Pour les 30 ans de Jean Michel Aulas, France Football a donné la parole à ses collègues présidents de Ligue 1. Chacun a posé à tour de rôle une question au président Rhodanien. Voici des morceaux choisis.

L’avenir de l’OL et les ambitions

La passation à la famille Seydoux

Comment comptez-vous vous y prendre pour que l’OL demeure majoritairement franco-français ? C’est mon souhait et je suppose aussi celui de tout le foot Français. (Jean-Michel Fortin)

Jean Michel Aulas: « Dans toutes les affaires dans lesquelles j’ai joué un rôle, je suis toujours resté majoritaire. Tant que je serai dans le football, je serai actionnaire majoritaire de mon club. Même lorsque je passerai la main, il restera franco-français. La famille Seydoux prendra la suite. Je me suis débrouillé pour avoir un deuxième actionnaire qui est immensément plus riche que moi.

Mais si les Chinois ont pris une part du capital, cela n’ira pas plus loin. Ce rapprochement est un point d’entrée pour nous en Chine, pas un point d’entrée pour les Chinois dans un club Français »

Les ambitions européennes

La bagarre s’annonce rude la saison prochaine et il y a plus de prétendants déclarés à l’Europe que de places qualificatives. J’ai promis de redonner au LOSC son statut de challenger et de retrouver les Coupes européennes. On a donc un problème. Comment on fait, l’OL est-il prêt à nous laisser sa place ? (Gérard Lopez)

Jean Michel Aulas: « (Sourire amusé.) Non ! il n’est pas du tout question que l’OL se mette en retrait. Ces dernières années, on a investi dans les infrastructures et le stade. A partir de maintenant, on va de nouveau beaucoup investir dans les joueurs. C’est tout l’enjeu de la saison prochaine, car nous voulons conserver notre standing. Et, donc, rester européens… »

Dans les prochaines années, Lyon sera-t-il capable de disputer une finale de Ligue des Champions chez les garçons comme c’est le cas régulièrement chez les filles ? (Bernard Caiazzo)

Jean Michel Aulas: « Je l’espère. La Ligue Europa, on est déjà configurés pour la gagner, et cela aurait dû être le cas cette année. Mais, en ce qui concerne la Ligue des champions, le delta s’est agrandi entre ceux qui peuvent la remporter et les autres. Pour combler cet écart, il faut avoir des infrastructures permettant de gérer autant d’argent que les grands clubs historiques. C’est le cas. Il faut aussi avoir des actionnaires capable d’investir plusieurs cent millions de suite dans les transferts. On a ces moyens, désormais. Enfin, il faut un peu d’expérience dans le management et la relation avec les instances. J’en suis à près de 300 matchs de Coupe d’Europe garçons et filles réunis. L’OL est donc en train de se remettre en configuration de pouvoir gagner la Ligue des Champions dans les quatre ans qui viennent. »

L’avenir de Jean-Michel Aulas

Avez-vous envie de faire encore des choses dans le monde du foot pendant trente autres années ? (Jacques Rousselot)

Jean Michel Aulas: « C’est exclu. Je me vois encore faire deux ou trois trucs, en particulier gagner une Coupe d’Europe dans notre nouveau stade. J’ai toujours dit que ce serait le graal. En 2018, Lyon accueillera la finale de la Ligue Europa, puis en 2019 la finale de la Coupe du monde féminine. Du coup, je vais me laisser un joker. Le moment sera venu de dire « basta c’est fini » en cas de victoire en C3 avec l’équipe l’année prochaine ou d’un succès de l’équipe de France un an plus tard au Parc OL. »

Vous êtes désormais membre du comité exécutif de la FFF après avoir démissionné du conseil d’administration de la LFP. Avec le recul, vous êtes plutôt Ligue ou plutôt Fédé ? (Bertrand Desplat)

Jean Michel Aulas: « Je suis plutôt Fédé parce que j’y trouve un état qui est sain. Cela ne veut pas dire qu’il est malsain à la Ligue, mais, à la FFF, on est plus proche du foot amateur. Je me rends compte que, quand on vieillit et qu’on se rapproche de la fin, on a envie de se rapprocher de la base. »

Le bilan de Jean-Michel Aulas vu par lui-même

Après trente ans de présidence, avez-vous un goût d’inachevé et le sentiment de ne pas avoir atteint tous vos objectifs ? (Olivier Delcourt)

Jean Michel Aulas: « Ce n’est pas un goût d’inachevé, mais j’ai toujours dit que je partirais après avoir gagné la coupe d’Europe avec les garçons. Si cela arrive, il y aura alors une forme de plénitude et cela mettra un terme à mon action. »

Quelles sont les plus grosses erreurs, ou regrets, que vous avez eu au cours des ces trentes ans et que vous ne voudriez pas revivre ? (Loïc Fery)

