élève de la prestigieuse institution, écrit : » le football ne peut pas être considéré un sport de gentleman ; après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue aussi… ».