Médaillés malheureux à l’issue de la dernière finale de Ligue des Champions face à Liverpool, les Spurs, méconnaissables, ont (très) difficilement entamé le cru 2019-2020. À tel point que certains objectifs ont déjà volé en éclats.

Des débuts paradoxalement encourageants

Tout avait pourtant bien commencé pour les Lilywhites. Vainqueurs dans le money time du promu Aston Villa (3-1), en ouverture de championnat après une pléthore d’opportunités, le club de la capitale anglaise avait parfaitement su faire le dos rond, en mettant en échec le champion sortant, Manchester City (2-2). Si le résultat est flatteur, le contenu l’est beaucoup moins puisque les Spurs ont pu compter sur un Lloris des grands soirs – qui a fait face aux 30 tirs concédés – tandis que ses coéquipiers tentaient le dixième ! Qu’importe, Tottenham comptait 4 points après avoir joué l’ogre Citizen, chez lui.

Premiers doutes

Si le début de saison était encourageant, la suite l’est beaucoup moins. Preuve à l’appui avec la réception de Newcastle, où les premières lacunes des Spurs sont mises en avant. Après l’ouverture du score de Joelinton dans la première demi-heure, les hommes de Mauricio Pochettino ne s’affolent pas et tentent de repartir de l’avant. En vain. Plus de 80 % de possession strictement stérile pour Tottenham n’aboutissent qu’à 17 tirs seulement. Et si, par miracle, les Spurs parviennent à franchir l’arrière-garde des Magpies, Martin Dubravka, le gardien, s’oppose aux tentatives. Naissent ainsi les premières inquiétudes, avec notamment une connexion offensive à retravailler.

La semaine suivante, le North London derby à l’Emirates tombe à point nommé pour couper court aux doutes qui s’installent. Tout démarre pour le mieux puisque Eriksen et Kane permettent aux Lilywhites de mener 2-0, mais Alexandre Lacazette sonne la révolte à la mi-temps. À vingt minutes du terme, Kane a l’occasion de mettre les siens à l’abri mais sa frappe croisée fracasse le poteau de Leno. Ce coup du sort prend une tournure particulière lorsque, sur un centre venu de la gauche, Aubameyang échappe à Vertonghen pour égaliser de près face à Lloris.

Un nouvel entrain… qui retombe aussitôt

Du côté de Tottenham, on compte sur la trêve internationale pour effacer les carences qui s’accumulent. Et les démons du mois d’août s’envolent puisqu’en une mi-temps, efficacités offensive et défensive sont conjuguées : 4 buts passés à Crystal Palace sans en prendre ! Ce match illustre aussi le retour au premier plan réussi de Serge Aurier (mais surtout des latéraux en général), décisif sur deux buts, de la vista retrouvée d’Harry Kane, et de l’efficacité de Son. Mais aussi d’un milieu de terrain qui a parfaitement su faire le lien entre une défense imperméable et une attaque dont on vient d’en faire l’éloge.

Quatre jours après, lors de leur entrée en lice en Ligue des Champions face à l’Olympiakos, le constat est plus mitigé. Kane et Lucas donnent l’avantage aux Spurs mais, à l’image du derby contre Arsenal, le but de Podence juste avant la mi-temps relance les Grecs qui égaliseront sur un penalty de Valbuena. Incapables de remettre la machine en route, Tottenham perd à nouveau deux points après avoir mené de deux buts. Le même scénario se répète trois jours plus tard à Leicester. Encore une fois, Kane ouvre la marque grâce à un but digne d’un réel équilibriste. Tournant du match, le but refusé à Son Heung-min réveille les Foxes et fait flancher le mental des Spurs. Danilo Pereira égalise, oublié par la défense, puis James Maddison, pas attaqué, donne la victoire à Leicester d’une belle frappe de 20 mètres.

Au bord du précipice

Le match suivant se présente comme un simple premier tour de Carabao Cup. Tottenham est en déplacement à Colchester, un modeste club de quatrième division locale. Mauricio Pochettino en profite pour effectuer une revue d’effectif. Harry Kane n’est pas dans le groupe, Lloris, Eriksen, et Son s’asseyent sur le banc. Japhet Tanganga et Troy Parrott sont titularisés pour la première fois. Après une heure de jeu infertile malgré les 75% de possession du ballon, Eriksen et Son sont appelés à la rescousse. Mais ce ne sera pas suffisant, les tirs au but devront partager les deux équipes. Eriksen et Lucas échouent, et voilà que les Spurs se font humilier par un club de D4 ! Incroyable désillusion !

