6 octobre 2019. Au sortir d’un match catastrophique à Newcastle, soldé par une défaite 1-0, Manchester United montre une nouvelle fois qu’il est incapable de s’imposer à l’extérieur. En effet, le club n’a pas gagné depuis le 27 février hors de ses terres. Pire, les Red Devils pointent à une triste 12ème place après 8 journées avec 9 petits points, à deux longueurs du premier relégable Everton. Depuis le départ de Sir Alex, Manchester ne fait clairement plus peur.

Des mercatos placés sous le signe de l’échec

Ce qui vient immédiatement en tête quand on cherche à comprendre l’échec de United depuis le départ de Sir Alex, c’est bien le mercato. En effet depuis 2013 Manchester cumule les échecs. On peut notamment citer Di Maria, Falcao, Rojo, Fellaini, Schneiderlin, Memphis, Darmian, Schweinsteiger, Mkhitaryan, Valdés ou encore Sanchez. Le joueur prêté à l’Inter en est un exemple parfait. Avec son salaire avoisinant les 500.000€/semaine, le chilien plombe les finances du club. Club qui d’ailleurs, paie toujours 40% de son salaire, malgré son prêt à l’Inter. Globalement, depuis 2013, la masse salariale du club a augmenté de 83%, passant de 210 à 385 millions en 2019. Depuis cette année-là, le club a dépensé plus d’un milliard d’euros en transferts, et n’a reçu que 340 millions d’euros liés aux ventes de joueurs.

Malgré tout, le club dispose d’une excellente structure de recrutement. Ils ont une cinquantaine de recruteurs répartis dans plus de 30 pays. A la tête des recruteurs, Marcel Bout, arrivé avec van Gaal et passé notamment par le Bayern, le Feyenoord, Alkmaar et les Pays-Bas. Le problème ici ne vient pas du recrutement en lui-même mais de l’absence de réelle stratégie sportive. En effet, il est difficile d’en tirer une claire lorsqu’on voit la liste des joueurs cités plus haut. De plus, depuis plus d’un an le club cherche un directeur technique, sans succès. Selon The Athletic, Solskjaer et Mike Phelan endosseraient une partie de ce rôle. Là où Sir Alex assurait l’équilibre entre sportif et économique, il y a clairement un manque aujourd’hui.

Solskjaer et Phelan sont tous deux impliqués à l’origine et à la conclusion de chaque transfert. Ils indiquent au club quel profil de joueurs ils souhaitent. Cette saison, ils veulent miser sur un effectif basé sur la jeunesse, et aux fortes consonances britanniques. En témoignent les recrutement cet été de Wan-Bissaka, Daniel James et Maguire. Cette stratégie est cependant discutable, tout d’abord d’un point de vue financier. Les joueurs anglais sont chers, ce n’est pas nouveau. De plus, les clubs profitent de la fortune de United en les faisant surpayer leurs joueurs.

De nombreux manques dans l’effectif

Un autre aspect sur lequel la stratégie est discutable est que l’effectif est déjà très jeune et manque cruellement de leader. Recruter des jeunes joueurs implique donner les clés du jeu à ceux déjà présent. On peut citer notamment Rashford, comme le montre son discours après la défaite contre City en fin de saison dernière. Est-il cependant capable d’assurer ce rôle ? Rien n’est sûr. Cette équipe manque aussi de leader technique, de joueurs capable de briser les lignes par la passe au milieu. Seul Pogba semble émerger dans ce rôle, et sa blessure fragilise encore plus l’équipe sur cet aspect. Contre Newcastle, Fred et McTominay ont trop rarement joué vers l’avant. Cette absence de prise de risque par la passe crée un jeu beaucoup trop stérile.

