Furtif (adj.) : caractère de ce qui passe rapidement, presque inaperçu.
Exemple : l’aventure de Hamdan Al-Kamali à l’Olympique Lyonnais.

Tout commence le 28 janvier 2012 quand Jean-Michel Aulas présentait sa dernière recrue : un jeune de 22 ans, totalement inconnu en Europe, qui arrive en prêt pour 6 mois en provenance du club émirati d’Al-Wahda, avec une option d’achat. « Il viendra continuer sa formation et sa progression chez nous », se félicitait le président de l’OL. Et plutôt que de laisser libre cours à l’imagination des uns et des autres, le patron lyonnais a préféré jouer la carte de l’honnêteté sur les raisons de ce recrutement, qui « pourrait, à lui seul, ouvrir la porte de l’Olympique lyonnais aux Emirats ».

Au final, il était clair que l’apport sportif immédiat du joueur n’était pas la principale motivation qui a poussé les recruteurs lyonnais à signer le jeune défenseur international. Et les statistiques confirment ce constat, le défenseur international Emirati (41 sélections, 5 buts) n’ayant disputé que huit rencontres avec la réserve lyonnaise, y inscrivant un seul but.

Interrogé par un compte communautaire de supporters lyonnais dans le monde arabe (@lyon_arab), Al-Kamali parle de son aventure lyonnaise avec beaucoup d’admiration, de fierté, et quelques regrets. Un entretien sans rancune, que nous vous traduisons en exclusivité.

Toi qui as connu la Ligue 1, que peux-tu dire du niveau et des particularités de ce championnat ?

Al-Kamali : « La Ligue 1 est le 5e plus grand championnat mondial, après les championnats anglais, espagnol, italien et allemand. On y retrouve des grandes équipes comme le Paris Saint-Germain, qui a les moyens pour remporter la Ligue des Champions. C’est un championnat connu pour son rythme élevé, et la prédominance des aspects physique et technique. »

Que penses-tu des formateurs français, et serait-il intéressant d’en recruter des cadres pour le football émirati ?

Al-Kamali : « La formation française est la meilleure école de football où j’ai eu la chance de m’entraîner. J’ai d’abord connu l’académie française au centre de formation d’Al-Wahda (Abu Dhabi, Emirats Arabes Unis, ndlr), à qui je dois beaucoup dans ma promotion en équipe première. Ensuite, j’ai évolué sous les ordres des entraîneurs français Richard Tardy et Jean-François Godard (à Al-Wahda en 2006, ndlr), puis Rémi Garde, l’ancien coach de l’Olympique Lyonnais (en 2012, ndlr). »

Est-ce que tu regardes toujours les matchs de l’Olympique Lyonnais ?

Al-Kamali : « Oui, je regarde toujours les matchs de l’OL. En plus d’avoir le meilleur centre de formation d’Europe, Lyon est un grand club qui a l’expérience des compétitions européennes. C’est une équipe jeune et ambitieuse, et le fait qu’elle ne dispute plus le titre de Ligue 1 m’attriste. Mais malgré la différence des moyens, on voit quand même l’OL tenir tête aux meilleures équipes européennes, comme la Juventus. »

As-tu gardé contact avec certains joueurs ou membres du staff ?

Al-Kamali : « J’ai gardé des liens avec certains de mes anciens coéquipiers, comme Bafétimbi Gomis (Al-Hilal, Arabie Saoudite), Rachid Ghezzal (Fiorentina), Yassine Benzia (Dijon), Dejan Lovren (Liverpool) et Samuel Umtiti (Barcelone). Je suis content de ce qu’ils ont accompli, de voir des joueurs avec qui j’ai évolué jouer dans les meilleurs clubs européens. »

Quelles étaient les principales difficultés que tu as rencontrées à l’Olympique Lyonnais ?

Al-Kamali : « Premièrement, j’ai trouvé la langue particulièrement difficile. Deuxièmement, comme je suis arrivé en plein hiver, j’ai eu du mal à m’adapter au climat froid. Mais petit à petit, j’ai réussi à m’y habituer, et le coach (Rémi Garde, ndlr) tenait à ce que je reste avec le groupe professionnel, qui regorgeait de grands joueurs à l’époque. »

Qui, parmi tes anciens coéquipiers en réserve, a réussi à percer au niveau professionnel ?

Al-Kamali : « Beaucoup d’entre eux ont été promus, j’en cite Corentin Tolisso (Bayern Munich), Anthony Martial (Manchester United), Anthony Lopes, Nabil Fekir (Real Betis), Rachid Ghezzal, Yassine Benzia et Naby Sarr (Charlton, D2 Anglaise). »

Une anecdote à raconter de ton époque lyonnaise ?

Al-Kamali : « C’était le jour de la finale de la Coupe de la Ligue contre l’Olympique de Marseille. Nous étions à Paris pour assister au match, que nous avons perdu au final (0-1, ndlr), et je me suis dit que je pouvais rester à Paris. Et là, je reçois un message du club qui me demande d’être présent dès le lendemain à l’entraînement. Il n’y avait plus de transports pour rentrer rapidement à Lyon, j’ai donc été obligé de prendre un taxi. Et après sept heures de route, je suis finalement arrivé à temps pour l’entraînement. »

Un dernier mot pour les supporters lyonnais (dans le monde arabe en particulier) ?

Al-Kamali : « L’OL a une grande base de supporters dans le monde arabe et en Europe. Je les remercie de m’avoir soutenu pendant mon aventure européenne que j’aurais souhaité prolonger. Je tiens également à remercier le président Jean-Michel Aulas, son conseiller Bernard Lacombe et mon ancien coach Rémi Garde, de m’avoir donné l’opportunité de jouer dans un grand club comme l’OL. Je leur souhaite bonne chance en Ligue des Champions. »

 

Traduction exclusive à Demivolée.com.
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Un quart de siècle sur Terre. Pharmacien, étudiant, et plein d'autres trucs. Fondateur de Demivolée.com, le 14 décembre 2016.