Memphis, l’ailier gauche néerlandais de l’Olympique lyonnais, sera assurément un joueur clé de son club lors de la saison à venir. Mais cela n’ira pas sans de profondes et nombreuses modifications de son jeu. Et peut-être même de son style. Voilà pourquoi cette saison pour Memphis peut s’intituler La Confirmation.

Le collectif

Il est certes beau et élégant de voir des joueurs partir en dribble, éliminer quelques défenseurs, revenir et repiquer sur leur pied pour conclure une magnifique action en soliste ; mais cette manière de concevoir le rôle d’un ailier en pied opposé est contraire à ce que l’on pourrait nommer « l’éthique du jeu ». En effet, il ne faut pas oublier que le ballon va toujours plus vite que le joueur. C’est-à-dire qu’un jeu de passe léché sera toujours plus efficace qu’un collectif construit sur une somme d’individualité. Pourtant, c’est le plan de jeu sur lequel l’Olympique lyonnais semble vouloir construire sa saison, comme l’a confié Bruno Génésio. Et afin d’affermir cette tactique, l’ancien entraîneur de Besançon semble compter plus que de raisons sur les talents déployés par le joueur formé aux Pays-Bas ; qu’il installe sans concurrence aucune en tant que titulaire indiscutable de l’aile gauche de l’Olympique lyonnais.

Mais le natif de Moordrecht doit pourtant savoir modifier son jeu. Car, dans un collectif qui mettra au moins quelques matchs à s’huiler, il n’est pas envisageable de laisser des attaquants esseulés avoir trop de déchets. Malheureusement pour lui, ces derniers temps, le batave a tendance à s’enfermer dans des dribbles inutiles. C’est en tout cas le constat que l’on peut tirer sans se tromper des rencontres amicales qu’a disputé le club de la capitale des Gaules. Certes, Memphis a repris un peu plus tard que ses coéquipiers, mais il devrait normalement, à l’issue de la préparation, être beaucoup plus affuté et prêt pour la compétition qu’il ne l’est actuellement. Sa technique, très au-dessus de la moyenne des joueurs de Ligue 1, et même de ceux de son club, devrait être plus au service du collectif lyonnais que du seul jeu de l’actuel numéro 11 de l’OL.

Épurer

Pour permettre au jeu de l’international hollandais de se développer à merveille tout en offrant des situations plus qu’intéressantes à toute l’équipe lyonnaise, il faudra épurer son jeu un maximum pour Memphis. Car s’il semble capable de faire la différence à de nombreuses reprises par un des coups de génie dont il a le secret, avec un jeu plus épuré, il serait sans aucun doute sensiblement plus décisif, et ce aussi bien au plan statistique, domaine dans lequel il excelle déjà – cinq buts et sept passes depuis son arrivée sous le maillot des gones –, que sur le plan de la construction du jeu. Car l’Olympique lyonnais, avec le départ de Lacazette seulement remplacé par Mariano, perd plus qu’un avant-centre mais aussi un formidable constructeur de jeu. Ce rôle, laissé libre, devra être repris à son compte aussi bien par Bertrand Traoré que Memphis ou Nabil Fékir.

Qu’est-ce à dire qu’un jeu épuré pour Memphis ? Cela est simple : lâcher plus facilement son ballon. Pour lui, il s’agira de travailler les automatismes avec son latéral, que celui-ci se nomme Fernando Marçal ou Ferland Mendy. Cette tache devrait d’ailleurs être plus facile pour l’ailier gauche de l’OL que la saison passée, où l’on a bien peu vu l’offensif Maciej Rybus, au contraire du très défensif Jérémy Morel, dont les débordements stéréotypés n’ont pas aidé à la fluidité du jeu des hommes de Bruno Génésio. Et si Memphis lâche plus souvent son ballon, pouvant combiner avec la variété de ses latéraux, alors, il sera plus qu’un joueur de talent, mais peut-être même le successeur sur le plan offensif et au niveau de l’impact, d’Alexandre Lacazette. Car le plus important est de savoir se mettre au service de l’équipe, du collectif, avant de penser à sa feuille de statistiques. Et c’est particulièrement vrai dans le cas de dribbleurs comme Memphis.

Memphis, Mariano, Bertrand

Si l’on a vu l’intérêt des combinaisons avec les latéraux, il nous reste à aborder le volet concernant le jeu que va déployer offensivement le joueur d’origine ghanéenne avec ses nouveaux coéquipiers. Il va d’abord falloir surmonter la barrière de la langue, ce qui, dans le cas de Bertrand Traoré, devrait être facilité par l’arrivée de son ancien coéquipier à l’Ajax, Kenny Tete, ainsi que par le passé commun des deux joueurs dans des clubs de la perfide Albion. Non, la barrière linguistique principale sera sans doute avec le récent vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real de Madrid, Mariano Diaz Mejia, dit Mariano. Car ce dernier est avant tout hispanophone. Certes, avec la présence de l’ibère Sergi Darder, l’intégration en sera facilitée. Mais il faut malgré tout sans doute que les trois de devant apprennent le français le plus vite possible, afin de permettre, sur et en dehors du terrain, à la ligne de l’attaque de l’Olympique lyonnais, d’être la plus efficace possible.

La vague de changement à l’Olympique lyonnais devrait d’ailleurs éviter la formation de ce que certains ont pu appeler le « gang des lyonnais », ou même d’autres gangs communautaires. Hors du terrain toujours, leur entente devrait être facilité par leur jeune âge commun : Mariano vient de fêter ses 24 ans et fait figure de vieux briscard, malgré son expérience sur le plan sportif relativement faible.

Mais la vérité sera celle du terrain. Alors que les trois attaquants, au contraire de la jeune classe lyonnaise, notamment Amine Gouiri, ont été relativement discrets, les premiers matchs de championnat devraient permettre à ces derniers de se forger des automatismes. Car il ne faut pas oublier que ce ne sont que les matchs officiels qui permettent d’avoir un véritable état des lieux. Et avec un vainqueur de la Ligue des Champions l’an passé en la personne de Mariano, un finaliste de la Ligue Europa nommé Bertrand Traoré et un vainqueur de cette même compétition en la personne de Memphis, grâce à ses quelques minutes avec Man United, l’Olympique lyonnais a, au moins sur le plan du palmarès, une ligne offensive qui devrait faire peur à plus d’une défense de Ligue 1 !

Article initialement publié par NSOL sur VAVEL sous le même titre.
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