Youssef Aït-Bennasser était interviewé par son club, l’AS Nancy Lorraine. Retrouvons ses propos. Il retrace notamment sa carrière, du début, jusqu’à aujourd’hui.

Toul (et le football de rue)

« J’ai grandi dans le quartier de la Croix de Metz. J’ai joué au FC Toul et aussi beaucoup appris en jouant dans la rue avec mes copains. Quand j’avais une dizaine d’années, je devais passer presque la moitié de mes journées sur le city stade. Pendant la pause de midi, je me dépêchais de déjeuner pour aller jouer un peu avant la reprise de l’école et j’y retournais dès la fin des cours. Cela passait avant mes devoirs (sourire).

On n’avait que ce petit terrain pour jouer et parfois le gymnase le dimanche après-midi. Il y avait beaucoup de monde et notamment des plus grands. On avait à cœur de les battre pour pouvoir ensuite les chambrer (sourire). Cela m’a appris à être malin, à réfléchir davantage, à jouer plus vite pour éviter le dribble et donc le risque de contact. On peut vite être blessé ! C’est aussi un football sans règles où l’on essaye de se montrer. On joue vraiment libéré. On ose plein de choses. »

Velaine-en-Haye (et les années formation)

« Quand je suis arrivé au centre de formation, j’ai d’abord eu quelques difficultés à m’adapter. C’était nouveau pour moi de m’entraîner deux fois par jour. Je suis passé par des moments de doute. Il y avait des joueurs qui venaient de toute la France. C’était du coup plus compliqué pour moi et je devais travailler davantage pour être au niveau. Cela m’a appris l’humilité. Mon objectif était devenir professionnel, mais je n’avais aucune certitude. Je voulais franchir les étapes les unes après les autres et ne voyais pas plus loin que ma saison en cours.

Le déclic s’est produit lors d’un match de coupe Gambardella à Paris. On voulait aller le plus loin possible et on a réussi un match énorme. Malheureusement, on s’est fait sortir aux tirs au but. Vincent Hognon s’était déplacé pour nous voir. Dans une carrière, il faut répondre présent à certains moments importants. C’est ce que j’ai réussi ce jour-là. J’ai alors enchainé avec quelques entraînements avec l’équipe professionnelle. Je voulais montrer que j’étais heureux d’être avec eux et que ce n’était pas le fruit du hasard. C’est à partir de là que cela s’est vraiment décidé pour moi. »

Nancy (et les débuts en pro)

« Ma première à Marcel-Picot restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’était face à Tours lors de la première journée. Je n’avais pas l’habitude de jouer avec autant de supporters, mais aussi devant ma famille et tous mes amis. Tout s’est ensuite passé très vite : un premier contrat pro, 33 matchs de championnat, une première convocation avec le Maroc et surtout ce titre de champion de France de Ligue 2 !

Cette première saison a vraiment été très forte. C’est pour cela qu’il est important que je garde bien la tête sur les épaules. Mes proches m’aident beaucoup. J’ai aussi davantage de pression pour cette deuxième saison. Le coach est un peu plus strict avec moi. C’est normal, car je ne peux pas être moins bon. C’est aussi la découverte de la Ligue 1. Il y a davantage d’espaces, plus de vitesse et des joueurs de grande qualité. On évolue dans de beaux stades avec beaucoup de public. Mais, c’est surtout un championnat où les erreurs se paient cash. On l’a malheureusement vite constaté. »

Monaco (et un avenir déjà tracé)

« Appartenir à l’AS Monaco ne change rien pour moi. Je cherche toujours autant la gagne et veux aller chercher ce maintien pour l’ASNL, pour mon club formateur. Cela me tenait vraiment à cœur de rester encore ici une saison. D’ailleurs au début, l’AS Monaco ne voulait pas me prêter. Heureusement, les discussions avec Nicolas Holveck ont abouti. Je me suis juste entraîné avec eux lors de la première semaine de préparation. Je n’ai pas eu trop le temps de visiter, mais j’ai quand même été marqué par le chic de cette ville.

Cette semaine en Principauté m’a surtout permis de rencontrer le coach, son staff et les joueurs. C’était important pour moi. Je suis d’ailleurs toujours régulièrement en contact avec le préparateur physique, le responsable du recrutement ou les kinés. C’est un excellent club pour progresser, car il donne sa chance aux jeunes. Il m’a aussi marqué quand j’étais gamin avec ses matchs de Ligue des Champions à l’époque de Giuly et Morientes. »

Ouarzazate (et les Lions de l’Atlas)

« J’ai passé beaucoup de mes grandes vacances à Ouarzazate. C’est la ville de mes parents. Ils ont été très fiers de moi quand j’ai opté pour la sélection marocaine. Nous avons pris la décision ensemble. J’entendais des bruits sur des présélections en équipe de France espoirs, mais je n’apparaissais jamais sur les listes. Le déclic a été la visite de Mustapha Hadji. Il est venu discuter avec moi pour connaitre mes ambitions. Ça m’a touché qu’il vienne me voir en forêt de Haye. Jouer des matchs internationaux avec le Maroc me sert en club. »

 Propos d’Aït-Benasser via ASNL
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