Objets de débats infinis des plateaux télévisés aux réseaux sociaux, les cartons occupent une place de choix dans le football moderne. Pourtant, ceux-ci n’ont pas toujours fait partie des Laws of the Game de la FIFA. Ancien professeur, soldat de la British Indian Army durant la seconde guerre mondiale puis devenu arbitre international, c’est Ken Aston qui est à l’origine des cartons à la suite du mondial 1966.

Coupe du monde 1962

Avant d’inventer les rectangles jaunes et rouges en 1966, Ken Aston a encadré une rencontre qui a certainement modifié à jamais sa vie d’arbitre. Chili, 1962. Le Mondial en est encore aux phases de groupes quand le 2 juin, Chiliens et Italiens s’affrontent. Au cours des jours précédant le match, deux journalistes italiens écrivent : « le Chili est un pays corrompu, affligé de tous les maux : malnutrition, analphabétisme, prostitution ouverte et misère générale. » Les journaux chiliens reprennent ces propos et les deux journalistes sont contraints de quitter le pays. Le climat autour de se match s’intensifie. L’arbitre anglais Ken Aston, réputé pour son autorité, est désigné pour diriger la rencontre.

De la bataille de Santiago…

Le match est, comme ce fut prévisible, très tendu. Ainsi, dès la huitième minute, Giorgio Ferreni est expulsé. Enfin, pas immédiatement. En effet, le milieu italien refuse d’abord de rentrer aux vestiaires. Après de longues minutes et l’intervention des officiels de la FIFA et de policiers armés, Ferreni sort du terrain. Cette expulsion échauffe encore les esprits, et ce qui devait être un match de football ressemble désormais plutôt à un combat de MMA entre les 21 acteurs restants. En fin de première période, Mario David essuie ses crampons sur Sanchez, alors au sol. Le Chilien se relève et lui porte « un des plus beaux crochets du gauche que j’ai vu de ma vie », selon le commentateur David Coleman. Évidemment, il ne parle pas de football. Ken Aston, craignant de violents débordements, ne siffle pas contre Sanchez et le jeu reprend.

Les tensions montent encore et à la 41e minute, Mario David fait de nouveau parler sa technique en décochant un high-kick sur la nuque d’un Chilien. Aucune hésitation pour Aston, il renvoie David rejoindre Ferreni aux vestiaires. L’Italie réduite à 9 tient jusqu’à l’ouverture du score chilienne à la 73e minute, puis craque à la 87e. Pas de temps additionnel, Ken Aston siffle la fin du match. La « bataille de Santiago » sera considérée comme la rencontre la plus violente de l’histoire. Pourtant, ce n’est ce match qui va donner l’idée des cartons à Ken Aston.

… à la naissance des cartons

Quatre ans plus tard, Ken Aston est nommé responsable des arbitres de la Coupe du Monde 1966, en Angleterre. Le quart de finale entre l’Angleterre et l’Argentine va voir l’arbitre allemand Rudolf Kreitlein avertir deux anglais, Bobby et Jack Charlton, et même expulser un argentin, Antonio Rattin. Pourtant, les décisions de Kreitlein ne sont pas claires. Le sélectionneur anglais, Alf Ramsey, demande alors des clarifications à la FIFA. En effet M. Kreitlin n’aurait pas indiqué publiquement sa décision d’avertir les frères Charlton. Ken Aston va alors trouver un moyen de rendre les décisions arbitrales claires et comprises par tous. En se basant sur les avertisseurs lumineux des feux tricolores, il va introduire deux types de cartons dans le football. Les cartons jaunes seront utilisés pour donner un avertissement et les cartons rouges en cas d’expulsion.

Le 31 mai 1970 au Mexique, Evgeny Lovchev (URSS) recevra, des mains de l’Allemand Kurt Tschenscher, le premier carton de l’histoire de la Coupe du monde, lors du match d’ouverture Mexique – URSS.

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