Dans ces moments là, la réaction d’orgueil s’impose plus que tout. Southampton se présente au Tottenham Hotspur Stadium et les Lilywhites n’ont évidemment qu’un seul objectif : gagner pour oublier le désastre de Colchester. Tanguy Ndombele marque son deuxième but en 5 matchs de Premier League (alors qu’il lui a fallu attendre le temps additionnel de son soixante-neuvième et dernier match de Ligue 1 pour trouver la faille !) et donne l’avantage à Tottenham. Mais c’était sans compter sur deux fautes en quatre minutes de Serge Aurier qui entraînent l’exclusion du latéral Ivoirien (31′) et le but égalisateur de Ings suite à une bévue de Lloris (39′). Heureusement, la Goal machine répond présent.  Harry Kane redonne l’avantage à Tottenam avant la mi-temps après un service d’Eriksen. À dix, les Spurs vont passer toute la seconde période à défendre. Ils ont craqué tellement de fois après avoir mené qu’il ne serait pas illogique de les voir récidiver. Mais il n’en est rien puisque la défense plie mais ne rompt pas, aidée par un grand Hugo Lloris, décisif à plusieurs reprises, qui se rattrape avec brio de son erreur initiale.

The Son and the rain

Revigorés par ce succès arraché avec les tripes face à Southampton, les coéquipiers d’Hugo Lloris reçoivent le Bayern Munich pour le compte de la deuxième journée de Ligue des Champions. Les Spurs ne se posent pas de question et démarrent tambour battant. Dans les dix premières minutes, le virevoltant Son Heung-min se procure deux grosses occasions repoussées par Neuer. La troisième est la bonne pour le Sud-Coréen qui trompe le portier allemand sur sa droite. Après ce premier quart d’heure intense, les ardeurs londoniennes vont vite être refroidies par le magnifique but de Kimmich. Tottenham tente de repartir de l’avant mais, à quelques secondes du terme de la première période, Lewandowski donne l’avantage au Bayern.

Au retour des vestiaires s’abattra un véritable cataclysme. D’abord, Gnabry marque son premier but de la soirée d’un rush solitaire où Alderweireld n’intervient pas. Puis son second d’une frappe croisée imparable après un service de Tolisso. Sur penalty, Kane ravive la flamme, 2-4. Pochettino tente alors le tout pour le tout. Les joueurs offensifs s’empilent sur le terrain : Eriksen, Lucas, Lamela, Kane, et Son Heung-min. Ce dernier sera clairement au-dessus du lot, se distinguant par ses percées balle au pied et ses accélérations foudroyantes. En revanche, seul Moussa Sissoko est le réel milieu défensif de métier. Une véritable aubaine pour le Bayern qui en profite avec trois buts supplémentaires en contre-attaque. Deux de Gnabry, et un autre de Lewandowski. Le réalisme est glaçant, les buts sont beaux. Mais si l’on ne peut pas reprocher grand-chose à Lloris, la paire Vertonghen-Alderweireld s’est révélée aux abonnés absents. Score final, 2-7. Le Bayern était plus fort, de loin. Écœurant. Mais nous aurions pu faire des pages sur l’approche défensive du match des hommes de Pochettino.

À l’agonie

« Le meilleur moyen [d’oublier cette performance] est d’aller à Brighton et se battre sur chaque ballon, se battre dans n’importe quelle situation, essayer d’obtenir un bon résultat et ramener les trois points à la maison », dixit Son Heung-min. Le numéro 7 des Lilywhites l’a dit. Montrer du caractère et partir à la trêve avec trois points dans la musette serait un moindre mal. Mais rien ne veut aller dans le sens des Spurs. Le sort s’acharne sur eux. Dès la deuxième minute, Hugo Lloris capte un ballon aérien. Voyant qu’il retombe dans son but, Lloris décide de le relâcher juste devant la ligne. Une aubaine pour Maupay qui ouvre le score, mais là n’est absolument pas l’essentiel. Le capitaine des Spurs et des Bleus, mal retombé, s’est disloqué le coude gauche. Sorti sous un gaz anesthésiant (du protoxyde d’azote ?) et sur civière, le gardien aux 114 sélections vient de disputer son dernier match de l’année. Il est remplacé dans le but par Paulo Gazzaniga, mais rien ne va s’arranger. Connolly inscrit un doublé et amplifie le score pour Brighton. La tête complètement ailleurs, Tottenham sombre à nouveau.

Bilan

Tout compte fait, le bilan est forcément alarmant. 3 victoires seulement pour 4 nuls et 4 défaites en 11 matchs, une campagne européenne mal embarquée, une élimination en Carabao Cup, un podium qui s’éloigne déjà… Au delà des résultats, le contenu ne laisse pas indifférent. Exceptés les matchs contre Aston Villa et Crystal Palace, les Spurs n’ont pas semblé détenir les solutions offensives. Leur ratio de tirs est relativement faible. Seulement 13,5 tirs tentés par match en moyenne ! Encore plus alarmant, Tottenham concède plus de tir qu’il n’en tente… 15,4 tirs concédés par match en moyenne depuis le début de la saison. Une statistique qui se reflète sur le nombre de buts : les Spurs en ont marqué 18 (soit un but tous les 8,3 tirs) et en ont encaissé 21 (soit un but tous les 8 tirs). Quoi qu’il en soit, ces éléments mis en avant ne reflètent pas la qualité intrinsèque des Spurs et la tendance se doit d’être inversée. Le plus rapidement possible !

A propos Clément Barbier 23 Articles
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