Le monde du football a, depuis maintenant plusieurs années, radicalement évolué dans le domaine technologique. Entre Goal Line Technology et VAR, on ne vit plus le football de la même manière et il ne se passe pas un match sans intervention d’assistance à l’arbitrage par la technologie.

Soucis de dramatisme

L’innovation la plus récente qui déchaîne les débats et les passions est la VAR. Elle est officiellement entrée dans un match de football en fin d’année 2016 et en à peine deux ans et demie, cet outil est devenu un élément central des matchs mais aussi des discussions footballistiques. Toutefois, sa légitimité et sa place dans un match est contestée. Comme en attestent les débats enflammés à la suite du match Manchester City – Tottenham conclu sur un final rempli d’émotions tant pour les joueurs et les entraîneurs que les supporters.

Mais alors, que peut-on reprocher à une innovation qui est censée apporter l’impartialité dans les situations litigieuses ? Tout d’abord, elle empêche le bon déroulé des traditionnelles célébrations de buts. En effet, conscients de la possibilité de la VAR, il n’est pas rare de voir des joueurs s’arrêter en pleine célébration, se privant ainsi de l’émotion primaire du foot. Les joueurs se retiennent de faire exploser leur joie par peur de la VAR, ce qui donne une émotion décalée et malheureusement atténuée. Dans une moindre mesure, c’est aussi un problème pour les supporters qui se retrouvent privés d’une joie spontanée lors d’un but.

Zéro erreur ?

Ensuite, malgré le fait que les arbitres aient accès aux images avec énormément de points de vue, ils commettent malgré tout des erreurs. Celles-ci sont d’autant plus frustrantes pour le supporter qui ne peut plus accorder à l’arbitre le bénéfice du doute de la mauvaise vision de l’action.

De plus, le fait est que l’arbitre puisse voir des images auxquelles nous, simples spectateurs, sur nos écrans, n’avons pas droit. Cela nous fait légitimement penser qu’il pourrait éviter les méprises dans la majorité des cas. Or, il demeure encore un trop grand nombre d’erreurs flagrantes.

Temps gâché

Un autre problème a été rencontré et constaté lors du match Real Madrid – Ajax Amsterdam. Il s’agit du temps que peut prendre une consultation de la VAR. On assiste parfois à des coupures de plus de cinq minutes de jeu. Voilà de quoi casser fondamentalement le rythme du match. C’est un problème autant pour les joueurs qui peuvent voir leurs performances altérées de part ces longues interruptions, mais aussi pour le spectateur qui voit la rencontre perdre en intensité. En conséquence, cela donne lieu à des temps additionnels dépassant parfois les dix minutes. Mais rallonger les matchs et les rendre moins intenses car moins fluides nuit au spectacle.

Enfin, le dernier vrai problème que pose la VAR est la rapidité de consultation. Parfois, deux minutes après un but ou une faute dans la surface, il arrive que l’arbitre interrompe le jeu pour aller consulter la VAR. Si la décision de l’arbitre implique un changement par rapport à sa décision initiale, on revient donc à ladite action. Le problème constaté ici est que dans plusieurs matchs, l’annulation d’un but ou d’un penalty adverse sifflée pendant cette période soit reconsidérée ensuite car la décision arbitrale revue après examen de la VAR concernait une action antérieure. Il est donc légitime de se demander si annuler ces minutes jouées en vain ne serait pas une bonne idée.

Pour faire preuve d’objectivité, on peut accepter que la VAR ne présente pas que des défauts. Évidemment et heureusement, lla majorité des situations soumises à l’examen de la VAR aboutissent sur une bonne décision de l’arbitre. Les résultats des matchs à l’heure actuelle peuvent ainsi être qualifiés de « plus justes ». Il est intéressant d’évoquer les points positifs et négatifs de la VAR. Mais y aurait-il des solutions à ces problèmes ?

Séparation des pouvoirs

Concrètement, une solution est clairement à envisager : le partage du pouvoir décisionnel. Actuellement, l’arbitre central est le seul à prendre les décisions pour chaque action du match. Il paraît donc logique qu’il doive visionner la vidéo quand il y a lieu. Les arbitres dans le camion situé aux abords du stade ne peuvent qu’orienter sa décision ou l’alerter pendant le match. Le partage consisterait à donner à ces arbitres le pouvoir de décider si un but est valide ou non et si un penalty est à siffler ou non. En n’étant concentrés que sur cette tâche, ils seraient bien plus lucides pour prendre une bonne décision.

Pour aller encore plus loin, ils pourraient même prendre des décisions sur les fautes en jeu ou sur les corners. Aujourd’hui, on ne soumet pas ces situations à la VAR par soucis de fluidité du jeu. Mais cela dynamiserait bien plus le jeu car l’arbitre resterait tout le temps sur le terrain et n’aurait qu’à écouter la décision de ses assistants vidéo.

Pour ce qui est des problèmes évoqués plus haut, cela ne réglerait pas vraiment le souci de la célébration et de l’attente de validation du but. Mais cela réduirait le nombre d’erreurs car les camions sont composés de plusieurs arbitres plus lucides. En effet, eux n’ont pas à courir 90 minutes sur un terrain et ils n’auraient alors à analyser que ces situations-là. De plus, les temps de consultation seraient bien plus courts. En effet, l’arbitre n’aurait plus à se déplacer ni à voir les images plusieurs fois.

Cette solution ne résout bien sûr pas tout. Mais ce système d’assistance vidéo ne peut être parfait. Car en fin de compte, c’est bien un humain qui prend la décision, et non une machine.

 

Auteur : @SVH2_