Deux fois par semaine, retrouvez votre digest de l’Euro 2020 sur demivolee.com. Au programme à mi-chemin des huitièmes de finale : l’Autriche met fin à deux séries italiennes mais perd, les Tchèques tiennent les Néerlandais en échec et les premiers frissons bleus.

L’événement : L’Italie fait l’Autriche

C’est la triste histoire d’un supporter autrichien à qui on dirait : « alors voilà, ton équipe a mis fin à la série des Italiens de onze victoires sans encaisser de but… » « Super ! Donc on a gagné ? » « Non, toujours pas. » En effet, la bonne copie des Autrichiens n’était pas suffisante. Ce samedi, après trois matchs flamboyants, l’Italie nous a rassurés : elle est toujours capable de gagner moche. Avec un onze logique et une animation pourtant inchangée, la Squadra Azzura s’est perdue dans son football. De défaillances individuelles en précipitations, elle est devenue trop prévisible, trop brouillonne.

Pourtant, l’Italie était – et est peut-être toujours – l’équipe la plus en vue de l’Euro. Ce 4-3-3 à la construction rendu asymétrique vers la gauche par le rôle en piston de Leonardo Spinazzola, permettant à Lorenzo Insigne d’exploiter les demi-espaces en tant qu’ailier intérieur, avait fière allure sur les matchs de poules. Avec 22 joueurs issus du championnat italien, la liste de Roberto Mancini atteste de la sortie de crise du championnat italien et du retour au plus haut niveau de la Série A. Surtout, elle offre des automatismes, des mouvements à la relance et une facilité à former des triangles qui donnent l’impression de voir jouer une équipe de club.

Il y a cependant une limite que le match contre l’Autriche n’aura pas manqué d’illustrer : l’Italie ne peut s’appuyer sur un buteur qui se déterminerait par lui-même lorsque l’équipe est dans un mauvais jour. C’est peut-être sur cette corde sensible que trébucheront les néo-favoris – derrière la France – de la compétition.

Le chiffre : Tel père tel fils

25 années séparent le but d’Enrico Chiesa lors de l’Euro 1996 et celui de Federico Chiesa ce 26 juin 2021. Pour ainsi dire, c’est une première dans l’histoire de la compétition qu’un père et un fils inscrivent tous deux un but. Et c’est un parfait trait d’union vers notre prochaine partie, puisque le but du père Chiesa était contre… la Tchéquie, qui a validé hier, à la surprise générale, son billet pour les quarts de finale.

Le but : Tchèque cadeau

Nous aurions pu sélectionner la frappe de Thorgan Hazard mais, à y regarder de plus près, on y voit surtout une grossière erreur de placement de Rui Patrício – à moins que profiter de la confusion dans ses appuis soit une volonté du cadet Hazard, mais allez savoir. Ce sera donc le but de Tomáš Holeš. Celui-là même qui joint le football au volley-ball, sur ce superbe coup franc d’Antonín Barák aux airs de corner, où le ballon survole deux fois la surface néerlandaise, de Tomáš Kalas à Holeš. Les trois Oranje agglutinés sur leur ligne ne peuvent constater les dégâts : la tête rageuse de Holeš a fait trembler leurs filets.

Intervenu en plein temps fort tchèque suite au carton rouge de Matthijs de Ligt, qui faisait pourtant un très bon match avant de se rendre coupable d’un contrôle de la main antijeu, ce but est loin d’être immérité pour la Tchéquie. Et l’identité de son buteur crée tout un symbole. Tomáš Holeš est en effet un grand artisan de la victoire sur les Pays-Bas. Ce sont ses incursions jusqu’à très bas dans sa défense qui ont neutralisé Georginio Wijnaldum et éteint le milieu néerlandais. Holeš n’est pas étranger à cette terrible statistique de dix passes réussies pour Wijnaldum, le pire total pour un joueur ayant disputé l’intégralité d’un match d’Euro à élimination directe. C’est donc d’autant plus beau de le retrouver à la conclusion du premier but et à la création du second.

La suite : Bleus de travail

Après ce plutôt décevant et haché Belgique – Portugal, c’est bientôt l’heure du deuxième choc de ces huitièmes de finales avec un alléchant Angleterre – Allemagne. Néanmoins, la priorité de l’instant et de notre lectorat franco-suisse réside bien entendu dans l’affiche de ce soir.

Des phases de poules, les Bleus laissent à leurs supporters un bizarre mélange de sécurité et d’inconstance. De sécurité parce qu’on ne les voyait pas perdre, et ils n’ont pas perdu. On ne les voyait même pas ailleurs qu’à la première place, et ils l’ont été. Et on les voit toujours difficilement sortir avant les demi-finales. Mais d’inconstance parce que le but encaissé contre la Hongrie est bête, parce que les deux penalties transpirent l’inexpérience alors que l’un des deux implique le taulier et capitaine. D’inconstance aussi dans la manière d’attaquer. Des sorties de balles prodigieuses alternent avec d’autres téléphonées, où personne ne se risque à une passe verticale ou à une accélération, où l’équipe de France ne sait être dangereuse sur les ailes, où l’on recherche trop Paul Pogba alors que d’autres sont aussi capables d’initiatives. D’inconstance, enfin, parce que zut, la somme d’individualités est censée être plus vivante que ça. Un seul des quatre buts vient d’une action construite, c’est trop peu.

Face aux Helvètes, en plus de devoir soigner cette animation encore neuve, les Bleus traînent un dilemme. À gauche, Lucas Digne est forfait quand Lucas Hernandez est diminué. De l’autre côté, Jules Koundé est également absent, Benjamin Pavard peine à satisfaire et nous sommes sans nouvelles de Léo Dubois. De fait, les problèmes sur les ailes pourraient pousser Didier Deschamps à aligner un 3-5-2. Seule certitude avec cette option, qui existe selon le principal intéressé, la défense à trois se constituerait de Raphaël Varane, Clément Lenglet et Presnel Kimpembe. Wait & Suisse…

Le programme :

Lundi 28 juin 2021

Espagne – Croatie (18h, BeIN)
France – Suisse (21h, BeIN et TF1)

Mardi 29 juin 2021

Angleterre – Allemagne (18h, BeIN et TF1)
Suède – Ukraine (21h, BeIN et TF1)

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"Le joueur de football est l'interprète privilégié des rêves et sentiments de milliers de personnes." César Luis Menotti.