Alors que l’équipe nationale polonaise traverse l’une des plus graves crises de son histoire récente – cinq matchs sans victoire, une élimination en poules du mondial et une relégation de son groupe de Ligue des Nations -, Grzegorz Krychowiak, le milieu de terrain du Lokomotiv Moscou et ancien du PSG, s’est exprimé sur le divan de Przeglad Sportowy. Fidèlement à nos habitudes, nous vous proposons une traduction intégrale de l’interview.

Q. Le match contre la Rép. Tchèque était déjà le cinquième sans victoire consécutif. C’est une crise. Vous êtes en pleine transformation, vous construisez peut-être quelque chose de nouveau. Comment devons-nous percevoir ce qui arrive à l’équipe maintenant ?

G. Krychowiak : Que nous soyons en reconstruction, cela n’a pas d’importance. La pression sur nous est justifiée. Nous devrions gagner, mais nous n’y arrivons pas. Nous allons travailler d’arrache-pied pour y arriver. L’équipe nationale a connu de nombreux changements : non seulement de nouveaux entraîneurs sont arrivés, mais il y a aussi eu quelques nouveaux joueurs. Nous essayons d’utiliser le temps qu’il nous reste avant l’Euro 2020 pour corriger nos erreurs et nous remettre à gagner au cours des éliminatoires.

Q. Lorsqu’il y a de mauvais résultats, des ragots apparaissent. Comment allez-vous commenter les rapports qui disent qu’après le match à Gdańsk vous vous êtes pris le bec avec Robert Lewandowski ?

G. Krychowiak : C’est totalement faux. Cela prouve seulement que lorsque nous perdons, les gens sont à la recherche de théories étranges. Vous pouvez écrire n’importe quoi pour faire un peu de bruit, mais je répète, ce n’est pas vrai.

Q. Dans le dernier numéro de Przeglad Sportowy, plusieurs anciens défenseurs ont déclaré que pour remédier aux problèmes défensifs, vous pouviez être positionné en défense centrale. Quel est votre avis sur la question ?

G. Krychowiak : Je ne vois pas de problème si le sélectionneur m’assigne une telle tâche. Au Lokomotiv Moscou, l’entraîneur m’a demandé de le faire. Pendant quelques matches, j’ai joué dans l’axe de la défense et j’ai réussi à le faire correctement. Je me sens bien dans cette position, j’y ai joué par le passé, donc si c’est nécessaire pour la sélection, je suis prêt.

Q. Justement, est-ce que les plus gros problèmes de la sélection ne se situent pas en défense ?

G. Krychowiak : Łukasz Piszczek a pendant des années été un des atouts défensifs de l’équipe. Il ne l’est plus. Kamil Glik est blessé. Cela force le sélectionneur à essayer de nouveaux réglages et de nouveaux joueurs. Pour construire une défense solide, il faut du temps et de nombreuses minutes passées ensemble sur le terrain. C’est un processus qui ne doit pas seulement être fait par les quatre joueurs devant le gardien de but, mais aussi par le reste de l’équipe. Une défense efficace dépend de tout le monde. Nous nous efforçons d’éliminer les erreurs. J’espère que les effets seront bientôt visibles.

Q. Que faut-il encore améliorer ?

G. Krychowiak : Encore pas mal de choses. Aujourd’hui, nous avons les bases pour faire un pas de plus. Auparavant, nous avions l’habitude de changer de système, mais on essaye de se stabiliser. Je vois une certaine amélioration, et c’est ce à quoi nous devrions nous en tenir. Dans le match contre la République tchèque, nous avons commis de nombreuses erreurs simples, qui peuvent être éliminées par l’analyse vidéo : mouvement sur le terrain, communication, distance entre les lignes. Si elles ne sont pas respectées, si l’équipe ne bouge pas au même rythme, cela affecte la qualité du jeu défensif. Seul un entraînement commun peut nous aider à atteindre un niveau supérieur et à mieux nous comprendre sur le terrain.

Q. Et n’y-a-t-il pas aussi des problèmes offensifs ? Lewandowski, qui était le buteur attitré, n’a plus marqué depuis désormais douze heures. Qu’est-ce qui a changé, pourquoi l’efficacité a-t-elle baissée ?

G. Krychowiak : Je me rends compte que c’est frustrant pour l’attaquant quand il ne marque pas au cours d’un match. Auparavant, il ne marquait pas de buts, comme lors de l’Euro, mais toute l’équipe jouait très bien et était également animée par son mouvement sur le terrain. Il se battait et créait des opportunités pour les autres. C’est un footballeur de grande classe. Sa façon de jouer implique beaucoup d’adversaires, mais le reste de l’équipe doit pouvoir en profiter. Je souhaite beaucoup de buts à Robert, car cela donne à chaque attaquant de la tranquillité d’esprit. Cependant, je pense qu’il nous reste encore beaucoup à améliorer en matière de défense. C’est par là que passerons les bons résultats pour la sélection.

Q. Les Allemands, comme la Pologne, n’ont pas passé les phases de groupe en Coupe du Monde et sont tombés en Division B de la Ligue des Nations. Les Pays-Bas, par contre, se remettent lentement des années de vaches maigres. Peut-être que le bon temps est fini et que nous exigeons trop de vous ?

G. Krychowiak : Je suis conscient du fait que l’on s’attend à ce que l’équipe nationale polonaise gagne. Mais il faut du temps pour que les mécanismes fonctionnent, et ce n’est pas le cas. Une telle crise ne peut pas durer trop longtemps. Pour l’instant, nous avons de bons moments, mais il y a aussi des erreurs simples qui gâchent tout et sont désagréables. Si nous parvenons à éliminer ces inexactitudes, nous nous remettrons sur la bonne voie et jouerons comme prévu.

Q. Ce genre d’erreurs sont-elles aussi présentes à domicile qu’à l’extérieur ? Car vous avez bien commencé le match contre la République tchèque, mais le ballon a cessé de vous appartenir…

G. Krychowiak : Je suis d’accord. J’ai eu quelques errances. La météo n’a pas facilité le jeu au milieu du terrain, mais je ne vais pas tenter de reporter la faute dessus. Pourquoi ? Parce que j’ai parfois pris trop de risques. Il y avait un manque de bonnes décisions. Un tel comportement doit être éliminé.

Q. Certainement lors du match contre le Portugal. Vous y allez avec l’espoir d’un bon résultat ? Vous envoyez peu de signaux positifs.

G. Krychowiak : Pour nous, c’est un autre match-clé. C’est le dernier test avant les éliminatoires de l’Euro 2020. Nous avons quelque chose à cimenter. Je considère cela comme un autre test et je cours pendant quatre-vingt-dix minutes avec mes coéquipiers. Dans ce match, nous devons développer la compréhension. Il vaudrait mieux gagner contre un adversaire aussi fort. Comme ça, nous serions tous plus calmes. Les critiques qui nous sont adressées sont bien méritées, elles étaient encore plus fortes pendant la Coupe du Monde, mais je suis néanmoins positif. Le dur labeur doit enfin porter ses fruits.

Note : cet article est la traduction de l’interview de Grzegorz Krychowiak à Onet.pl/Przeglad Sportowy. Retrouvez l’article complet (en polonais) en cliquant ici.
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