Pep Guardiola est souvent associé au mot génie, aussi bien pour ses inventions tactiques que pour sa lecture des adversaires. Si certains ratés, à l’image de la finale de la Ligue des Champions 2021, pourraient venir assombrir le tableau, sa domination sur les différentes compétitions qu’il a disputées tout au long de sa carrière est sans égal. Aujourd’hui nous allons analyser le travail de Pep sur ses latéraux, qui sont peut-être les facteurs X des équipes de Guardiola.
Dans le football moderne, le rôle d’un poste peut disparaître ou se transformer pour laisser place à un autre rôle. En l’occurrence, dès son arrivée au Bayern Munich, Pep Guardiola n’a pas tari d’éloges sur le légendaire capitaine du navire bavarois Philipp Lahm, qu’il a replacé au milieu après un été de réflexion :
« C’est une énorme surprise, et Philipp me surprend toujours un peu plus chaque jour, a reconnu l’ancien entraîneur du FCB. Il était l’un des meilleurs latéraux au monde, maintenant c’est aussi l’un des meilleurs milieux au monde. Et je suis sûr qu’il serait l’un des plus grands attaquants au monde si je le faisais jouer devant.«
Guardiola l’a tout de suite compris : son capitaine lui permettra d’essayer quelque chose de nouveau. L’Inverted Wingback (l’ailier inversé arrière en français) était né.
Qu’est-ce que l’inverted wingback ?
C’est un dispositif tactique qui donne la possibilité à l’équipe de se projeter vers l’avant avec un surnombre dans la partie adverse du terrain, ayant pour but de perturber la défense. Il pousse les adversaires à se regrouper dans leur camp, de peur de laisser trop d’espaces vu le nombre de joueurs l’équipe protagoniste dans leur partie du terrain. Mais ce dispositif n’est pas sans défauts, car il laisse beaucoup d’espace dans sa propre défense. Le risque de se faire surprendre par de longs ballons dans le dos est très élevé. Surtout contre une équipe avec des attaquants rapides qui peut faire très mal en contre-attaque.
Après son arrivée à Manchester City, le coach catalan a essayé de reproduire le même dispositif qu’en Allemagne. Il a tenté le coup avec Fabian Delph et Oleksandr Zinchenko, mais malheureusement l’Anglais avait des limites tactiques quand l’Ukrainien était encore jeune et manquait d’expérience tactique. De son côté, Kyle Walker arrivait à reproduire plus au moins ce que Pep Guardiola voulait de lui. Mais beaucoup de carences tactiques perduraient chez l’international anglais, qui se montre bien plus impressionnant dans l’impact physique et la vitesse. C’est pour cela qu’à un moment de la saison dernière il était relégué au rang de remplaçant au profit du nouveau facteur X de Pep, le Portugais João Cancelo.
Pourquoi Cancelo est aussi performant ?
Que ce soit à droite ou à gauche, son rendement est le même. Le Portugais est peut-être actuellement le meilleur joueur de City avec Riyad Mahrez et son compatriote Bernardo Silva. Pep Guardiola l’utilise en inverted wingback, principalement contre des équipes jouant en 3-4-3. Car c’est là où ça fonctionne le mieux : les deux latéraux de City se mettent dans l’axe de la partie adverse du terrain, ce qui augmentera le nombre de Citizens à 8 contre 7 dans les 40 et 30 derniers mètres. De quoi offrir plus de possibilités offensives aux Sky Blues.
Pour exemple, à la mi-saison, les meilleurs joueurs de Premier League sont Trent Alexander-Arnold, Mo Salah et João Cancelo. Le latéral portugais est le joueur qui fait le plus de passes réussies vers les 30 mètres adverses. Il est également le joueur qui réussit le plus de passes vers la surface adverse. Et c’est celui qui fait le plus de courses progressives dans les 30 mètres adverses. Voyez plutôt toutes les statistiques dans le tableau suivant :
Nous aurions pu aussi citer David Alaba, qui avait les mêmes missions et rôle sur le terrain à l’époque du Bayern que les latéraux cités dans l’article.
