2017, l’entraîneur du RB Salsbourg Oscar Garcia quitte le club pour rejoindre Saint-Etienne. La direction du club mise alors sur un duo ambitieux mais inexpérimenté au plus haut niveau : le tandem Marco Rose-René Maric. L’un est ancien joueur professionnel et l’autre, un ancien blogueur tactique. Ils viennent de remporter la Youth League avec l’équipe U19. S’en suivirent deux saisons ponctuées de succès, avec deux titres de champions d’Autriche, une coupe, et un très beau parcours dès la première année en Europa League qui les mènera jusqu’aux portes de la finale. Avec un bilan de 82 victoires et 10 défaites en 114 matches, le duo part la tête haute vers le Borussia M’Gladbach à l’été 2019.
Système tactique : Prédominance du 4-3-1-2
Après 7 journées, le club blanc et noir pointe en tête du classement de Bundesliga, avec un point d’avance sur son dauphin, Wolfsburg et deux points sur le Bayern Munich. Mieux, ils sortent d’une victoire cinglante 5 buts à 1 face à Augsburg. Sur le papier, Marco Rose reconduit le plus souvent le 4-3-1-2 qu’il avait utilisé à Salzbourg. Zakaria étant en retrait par rapport aux deux autres milieux.
Composition de départ lors du match à Hoffenheim (victoire 3-0)
L’objectif est multiple ici : sur phase offensive, le but est la recherche de la profondeur par l’axe du terrain. Il est alors indispensable de créer des espaces dans le centre du terrain afin de verticaliser un maximum et de trouver des espaces dans le dos de la défense. A la relance, les centraux sollicitent soit Zakaria soit les latéraux. Ils profitent de l’excellent jeu sous pression du premier, permettant de trouver de très bonnes passes vers l’avant. Les latéraux eux, longent la ligne de touche afin d’étirer le bloc adverse.
Un autre atout de cette formation est qu’elle facilite le pressing demandé par Marco Rose. Il commence dès la relance du gardien avec la première ligne composée des deux avant-centres, avec le soutien du meneur de jeu. Cette volonté de presser haut fait que le système ressemble parfois à un 4-3-3 très axial sur phase défensive en bloc haut. Le meneur vient alors se placer entre les deux avant-centres.
Cependant, Rose a aligné deux fois d’entrée cette saison un 4-2-3-1 : contre Leipzig (défaite 3-1) et contre Augsburg le week-end dernier (victoire 5-1). Contre ce dernier, les ailiers repiquaient dans l’axe pour offrir de la densité. Avec eux, un Bénes placé dans un rôle de numéro 10 très libre de positionnement qui n’hésitait pas à venir aider sur les côtés. Ce 4-2-3-1 permet d’occuper plus la largeur du terrain, Marcus Thuram n’hésitant par exemple pas à prendre son couloir (cf sa passe décisive sur le 1er but contre Augsburg).
Heatmaps des milieux offensifs lors du match face à Augsburg (Source : SofaScore)
Animation offensive et défensive
Cependant, M’Gladbach n’hésite pas à prendre son temps avant d’accélérer le jeu grâce à un jeu en une ou deux touches dans les petits espaces. Leur possession moyenne étant de 54% depuis le début de la saison. Très peu d’occasions viennent d’attaques rapides. Alassane Pléa, est lui auteur d’un très bon début de saison avec 4 buts et 4 passes décisives en 7 matchs. Son efficacité est chirurgicale avec une moyenne de 0.6 buts sur 2.1 tirs par matchs, et 1.4 passes clés. Il est très important pour créer des différences grâce à ses qualités de fixation et son jeu en pivot. Il n’hésite pas non plus à redescendre offrir une option de plus au milieu de terrain.
Vitesse des attaques de M’Gladbach en championnat (source : Understat)
A Salzburg, Rose utilisait très peu les centres flottants dans son jeu, cherchant principalement un joueur placé en retrait. Ici, la donne est différente : l’arrivée de Marcus Thuram au mercato d’été offre une nouvelle option grâce à sa très bonne qualité de jeu de tête. Les deux attaquants français forment un duo d’attaque très complet, avec à eux deux 7 buts et 6 passes décisives. Embolo offre aussi une très bonne alternative au poste, son bagage technique lui permettant de jouer en meneur de jeu ou en avant-centre.
Défensivement, le jeu est donc basé sur un pressing intense, dès la perte de balle. Sur bloc bas, l’équipe se présente sous la forme de deux lignes très axiales et resserrées : les latéraux et les centraux sont très proches, limitant la largeur des half-spaces. Enfin, ce positionnement offre très peu d’espaces entre les lignes, mais ouvre de ce fait le jeu sur les ailes. Cependant, le Borussia pourrait avoir plus de mal contre une équipe jouant le pressing et un jeu de transition. La 1ère mi-temps très brouillonne contre Mayence, avec beaucoup de déchets de part et d’autres, et la défaite contre Leipzig, montrent bien cela.
En conclusion, le Borussia M’Gladbach nous offre depuis le début de saison un jeu très agréable à visionner. Grâce à un recrutement très intelligent, ils forment une équipe très complète capable de créer la surprise cette saison. Le prochain match face au Borussia Dortmund de Lucien Favre et son jeu de construction très patient s’avérera être un très bon test pour l’équipe de Marco Rose.
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