Si le Championship devait se terminer aujourd’hui, une équipe mythique remonterait en Premier League : le Leeds United Football Club. Cela fait près de quinze ans (depuis 2004) que l’équipe des Peacocks ne l’a plus vue. Et pourtant Leeds est connu dans toute la sphère football.

Pas seulement pour sa paire Kewell-Viduka que l’on pouvait prendre à PES – et qui a tout de même marqué près de quarante buts lors de la saison 2002-2003. Pas uniquement car Cantona y a gagné le championnat pour la dernière fois de l’histoire du club en 1992 avant d’aller le gagner la saison d’après avec le rival de Manchester United (premier joueur de l’histoire du football anglais à le faire avec deux clubs différents, avant un certain Ngolo Kanté). Peut-être un peu parce que c’est face à Leeds que Thierry Henry a marqué en Cup pour son come-back avec Arsenal (en janvier 2012). Mais certainement pas parce que c’est El Loco Bielsa qui entraîne l’équipe depuis le début de la saison.

Leeds United est connu car c’est l’archétype de l’équipe anglaise. C’est son public, sa ferveur, ses chants, ses hooligans et sa pluie qui font de Leeds un club mythique. Afin de préparer au mieux sa remontée en Premier League, que l’on espère de tout cœur ; voici quelques informations primordiales sur la ferveur qui existe autour de ce club atypique.

Un chant de supporters pour et par les joueurs

Quiconque a eu la chance d’aller voir un match à Ellan Road ne peut que se remémorer avec émotion l’entrée des joueurs. Car il importe peu que le club ne soit pas en Premier League ; les supporters, nombreux, chanteront dans tous les cas. Et ils chanteront un chant qui n’appartient qu’à eux : le fameux Marching on Together. En 1972, le club est au cœur de sa décennie dorée (1965-1975) et gagne la Cup pour la seule fois de son histoire. Afin d’accompagner le parcours de son équipe, le club sort un disque où figure le fameux chant.

Contrairement à la plupart des chants de supporters, celui-ci est une composition originale. A sa sortie il est même chanté par les joueurs de l’équipe. Il restera d’ailleurs pendant 3 mois dans les meilleurs disques vendus pointant même à la dixième place. La remontée en Championship en 2010 a poussé le club à en sortir une version remasterisée. C’est bien gentil, mais l’intérêt d’un tel chant est de l’entendre de ces fameux supporters. Un œil aux paroles fait résonner l’amour que des supporters peuvent avoir pour un club :

« We’re gonna stay with you forever
At least until the world stops going round
Every day, we’re all gonna say
We love you Leeds! Leeds! Leeds! »

Une ferveur qui se déplace

Car tout bon fan de Leeds doit se lever et chanter à l’entame des deux périodes. Comme tout bon public anglais, il aime chanter mais il est également connu pour certaines spécificités. Leeds a pour particularité que la ville ne possède qu’un seul club de football professionnel. Fait unique pour une ville de cette taille au pays du football. Naturellement, l’ensemble des habitants de Leeds soutient dès lors les Peacocks (qui veut dire « paons » en anglais, en référence non pas à l’animal en lui-même mais à l’ancien nom de la rue où se situe le stade : The Old Peacock Ground).

Mais si le nombre est une chose c’est la ferveur qui entoure l’équipe qui surprend encore et toujours. Depuis la relégation il y a près de quinze ans, le club a connu une descente aux enfers comme peu de clubs ont dû en subir. Entre scandales et déroutes financières, mauvais résultats sportifs et instabilité à la tête du club et l’équipe ; nombre de clubs auraient perdu leur soutien populaire. Mais il suffit de jeter un œil au classement des supporters présents pour les matchs à l’extérieur de leur équipe pour constater une domination sans partage de Leeds. Allez vous pencher sur les affluences et vous verrez Leeds en tête du classement de Championship de 2010 à 2016, puis de nouveau l’année dernière.

En plus d’être un public qui chante, c’est un public qui se déplace quel que soient les déboires que connaît son équipe. Tant qu’il y aura des joueurs pour se donner à fond pour le club, les supporters seront là.

Leeds : un passé violent pour une haine (jalousie ?) actuelle

Cette ferveur ne passe pas inaperçue. Peut-être aussi parce que les supporters des Peacocks sont à chaque fois en nombre, les chants anti-Leeds foisonnent dans les stades anglais. C’est ce qu’avait révélé le Daily Mirror en 2015, qui plaçait Leeds en tête de clubs les plus chantés (comprendre « insultés ») par les autres équipes. Mais cette cordiale détestation de Leeds ne vient pas de sa ferveur mais de son passé houleux.

Un déclic dans l’histoire du club se situe en finale de la Coupe des clubs champions européens de 1975. Le 28 mai, Leeds affronte le Bayern Munich au Parc des Princes. Ce soir-là, l’arbitre français refuse un but, après n’avoir pas sifflé deux penalty pour Leeds suite à des actions litigieuses. C’en est trop pour les fans. Ils balancent les sièges du Parc sur le terrain avant de l’envahir et d’en découdre avec les policiers parisiens. Cet épisode est un tournant pour deux raisons : cette défaite, bien évidemment jamais reconnue par les supporters, amorce la fin de l’âge d’or du club; et il montre à grande échelle la violence de ses supporters. Cette violence perdurera dans les décennies suivantes, poussant certains clubs à ne pas jouer dans leur propre stade par peur des hooligans de Leeds (en 1987, en 3ème tour de la FA Cup).

Cette triste réputation s’atténue depuis quelques années avec l’utilisation des caméras et une baisse générale de la violence dans les stades anglais. Mais elle a fait la réputation de Leeds, et nourrit aujourd’hui encore les insultes des autres clubs. Si la ferveur est toujours belle à entendre, elle se transforme parfois chez des gens pour qui la violence est un plaisir.

Alors pour toute ces raisons, vivement que Leeds remonte. Pour que ce public et son équipe marchent de nouveau main dans mains sur les grasses pelouses de Premier League. Que leur ferveur donne raison aux insultes des autres supporters. Et qu’ils rappellent encore et toujours qu’à Leeds, l’amour ne s’achète pas .

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