Cet été, le jeune coach de 34 ans a débarqué en Bavière avec une réputation de génie. Julian Nagelsmann avait fait ses preuves avec le TSG Hoffenheim, qu’il avait sauvé de la relégation et remis sur le bon chemin. Sans oublier son passage chez les Rotten Bullen de Leipzig, où il termine deux fois vice-champion d’Allemagne, fait une finale de coupe et bien sûr la demi-finale de Final 8 en 2020.

Julian Nagelsmann arrive en remplacement de Hans-Dieter Flick, qui a tout remporté avec le Bayern Munich. L’ancien coach de Leipzig a donc décidé de garder ce qui a été mis en place par le nouveau sélectionneur de la Mannschaft. Il a cependant apporté quelques petites retouches qui peuvent rendre ce Bayern encore bien plus fort. Que retenir de ces premiers mois ?

Sous Flick, le déséquilibre avait ses limites 

Le déséquilibre était le principal défaut du Bayern sous pavillon Flick. Certes, c’était quelque chose de voulu par ce dernier, qui se reposait sur une force offensive explosive capable de marquer plusieurs buts par match. Mais cette mentalité de jeu a des limites. Preuve en fut du match contre le Paris Saint-Germain en quart de finale de Ligue des Champions. Beaucoup trop d’espace laissé dans le dos de la défense ; Kylian Mbappé n’avait pas hésité à mettre un doublé à l’Allianz Arena. Ce problème était également visible en championnat. Le Bayern concédait systématiquement des buts avant d’enclencher la deuxième pour aller chercher la victoire. Les Roten ont concédé 44 buts en Bundesliga sur la saison 2020-2021, alors qu’ils n’avaient concédé que 32 buts lors des deux saisons 2018-2019 et 2019-2020 chacune.

Plus de discipline tactique et défensive 

Benjamin Pavard expliquait au micro de Bein Sports, après la victoire 3-0 au Camp Nou face au FC Barcelone : « Avec Flick, on jouait aussi du beau football porté vers l’avant. Je trouve qu’on est plus disciplinés avec Nagelsmann cette année. À la perte de balle, on est de plus en plus au contact de l’adversaire, on encaisse beaucoup moins de buts comparé à l’année dernière. »

Et en effet, lors des 6 premières journées de Bundesliga de saison dernière, le Bayern avait concédé 8 buts – avec une grosse défaite lors de la deuxième journée de championnat, 1-4 face au TSG Hoffenheim. Avec Julian Nagelsmann, les Bavarois n’ont concédé que 4 buts sur les 5 premières journées. Et 5 buts toutes compétitions confondues (8 matchs). Mais c’est surtout dans le jeu que cela se ressent, le Bayern concède de moins en moins d’occasions. Rappelons juste cette statistique incroyable : Manuel Neuer n’a eu aucun arrêt à faire contre le Barça au Camp Nou, en ouverture de la Ligue des Champions il y a quelques semaines. Rappelons aussi que le Leipzig de Nagelsmann a fini, la saison dernière, meilleure défense de Bundesliga avec 32 buts concédés. Lors la saison 2019-2020, il terminait deuxième meilleure défense du championnat avec 34 buts concédés.

Le Gegenpressing, la marque de fabrique de la nouvelle génération allemande

Le pressing et le gegenpressing nécessitent de bonnes fondations théoriques et une attitude altruiste¹. La base du travail consiste à avoir de nombreuses séances de vidéos pour pouvoir montrer aux joueurs où ils doivent se placer ou se déplacer. Le but de cette approche est d’apporter le surnombre près du ballon. Évidemment, ce travail est complété par de nombreuses phases avec ballon. Mais lors de celles-ci, il y a énormément de pauses pour corriger et bouger. Cette génération de coach allemands (Klopp, Tuchel, Nagelsmann…) voit le football comme une autoroute, le Fußball Autobahn¹.

Le rôle de Joshua Kimmich et Leon Goretzka, en plus de Marcel Sabitzer qui est arrivé fraîchement du RB Leipzig, n’est plus forcément de protéger la défense, mais d’être les principaux déclencheurs de l’accélération du jeu autour d’eux. Le but est d’asphyxier l’adversaire le plus haut possible. Même à la perte de balle, la mission est de presser, de bouger d’un seul bloc, avec pour objectif de récupérer le ballon le plus vite et le plus haut possible.

Le troisième but du Bayern face au FC Barcelone est un bon exemple. Kinsley Coman et Alphonso Davies font un pressing sur le latéral droit du Barça dans les vingt derniers mètres du camp des Blaugranas. Suite à une récupération de la balle, une seule touche de balle suffit pour servir Gnabry qui est trouvé dans la profondeur. La suite, vous la connaissez tous.

Julian Nagelsmann est au Bayern Munich jusqu’en 2026. Cette perspective est tellement prometteuse que les supporters bavarois espèrent qu’il restera le plus longtemps possible. D’autant que l’ogre bavarois a souvent changé d’entraineurs lors de la dernière décennie.

¹ Source : Raphael Honigstein, Klopp: Football Frisson, pages 100 et 101, Edition Marabout, février 2021.

A propos Tarik Boulouh 16 Articles
Chroniqueur Sportif chez Radio Campus Montpellier. Chroniqueur dans l’émission Sport'N'Chill (RCM). Rédacteur Demivolee.com