Francis Gillot est l’entraîneur de l’AJ Auxerre. Il s’occupe actuellement du stage de son équipe, et s’est exprimé. Retrouvons ses propos.

Vous avez un passé de coach de Ligue 1 avec Lens, Sochaux ou Bordeaux. Pourquoi avoir accepté de relever le challenge de l’AJ Auxerre en Ligue 2, qui vient de terminer 17e la saison dernière ?

Francis Gillot : Cela faisait un petit moment qu’ils me suivaient. J’avais rencontré l’actionnaire à Noël à Bordeaux puis le président Francis Graille. J’attendais la fin de saison car je ne voulais pas entraîner en National. Je leur ai donc dit gentiment d’être patients s’ils me voulaient encore six mois plus tard. Au lendemain du dernier match de la saison et du maintien de l’AJA, le président Graille m’a téléphoné et j’ai trouvé vraiment quelqu’un d’attachant, qui avait envie de travailler avec moi. L’actionnaire chinois me connaissait aussi depuis mon passage à Shanghai. C’était un coup de cœur pour moi par rapport au discours et à leur gentillesse. On a discuté de l’effectif, j’ai vu qu’il y avait de l’ambition par rapport à un projet de deux ans. Et puis c’est un nouveau challenge à relever. J’ai connu la L1, les jeunes, l’étranger… donc c’est une motivation pour moi de découvrir la Ligue 2.

Vous disposez donc d’un projet de deux ans pour monter ?

Francis Gillot : C’est sûr que nous allons tout faire pour remonter le plus vite possible. Mais il y a deux mois Auxerre était plus près du National que de la L1 il ne faut pas l’oublier. Neuf joueurs sont partis, cinq sont arrivés et il en manque encore au moins quatre pour avoir une bonne ossature. Aujourd’hui (jeudi), nous ne sommes que 16 avec trois gardiens. Il reste du travail à faire, même si beaucoup a déjà été fait par Cédric Daury (directeur sportif) et les dirigeants. Donc aujourd’hui, nous ne sommes pas parmi les favoris avec l’effectif qu’on a. Mais j’espère bien que d’ici quinze jours-trois semaines on disposera d’un effectif plus étoffé.

Vous avez également eu l’opportunité de venir à Auxerre avec votre propre staff. Ça a compté dans votre décision ?

Francis Gillot : Oui, je travaille avec Alain Bénédet ou Cédric Blomme depuis longtemps. Ce sont des gens de confiance, et on s’entend bien. Pour moi ce n’est pas un staff technique, ce sont des amis. Travailler avec ces gens-là, plus le président et Cédric Daury que j’ai appris à connaître… Franchement je pense que tous les coachs aimeraient être à ma place dans ces conditions.

Était-ce votre volonté d’amener Jérémie Janot au poste d’entraîneur des gardiens aussi ?

Francis Gillot : Non, ça c’est une idée du président. Mais j’étais tout à fait d’accord pour sa venue car il est dynamique, plus jeune que nous. Il peut amener quelque chose d’autre. Il nous montre son enthousiasme et on rigole bien ! C’est important en dehors des entraînements.

Comment se sont déroulés vos premiers pas à l’AJ Auxerre, et à la rencontre de votre groupe ?

Francis Gillot : On sent qu’il y a une attente des dirigeants, du personnel administratif et de toutes les personnes qui aiment le club. On sent que les gens étaient un peu abattus, et qu’ils revivent un peu avec cet actionnaire et ce projet intéressant. Mais le plus dur commence. Au niveau du groupe, on sent une bonne ambiance pour le moment. Après vous me direz, quand on démarre ça va toujours. Mais ils ont envie de faire quelque chose de bien. On va faire le maximum, et on sera récompensé de notre travail car des gens ici le méritent.

Dans quel état d’esprit avez-vous trouvé vos joueurs après la saison dernière très délicate ?

Francis Gillot : Ils sont conscients qu’ils sont passés à côté de la correctionnelle. Quand je vois l’intensité des entraînements depuis dix jours, il y a l’envie de bien faire et de ne plus revivre une saison comme celle-là. Là, ils savent que nous avons les moyens de recruter. Cinq joueurs sont déjà arrivés et ils montrent déjà leur valeur. On a toujours envie d’avoir la meilleure équipe possible.

Le fait que les cadres comme Zacharie Boucher ou Mickaël Tacalfred aient prolongé leur contrat, c’est un bon signe pour vous ?

