Lorsque les Merengue confient à Gareth Bale le plus gros salaire du club en verrouillant son contrat en 2016, trois ans après avoir déboursé 100 millions d’euros pour s’attacher ses services, ils s’imaginent tenir entre leurs mains le grand remplaçant de Cristiano Ronaldo. Encore trois ans plus tard, on se demande bien ce qui a pu mal tourner…

Ronaldo out, Bale in ?

La soif de superstars de Florentino Pérez n’est plus à prouver. Son premier mandat l’a illustrée avec les iconiques Galactiques. Et le second n’est pas non plus placé sous le signe de l’austérité. À tel point que cette soif peut conduire à d’absurdes situations. En témoignent les arrivées, à quatre ans d’intervalle, de deux ailiers gauches à 94 puis à 100 millions d’euros. Il s’agit évidemment de Cristiano Ronaldo et de Gareth Bale. Et alors que le second était censé, à terme, faire oublier le premier, il n’en est rien. 

Car non seulement le Gallois ne fut jamais la digne relève de Ronaldo, mais Ronaldo n’a jamais non plus montré de signes qu’il fallait justement une relève. Vient alors une insensée, redoutée mais prévisible période de cohabitation où les deux superstars se partagent le même poste. On a en effet tendance à l’oublier, mais Gareth Bale s’est bien fait remarqué sur l’aile gauche des Spurs, où il brillait de par ses percées dans l’axe. Il subit donc un premier bridage au Real en étant contraint au côté droit.

Lorsque Ronaldo s’engage pour la Juventus en été 2018, il est encore loin de la pré-retraite. En fait, il laisse au Real Madrid le vide escompté qui ne demande qu’à retrouver la lumière de Gareth Bale, cette fois à son poste. Sauf qu’un an plus tard, le Real Madrid indique à ce dernier la porte de sortie. Que s’est-il passé ?

Le temps des regrets

L’analyse simpliste parlerait d’un problème d’acclimatation. Les footballeurs britanniques ont statistiquement beaucoup de mal à s’exporter en dehors du Royaume-Uni, et le Gallois n’y ferait pas exception. Un dizaine d’années auparavant, Michael Owen éprouvait lui aussi des difficultés à s’imposer à la Maison Blanche après avoir brillé en Premier League. Mais cela reste une explication simpliste, car d’autres ont réussi à outrepasser la barrière culturelle et car chaque cas est particulier. En outre, Madrid ne doit pas être si mal fourni en parcours de golf, puisque telle est la passion de Bale.

L’autre problème auquel tout le monde pense, ce sont les blessures. Gareth Bale a manqué 71 matchs à cause de 17 blessures sur une période de six saisons. Touché au fémur, au genou, aux mollets, aux talons, au pied, au dos, peu de muscles ont été épargnés. Un total impressionnant, entre regrets répétés et running gag, encouragé par un mental inadapté à un tel niveau de compétition. En effet, lorsque les parcours de golf deviennent un échappatoire aux entraînements et un argument de négociation pour le club acheteur, l’on peut questionner sa réelle envie de jouer au football. Ce manque d’adaptation combiné à des absences malheureusement répétées ne peut hélas garantir un haut niveau régulier. Pourtant, Gareth Bale a eu ses moments de gloire et reste un excellent joueur. Pourquoi, alors, une telle mise au ban de la part du Real ?

Et si le problème majeur n’était pas tout bonnement tactique ? Là où Bale voudrait un 4-3-3 à transition où les deux autres attaquants coulissent bien pour libérer des espaces entre la défense et le milieu, il a eu droit au 4-4-2 losange à conservation de Zinédine Zidane. Certes, Bale n’a pas été recruté sur commande du champion du monde 1998, mais il n’a pas été prolongé en 2016 par hasard. Étrange pour le Real Madrid d’accorder, selon les bonus, un salaire de 166 à 388 millions d’euros sur six ans, à un joueur qu’ils ne font jamais jouer au poste et au rôle dans lesquels il les a séduits. 

C’était de la Bale, quand même

Depuis le début, on ne parle que de problèmes, de mésententes, de regrets. Mais est-ce vraiment ce que nous allons retenir de Gareth Bale ? Il y a quand même un joli tableau à dresser. Ses blessures ne lui ont pas privé de 133 titularisations en Liga. Sa prétendue mauvaise adaptation à la vie madrilène ne lui a pas empêché de marquer trois buts dans quatre finales de Ligue des Champions, dont un bijou. En tout, Gareth Bale prend part à 231 matchs pour 102 réalisations et 65 offrandes sous les couleurs du Real Madrid. Décisif toutes les 99 minutes, il repart avec quatre Ligue des Champions, une Liga et une Copa. 

C’est autant de performances qui ont malgré tout justifié, aux yeux de Florentino Pérez, une grasse prolongation de contrat en 2016. Oui mais voilà, le club à nouveau dirigé par Zinédine Zidane compte désormais sur un nouveau héros en la personne d’Eden Hazard. Et au passage, il est, comme Ronaldo et Bale avant lui, la recrue la plus chère de l’histoire du Real Madrid.

 

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"Le joueur de football est l'interprète privilégié des rêves et sentiments de milliers de personnes." César Luis Menotti.