L’effectif du Bayern München au début des années 2000 est empreint d’un certain charme. Avec quelques joueurs iconiques dans l’effectif, le Bayern remporte tout sur son passage : Championnat, Ligue des Champions, Coupe Intercontinentale, Coupe d’Allemagne… Et dans l’effectif bavarois, un joueur Ghanéen : Samuel Kuffour.
De Kumasi à Munich
Avant d’être footballeur professionnel, Samuel Kuffour est un petit garçon turbulent, qui voit le jour au début du mois de septembre 1976 à Kumasi. Kumasi, ou Coumassie en français, compte environ 350 000 habitants lorsque Kuffour y naît. Aujourd’hui, plus de deux millions de personnes s’y massent quotidiennement. Dans cette ville du centre-sud du pays, capitale historique de l’empire Ashanti, il y a un club de football qui est respecté par tous : le King Faisal Babes FC. Le KFB est un habitué de la première division, et depuis son plus jeune âge, Kuffour rêve d’y évoluer un jour. Mais le chemin prendra un peu de temps. Il faut d’abord qu’il s’inscrive au Fantomas de Kumasi quand il a sept ans, et qu’il attende ses quatorze ans avant de rejoindre le KFB.
Il ne va pas rester longtemps un baby du roi Fayçal. Car le talent de Kuffour est éclatant, et le Torino, qui flaire le bon coup, lui propose un contrat dans son équipe de jeunes dès qu’il atteint l’âge de seize ans. Samuel Kuffour s’envole vers l’Italie, et, en même temps que l’avion qui l’éloigne de la terre d’Afrique, sa carrière va décoller. Car le Torino deviendra très vite trop petit pour son talent grandissant. C’est le Bayern München qui va flairer le bon coup, et acheter le jeune central ghanéen, qui ne mettra pas longtemps à grappiller ses premières minutes avec le Rekordmeister. Nous sommes à l’été 1993, et Samuel Kuffour franchit une étape qui va bouleverser profondément l’intégralité de sa carrière tout juste naissante.
Le chemin de la gloire
Les deux premières saisons de Samuel Kuffour au Bayern ne font cependant pas tout à fait l’unanimité. Bien sûr, il devient avec le Bayern au mois de novembre 1995 le plus jeune défenseur buteur en Ligue des Champions contre le Spartak Moscou. Mais le jeune défenseur central, au gabarit atypique – il mesure à peine plus d’un mètre soixante-quinze – a besoin de plus de temps de jeu pour faire évoluer son style. C’est donc dans le cadre d’un prêt d’une saison au FC Nürnberg que Samuel Kuffour va connaître ses première séries de titularisation en 2. Bundesliga, mais surtout va vivre au plus près d’un groupe professionnel au quotidien. Ce prêt est une réussite pour Samuel Kuffour, même s’il ne dispute qu’une quinzaine de matchs sous le maillot de Nuremberg. Il prend petit à petit confiance dans son talent. Le néo-international ghanéen revient donc au Bayern pour tout broyer.
Effectivement, Kuffour se fait une place de titulaire au sein du onze bavarois. Il remporte le championnat dès sa première saison de retour. Il est titulaire lors de la fameuse finale de la Ligue des Champions 1998-1999 contre Manchester United.
Ce ne sera que partie remise pour un palmarès qui s’étoffe ultérieurement de cinq nouveaux titres de champion, de deux coupes et, surtout, de deux trophées internationaux. Le premier, cela sera donc la Ligue des Champions 2001. Le deuxième représente une valeur sentimentale forte pour Kuffour. Il est un des grands artisans du titre. En finale de la Coupe Intercontinentale, il vient, d’un but rageur, offrir la victoire aux Munichois un but à zéro contre Boca Juniors. Dans le même temps, il en profite pour prendre le brassard de capitaine du Ghana, à seulement vingt-trois ans. En onze saisons au Bayern, et douze en Allemagne, Kuffour devient une figure du championnat.
Retour vers le passé
Mais l’heure du départ sonne à l’été 2005. Samuel Kuffour quitte la Bavière, direction l’Italie. Cela ne sera pas le Torino mais un autre grand d’Italie, la Roma de Francesco Totti. L’expérience sera cependant plus que mitigée. Kuffour ne dispute qu’une trentaine de matchs entre 2005 et 2008. Son passage à Rome est entrecoupé de deux prêts dans des clubs un peu plus modeste. Livourne, dans un premier temps, où il parvient à se relancer. Sa qualité de relance et son expérience font tout leur effet dans le club toscan. Il n’aura pas la même réussite lors de son second prêt. Alors qu’il rejoint l’Ajax pour six mois plus deux ans en option d’achat, il manque complètement son passage, et ne dispute que deux petits matchs avec les amstellodamois.
En grand champion qu’il est, Samuel Kuffour décide de ne pas pousser le vice plus loin. Il prend rapidement conscience qu’il n’est plus au niveau pour le football européen. Dans un premier temps, il est proche du FK Khimki en Russie. Puis songe à la retraite, avant de se rapprocher du Chicago Fire. Mais, comme dans une forme de logique, c’est dans sa ville natale, Kumasi, qu’il décide de faire son retour. Ni les Fantomas, ni le King Faisal Babes, mais une autre écurie, l’Asante Kotoko. Bien au dessus du niveau moyen national, Samuel Kuffour peut tranquillement mettre à profit ses deux dernières saisons de footballeur pour embellir son image au niveau local.
Au moment de raccrocher les crampons, à l’été 2011, Samuel Kuffour laisse derrière lui un des plus beaux palmarès du football africain. Onze ans au Bayern. Soixante-treize matchs de Ligue des Champions. Cinquante-neuf sélections avec le Ghana. Une médaille de bronze aux JO 1992. Et dix titres à son palmarès. Ce n’est pas un hasard si la CAF l’a désigné parmi les trente meilleurs joueurs africains de l’histoire en 2007.