Francis Gillot : Bien sûr ! Il y a beaucoup de jeunes donc il faut les encadrer. Eux ont montré l’année dernière qu’ils étaient des bons professionnels. Il manque aujourd’hui des joueurs de 25 à 28 ans, des recrues de ce profil.

Est-ce qu’il existe justement des contacts avec Mohamed Yattara, Birama Touré ou Yaya Sané pour tenter de les récupérer après leur prêt réussi ces six derniers mois ?

Francis Gillot : On a essayé mais c’est compliqué à cause des clubs, ou des joueurs qui cherchent peut-être autre chose. C’est vrai qu’on a essayé de sonder ces trois joueurs qui ont fait un bien énorme à la trêve. Mais les clubs sont trop gourmands. Ils pensent que, parce qu’on a des Chinois à la tête du club, on peut tout faire. Mais nous ne sommes pas les Qataris du PSG. Tous les achats sont calculés, le président Graille est quelqu’un d’expérience. Le projet est sur deux ans, donc si on arrive à prendre 7-8 joueurs cet été et à en garder 5-6 pour l’année prochaine, on aura juste à compléter cette ossature pour avoir une équipe encore plus complète. Mais je rappelle que le projet est sur deux ans. A l’heure actuelle on ne fait pas partie des favoris. Si on prend encore 4 joueurs de bonne valeur, là on pourra en rediscuter.

Qu’attendez-vous de Pape Sané, prêté pour la saison par Caen à l’AJA ?

Francis Gillot : J’attends de la profondeur de sa part. Gaëtan Courtet a marqué beaucoup de buts mais il faut quelqu’un qui déménage à côté de lui. L’objectif, c’est d’avoir deux buteurs dans l’axe avec sur les côtés des garçons comme Obraniak ou Barreto quand il sera remis de sa grosse entorse. L’idée, c’est de jouer en 4-4-2. On sait que nos attaquants vont marquer, donc à nous de bien travailler au milieu et derrière pour les soulager.

Vous prônez plutôt une philosophie offensive, que vous voulez donc transposer ici ?

Francis Gillot : Tous les entraîneurs veulent jouer et marquer des buts. Mais tout dépend de l’effectif que l’on a. A Lens, j’ai commencé en 4-4-2. Puis à Sochaux, on était pratiquement la meilleure attaque la dernière année en jouant en losange avec des Martin, Boudebouz… Quand on a des joueurs comme ça, c’est facile de jouer l’attaque. A Bordeaux, j’avais moins le choix, je me suis adapté en 3-5-2 et on a fait une bonne saison comme ça. Donc je vais m’adapter à Auxerre, mais ma première idée c’est de mettre deux attaquants car c’est le meilleur moyen de marquer je pense.

Vous allez retrouver vos anciens clubs, Lens et Sochaux, cette saison. Que pensez-vous de leur situation actuelle ?

Francis Gillot : Je pense que Lens est un club de L1. Avec ce public, c’est dommage qu’ils soient en L2 parce qu’ils ont largement leur place au-dessus. Après je ne vais pas leur souhaiter de remonter cette année car ce serait une place en moins pour nous (rires). Mais ça me fait mal au cœur pour eux car j’ai encore beaucoup d’amis qui travaillent au stade ou à La Gaillette. C’est dommage pour eux car ils ont manqué le coche de très peu.

Sochaux, c’est une grande partie de ma vie d’entraîneur. J’ai commencé avec le centre de formation, puis trois ans en équipe première. Les deux premières saisons ont été difficiles car on avait beaucoup de jeunes à lancer. La dernière année, on a récolté ce qu’on a semé et on était très content de finir 5e, jai pris énormément de plaisir. C’était pratiquement le doyen de la L1. Et tout à coup ça tombe en L2 et c’est difficile de remonter ensuite.

Quel bilan tirez-vous de ce stage au Touquet ?

Francis Gillot : On a passé une bonne semaine dans de bonnes installations. Je trouve que nous sommes sur la bonne voie. Le hic, c’est la blessure de Mickaël Barreto. C’est un gros problème pour nous car on n’a pas d’autres joueurs à son poste. J’espère que les examens vont être rassurants. C’était un petit stage de 5 jours, on va encore en faire un à Dinard plus tard. Pourquoi en faire deux ? En L1, on fait souvent cela. C’est toujours bien de vivre ensemble 3-4 jours pour se connaître un peu mieux.

Propos de Francis Gillot via ML2

 

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