Pour ce deuxième épisode des maladies du football, nous nous intéressons cette semaine à un mystérieux fléau, encore inexplicable aujourd’hui. Il s’agit d’une maladie qui, dans le monde du football, a touché quasi exclusivement les footballeurs italiens des années 70 et 80 !

La maladie de Charcot

Dans les maladies incurables, je demande la sclérose latérale amyotrophique. Aussi connue sous le nom de maladie de Charcot, cette maladie neurodégénérative touche les neurones liés au mouvement. Le patient voit généralement l’apparition des premiers symptômes après 40 ans. Et progressivement, sa capacité à marcher, à parler, voire à respirer diminue au fil du temps. Le malade est totalement paralysé, et la mort est alors inévitable. C’est à la fin le système respiratoire entier qui est inévitablement touché.

Si cette maladie ne vous dit toujours rien, alors j’ai un bon exemple pour vous : Stephen Hawking.

Le brillant astrophysicien décédé l’année dernière a été diagnostiqué de Charcot à 21 ans. Il lui aura survécu 55 ans, ce qui est à la fois un exploit et un mystère pour les médecins. Et ça, surtout quand on sait que moins d’un patient sur dix survit dix ans avec Charcot ! (En réalité, il est très probable qu’il ait souffert d’une variante moins agressive, mais là n’est pas le propos.)

Un mystère italien

Mystérieusement, la maladie touche fortement le football. Et plus précisément, le football italien ! On recense à ce jour 40 cas de Charcot seulement chez les calciatori. Un footballeur italien a donc 6 fois plus de chances de contracter la maladie qu’un Italien normal !

Parmi les malades les plus connus, on trouve Stefano Borgonovo, dont le but marqué en demi-finales de la Ligue des Champions 1990 avec le Milan A.C. reste historique. Mais aussi Gianluca Signorini, emblématique capitaine du Genoa. Ou encore le joueur de l’Avellino, Adriano Lombardi (après sa mort, le club a retiré pour lui son numéro 10).

Pourquoi Florence ?

Le mystère est d’autant plus flou qu’un certain nombre de cas pointe directement dans une direction : celle de la Fiorentina. En effet, de nombreux joueurs passés par le club entre les années 70 et 2000 sont tombés victimes de maladies diverses : Charcot, bien sûr, mais aussi des cancers (leucémies, colon, thyroïde, pancréas) ou des crises cardiaques…

Mais comment tous ces cas peuvent-ils s’expliquer ?

Les hypothèses sont multiples, mais la première, la plus plausible, reste l’utilisation exagérée de médicaments. Quand un joueur se blesse, on lui administre un médicament anti-inflammatoire pour qu’il récupère plus vite. Or, les substances chimiques pourraient « activer » un gène précurseur de la maladie.

Mais ce n’est pas seulement les médicaments légaux : le footballeur italien Carlo Petrini a révélé il y a quelques années que le dopage était monnaie courante dans le football italien des années 70. Et ces piqûres et autres substances améliorant les performances pourraient bien être les coupables les plus probables.

Pourtant, d’un autre côté, des footballeurs comme Stefano Borgonovo jurent ne jamais avoir pris de dopants.

C’est pourquoi il existe une autre hypothèse, reprise par certains scientifiques, qui dit que la pelouse pourrait être en cause. Que ce sont les pesticides, les engrais voire les peintures (eh oui, on peignait parfois l’herbe pour qu’elle soit plus verte…) qui sont la vraie cause de l’apparition mystérieuse de la maladie !

En revanche, la dernière possibilité, celle du choc crânien, est en tous points la moins crédible. Car pourquoi ne retrouvons-nous pas de mêmes chiffres dans d’autres sports comme la boxe, le rugby ou le football américain ? Et qui, de plus, à l’exception du premier, se jouent sur l’herbe.

La mauvaise maladie ?

Au basket, au rugby ou en cyclisme, on ne retrouve quasiment aucun cas de maladie de Charcot, du moins pas assez pour corréler la pratique d’un sport de haut niveau à de plus grandes chances de contracter la maladie. C’est pour cette raison que le mystère est encore entier : à l’heure actuelle, aucune théorie ne semble valable, sauf peut-être une seule.

Connaissez-vous la maladie de Lyme ? Autrement connue sous le nom de borréliose, c’est une maladie infectieuse qui s’attrape généralement par les tiques. C’est bien la raison pour laquelle il ne faut jamais gratter une tique, mais bien l’enlever à l’aide d’une pince ! Vous pourriez arracher le corps de la tique, mais pas sa tête, qui serait alors libre de libérer la bactérie infectieuse dans votre sang.

Une mystérieuse étude parue dans les années 1990, mais « oubliée » depuis aurait averti du lien possible entre maladie de Lyme et Charcot. Selon elle, 9 des 19 des cas de maladie de Charcot étudiés étaient en réalité des maladies le Lyme mal diagnostiquées ! Et une autre interprétation de cette étude va encore plus loin, et dit que ce serait 90% des cas de maladie de Charcot qui seraient en réalité des maladies de Lyme ! Et donc qui pourraient être très bien traitées ! Pourtant, pour une raison encore sibylline, impossible de savoir pourquoi cette étude n’a jamais fait plus grand bruit, surtout quand on sait qu’il y a quelques années, un mouvement qui consistait à se jeter des seaux d’eau glacée pour la bonne cause (celle de la recherche de la maladie de Charcot) a fait fureur pendant de longs mois aux États-Unis.

Mais comment aurait-on pu se tromper entre Lyme et Charcot ? Et surtout, pourquoi le football ? L’hypothèse générale est que la maladie se transmet par les plaies des footballeurs. Oui, quand on est taclé, on peut légèrement saigner. Et comme les chaussettes ne montent parfois pas assez haut pour nous protéger entièrement, on pourrait ainsi être mordu, sans le savoir, par une tique.

Que ce soit la vérité cachée ou une simple coïncidence, le fléau italien reste encore aujourd’hui un véritable mystère médical et sportif.

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"Alors que la philosophie enseigne comment l'homme prétend penser, la beuverie montre comment il pense." René Daumal