Les barrages, ce n’est donc pas une nouveauté. Est si les barrages ont fait leur retour en Ligue 1 et Ligue 2 cette saison, déjà, des protestations s’élevaient. Et déjà, le 08 juin 1954, le journal sportif Miroir Sprint pestait contre cette initiative, un attentat pour le football, selon lui. Et laissons-les développer leurs arguments !

Les barrages : un attentat contre le football

35.000 spectateurs ont assisté mercredi soir au Parc des Princes à un match qui, de l’avis unanime, fut le plus beau que l’on ait vu cette saison à Paris. Les joueurs de Reims et de Lille furent les brillants acteurs de cette rencontre qui eût donné à un observateur étranger une haute idée de la valeur technique, tactique et athlétique du football français.

30.000 spectateurs ont vu dimanche une pitoyable parodie de football, une laide bagarre collective de 90 minutes, où accidents réels et simulés, incidents violents et burlesques se succédèrent sur un fond de tentatives incohérentes de pousse-ballon. Le Racing l’emporta en marquant finalement deux buts aussi heureux que celui qui semblait avoir donné la victoire au Stade en première mi-temps.

Mais il n’est pas utile d’en dire plus long sur l’aspect technique d’un match qui n’eut de football que le nom.

Lorsque l’on essaie de comprendre le sens de ce spectacle, navrant pour les vrais sportifs, on perd l’envie de s’en prendre à ceux des acteurs de cette bataille de rues qui oublièrent les lois élémentaires du fair-play, en oubliant celles du jeu.

Si des garçons corrects, appartenant à des clubs, qui entretenaient jusqu’ici des relations cordiales, ont pu se transformer en « battants » prêts à utiliser tous les moyens pour mettre hors de combat les adversaires, ou en comédiens, utilisant toutes les ficelles de la démagogie pour se concilier la faveur du public… il faut chercher la raison de cette pénible métamorphose.

Cette raison est simple. C’est la formule même des « barrages » qui a manifesté dimanche son incompatibilité avec l’esprit du sport. Il suffit de réfléchir une seconde pour comprendre que l’on ne peut jouer le sort de toute une saison sur un duel, même comportant deux manches.

Le championnat, épreuve de régularité, comporte une sanction logique : son classement final avec des conséquences également logiques : descente et accession automatiques. Le barrage est une solution illogique et antisportive. Dès l’adoption de cette formule – aussi inutile qu’irrationnelle – les gens de bon sens ont mis le Groupement en garde contre ses inévitables conséquences…

Les incidents du Parc des Princes ont donc montré qu’il était nécessaire de tenir compte de leur avertissement.

F.T.

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BARRAGES POUR L’ACCESSION

EN DIVISION 1

1er match, — Racing bat Stade : 2-1.
Buts : Beaucomont (29e minute); Courteaux (79e); Curyl (89e).

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