Depuis sa prise de poste, Solskjaer propose un jeu de transition qui fonctionnait très bien à son arrivée. Problème, face à un bloc bas, les Red Devils sont incapables de se créer une occasion. Les résultats récents vont dans ce sens : défaite 2-1 à Crystal Palace fin août, défaite 2-0 à West Ham, nul 1-1 contre Arsenal, nul 1-1 face à Rochdale et enfin défaite 1-0 à Newcastle. Cette dernière défaite est caractéristique des maux de Manchester : 12 tirs pour 0,97 xG, mais surtout une PPDA impressionnante de Newcastle de 28.45. Manchester a eu le ballon, mais Manchester n’a pas su quoi en faire. Ils ont donc tendance à beaucoup tirer en dehors de la surface (55/117 tirs en dehors de la surface).

Globalement, les statistiques sur le début de saison ne sont pas reluisantes. Cette incapacité à créer le danger sur attaque placée n’est pas compensée par les coups de pieds arrêtés. En effet, ils n’ont toujours pas marqué cette saison sur ces phases. En outre, tous les joueurs sous-performent offensivement au niveau des xG à part James (3G, 1,29 xG), Martial (2G, 1.17 xG), McTominay (1G, 0.85 xG). Cela crée donc un xG total de 12,93 (7ème du championnat), pour 10 buts marqués. Défensivement c’est un peu mieux : 5ème meilleure défense du championnat avec 9 buts pris pour 7,21 xGA (1er dans ce domaine).

Un futur incertain

Face à Liverpool, Manchester a laissé le ballon au Reds (31.5 de PPDA). Malgré le nul qui apparait comme un beau résultat, ils ont été globalement dominés. Cette domination est encore plus flagrante en seconde mi-temps où ils n’ont que très peu vu le ballon. Leur but vient d’un contre, sur un très beau centre de Daniel James, le joueur semblant surnager en ce début de saison. Le ressenti au sortir du mercato estival est que le club n’a pas su compenser les départs. En atteste le rôle de numéro neuf, même si Martial a montré de bonnes choses avant de se blesser. Il a été grandement aidé par sa relation avec Pogba. Aujourd’hui, Rashford ne semble pas quant à lui un neuf dans l’âme et sous-performe devant le but (4 buts, 4.99 xG).

Le départ de Lukaku s’est donc fait sentir. Combinés à ceux de Sanchez, Herrera, ou encore Valencia, des manques sont flagrants dans l’effectif car les trois premiers n’ont pas réellement été remplacés. Ce qui conduit le club à vouloir recruter quatre nouveaux joueurs lors du mercato hivernal. Les joueurs, quand ils sont vendus, le sont en plus pour la plupart du temps à un prix inférieur à celui d’achat. Preuve s’il en est de l’existence d’un « surcout Manchester United », ou d’une tendance à surpayer les joueurs qu’ils recrutent. Et ce, alors que le marché subit une grosse inflation depuis quelques années.

En conclusion, Manchester United semble payer les fruits de mauvais choix sportifs. La direction privilégie l’aspect financier du club, développant la marque au détriment du football. Même si le club est toujours bénéficiaire et les dirigeants commencent à en retirer des dividendes, l’avenir est plus flou. Par exemple, une absence en Ligue des Champions est très impactante sur les finances du club. Il est en droit de se demander si les résultats sportifs peuvent influer sur les contrats commerciaux de longue durée. Celui avec Chevrolet par exemple, se termine en 2021, et aux dernières nouvelles, les négociations semblent mal parties…

 

Pour aller plus loin :
  • « Dossier : Manchester United, le théâtre des revers » (Demivolée)
  • « Spying firms, analysis software and a foundation of ‘noodle deals’ – inside Manchester United’s recruitment » (The Athletic)
  • « Manchester United 2019: the team who can’t create chances from open play » : (The Athletic)
  • « This is Ed Woodward » : (The Athletic)
  • « La (mauvaise) gestion de Manchester United : la rentabilité au détriment des titres » (Romain Molina)
  • « La famille Glazer, véritables fossoyeurs de Manchester United » (Romain Molina)
  • « Is Manchester United’s Lack of Success Finally Impacting Their Finances? » : (Tifo Football)
  • « What’s Going On At Manchester United? » : (Tifo Podcast)
A propos redac-romain 2 Articles
Fanboy numéro 1 de Rafael.