Pourquoi aime-t-on tant le football ? C’est en réfléchissant à cette belle question, après avoir souffert devant les 90 minutes de confrontation entre le Toulouse FC et l’AS Saint-Etienne que je me suis rendu compte que le football est un symbole du capitalisme passé. D’un capitalisme à visage humain, un peu paternaliste, avec un ou deux siècles de retard.

Papa capitalisme

Le football est en effet l’expression d’un capitalisme paternaliste. Quelle différence entre Schneider qui va construire des logements pour ses ouvriers et un quelconque président de Ligue 2 construisant des infrastructures pour ses supporters ? Cela reste dans les deux cas la construction par quelqu’un de puissant de quelque chose pour ce qui permet à son institution d’exister. L’ouvrier payé dans l’usine est le même que le supporter qui paye dans le stade. C’est celui qui va faire vivre dans les deux cas, même si l’objectif n’est pas tout à fait le même. Dans un cas, celui que l’on a vécu durant le 19ème siècle, c’est l’objectif de survivre, de gagner son pain. Mais dans notre football actuel, le capitalisme paternaliste s’exprime comme raison de vivre. Car le football est pour nous tous une raison de vivre. Nous lui donnons tant que nous sommes obligés de l’aimer.

Et aussi un peu la même évolution. Le Royaume-Uni n’est plus le seul atelier du monde. Car leur appareil de production industriel n’a pas été renouvelé depuis Watt (1876), et de même pour leur football. Ils l’ont créé. Mais ils l’ont perdu. Et si la colonisation du 17ème fut contestée en Afrique australe (guerre des Boers en 1899), il en va de même pour le football. Car les anciennes colonies gagnent de plus en plus de puissance. Le parlement entame discutions pour l’indépendance de l’Irlande à la fin du dix-neuvième. Et aujourd’hui, quelles sont les réflexions du football ? Le sort du Barça en cas d’indépendance catalane, le statut des footballeurs européens après le Brexit. Comme une espace de continuation des mêmes cycles.

Capitalisme mort ?

Mais ce capitalisme passé qui s’exprime dans le football peut paraître parfois mort. Car en réalité, le football ne vit pas au 21ème siècle. C’est en effet un des seuls domaines de la société où les hommes gagnent infiniment plus que les femmes, et que cela ne choque personne. C’est un des seuls domaines où les hommes restent « dominants » par rapport aux femmes. Il n’y a qu’à voir les queues devant les toilettes dans les stades. C’est sans doute le seul endroit du monde où il y a plus de queue devant les toilettes des hommes ! Le football vit avec les schémas centrés sur l’homme. Et cela commence tout doucement à changer. Dans les pays nordiques notamment, où les équipes nationales mettent les mêmes subventions homme-femme. Comme un précurseur, comme la Turquie d’Atatürk. Et peut-être dans cent ans, cela sera une norme.

Que se passera-t-il pour le capitalisme dans vingt ans quand nous sommes en 1930 ? Les pays neufs ont profité de la seconde. La France et la Grande-Bretagne avaient encore des avoirs sud-américains, qui sont vendus aux américains. La Californie, formatrice des fighters, carriers et autres cruisers en profite. En 1945, on a peur d’un retour de la crise, de la crise de reconversion. La Russie a fait reculer son économie jusqu’en Sibérie, déplacement des pôles de construction vers l’est. Est-ce un moyen de deviner que le nouveau monde sera celui qui dominera dans les prochaines années dans le football ? L’avantage de l’avenir, c’est qu’il est complètement ouvert…

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)