Jean Michel Aulas: « Peut être l’acquisition de Yoann Gourcuff. A posteriori, il s’est avéré que c’était une erreur. Cela nous a pris beaucoup d’énergie et coûté beaucoup d’argent. Après, en ce qui concerne les choix stratégiques ou des décisions de recrutements, je n’ai pas beaucoup de regrets. Le seul, c’est de ne pas avoir été assez proche de l’UEFA quand on a été en position de gagner la Ligue des Champions. Pour peser, il faut s’impliquer dans les instances. Avec le recul, je pense que j’aurais dû le faire davantage. »

Il y a trente ans, à vos débuts dans le football professionnel, quel président vous semblait le modèle à suivre ? (Bernard Serin)

Jean Michel Aulas: « En France, j’ai adoré la présidence de Michel Denisot au Paris SG (de 1991 à 1998). Le PSG gagnait tout, il était soutenu par Canal et avait des moyens économiques disproportionnés par rapport à nous. En plus, Michel est un homme élégant. Il a vraiment été le modèle à suivre. A l’étranger, ma référence reste Florentino Pérez, le président du Real Madrid. Nous sommes amis depuis des années. A l’époque, il avait poussé pour que je prenne la présidence du G14. Aujourd’hui, celui qui est le président de demain et qui réussira, c’est Andrea Agnelli à la Juventus Turin. Même si son club vient de prendre une fessée en finale de Ligue des Champions ! »

Le secret de Jean Michel Aulas

Quel est votre secret pour garder toute votre motivation et votre énergie après trente ans à la tête de l’Olympique Lyonnais ? (Vadim Vasilyev)

Jean Michel Aulas: « Aller faire la fête sur la plage de Bagatelle à Saint-Tropez, un établissement dont il (Rybolovlev) est actionnaire pour moitié, et dont Vadim a aussi la gestion… Pour garder de l’énergie, il faut savoir se ressourcer comme je viens de le faire pendant deux jours après la victoire des filles en Ligue des Champions. »

La pression est très forte dans notre milieu. Comment avez-vous pu tenir aussi longtemps comme président et aussi bien réussir ? (Waldermar Keita)

Jean Michel Aulas: « Avec une bonne dose d’humilité. Ce n’est pas tous les jours facile. J’ai toujorus eu envie aussi d’être devant, que ce soit dans les affaires ou dans le foot. Mais qui dit ambition permanente dit aussi remise en cause permanente. J’ai travaillé pendant des années et des années pratiquement vingt heures par jour. Pour réussir, il faut être disponible. »

Après tant d’années passées dans le football, êtes-vous devenu superstitieux les soirs de match comme le sont certains joueurs, si oui, de quelle manière ? (Jean Pierre Rivère)

Jean Michel Aulas: « Je suis très superstitieux. Les jours de match, c’est le même rituel. Vestimentaire, d’abord. Mes tenues doivent ressembler à celles que je portais quand cela s’est bien passé. Qu’il s’agisse d’un costume ou d’un blazer. J’ai aussi des grigris un peu partout dans les poches. Des objets personnels que l’on m’a offerts et que j’ai ramené de mes déplacements à l’étranger. J’en ai une ribambelle.

Dans la poche, il y a un porte-clefs avec un lion en argent. Dans celle de droite, j’ai un porte-bonheur japonais que l’on dépose d’habitude dans les temples. Dans la poche arrière droite, j’en ai un autre qui vient de Chine. Dans la gauche, j’ai toujours une crois chrétienne. Dans la poche intérieur de mon veston, il y a une main de Fatma. J’ai aussi quelque part un trèfle à quatre feuilles qui était vert autrefois. Mais j’en ai trouvé un autre en argent…

Bonus

Quand allez-vous enfin apprendre à mon père à tweeter ? Il m’en parle à chaque fois que je le vois. (Laurent Nicollin)

Jean Michel Aulas: « (Éclat de rire.) Je suis prêt à prendre Loulou en stage chez moi à Saint-Tropez durant 8 jours. Mais à la seule condition: qu’il vienne avec Colette, sa femme. J’ai une amitié profonde pour toute la famille Nicollin. Ce sont des purs, des vrais. Quand on joue contre Montpellier, c’est la seule fois où je ne suis pas tendu durant la saison, Louis me fait tellement rire avant les matchs. »

Si vous aviez été joueur, quel est le but de l’OL inscrit sous votre présidence que vous auriez aimé marquer ? (Stéphane Martin)

Jean Michel Aulas: « Celui inscrit par Juninho sur un coup de franc de plus de quarante mètres au stade Olympique de Munich le 5 novembre 2003, en phase de groupes de Ligue des Champions. C’est phénoménal de mettre un tel coup franc d’aussi loin en pleine lucarne. C’était quand même Oliver Kahn, le gardien de l’équipe d’Allemagne, dans le but du Bayern. En plus, on gagne (2-1) et n’est pas un but de complaisance ! Oui j’aurais aimé le marquer, ce but, parce que celui là, il est vraiment signé Monsieur Juninho. »

 

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