Le gardien de Bastia Jean-Louis Leca s’est exprimé dans la presse peu après l’annonce des sanctions.

Bastia a été condamné jeudi à trois rencontres à huis clos et à la perte du match contre Lyon. Trouvez-vous cela juste ?
Jean-Louis Leca. J’ai entendu que Bastia s’en sortait bien. Non ! Quelque part, on donne raison aux fauteurs de troubles. Nos adversaires directs auront droit à 38 matchs pour se sauver et nous à seulement 37 alors que nous ne sommes en rien responsables de ces débordements intolérables.

Comment qualifieriez-vous la saison bastiaise ?
Hyper compliquée. On s’est pris des buts à la 90e minute contre Saint-Etienne, l’OM ou Nantes. Et, pourtant, je n’ai jamais senti de cassure dans le groupe. Le positif, c’est qu’avec autant de soucis on n’est pas encore morts.

Le plus gros adversaire de Bastia cette saison, est-ce vos supporteurs ?
J’ai toujours dit que nous étions une famille, mais il faut dire la vérité : la famille se désolidarise. J’avais cette crainte et c’est arrivé. En 2004, j’avais connu le même climat et l’équipe avait lâché. Il y avait des clans. Aujourd’hui, c’est l’équipe qui tient le club !

Si vous faisiez face aux supporteurs qui ont envahi la pelouse contre Lyon, que leur diriez-vous ?
Je les connais déjà ! Je leur ai dit qu’ils mettaient des salariés en difficulté. La passion ne donne pas tous les droits. Certains, parce qu’ils étaient là en National, se croient tout permis. Mais la fidélité n’autorise pas la prise d’otages.

Bastia n’est-il pas parfois victime de sa victimisation permanente ?
99 % de la population corse ne cautionne pas les débordements. Mais quand j’ouvre ma bouche pour dire que des incidents, il y en a eu aussi ailleurs, je me prends en retour : «Arrêtez de vous plaindre !» Mais j’ai pris des projectiles sur la tête dans des stades moi aussi.

Mais qui est le principal responsable si Bastia est dernier ?
Nous ! Moi, je suis le gardien du dernier de Ligue 1, donc je suis coupable. Le président est aussi responsable car le recrutement a été raté. La cellule de recrutement aussi s’est trompée. Si l’entraîneur a été remplacé, c’est qu’il avait des torts. Tout le monde fait des erreurs. Ce qui compte, c’est de les réparer. Mais plus tard. En juin, on verra qui il faut dégager : un président, un recruteur, une secrétaire ou un gardien de but.

Contre le PSG, vous allez jouer avec un maillot noir en souvenir de la catastrophe de Furiani, le 5 mai 1992. Cela peut-il être une motivation supplémentaire ?
Là, on parle de choses graves. Mais je vois que des gamins, sur les réseaux sociaux, font des blagues trash avec ça. Cela me désole. Sans le collectif Furiani, le drame serait oublié depuis longtemps. Il est clair que le foot français s’en fiche un peu.

Comment vivriez-vous une relégation de Bastia ?
J’ai vécu ça en 2004. Je n’ai pas honte de dire que j’en ai pleuré. Ici, on aime le foot avec passion. Le problème, c’est qu’il faut apprendre de nos erreurs. En un an, on a quand même viré trois entraîneurs. On répète les mêmes problèmes. Si on arrive à s’en sortir, il faudra se poser les bonnes questions.

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