Le stéphanois Habib Maïga est désormais bien installé dans le groupe pro des verts. Pour 20 minutes, il s’est exprimé sur son parcours.

Pensez-vous souvent à ce match de préparation avec la réserve stéphanoise (CFA 2) à Thiers le 14 août 2015 ?

Oui, j’y pense tout le temps. C’est un moment qui sera gravé à jamais en moi. Je ne me rappelle pas trop de l’action mais c’était un choc violent. Dès le contact, j’ai su que ça allait être un truc grave.

Votre ancien entraîneur en équipe réserve Bernard David a même affirmé que vous auriez « pu y rester »…

Oui, j’ai évité le pire. Comme on dit, ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Je pense que c’est le cas avec cette blessure : ça m’a rendu plus fort mentalement et ça m’a appris à être patient. Tout d’un coup, je me suis senti moins jeune.

Vous n’étiez pas encore professionnel à ce moment-là. Avez-vous craint que l’ASSE ne croit pas en votre retour au haut niveau ?

J’arrivais en fin de contrat stagiaire. Mais j’ai vite été rassuré par le club qui m’a annoncé que mon contrat serait prolongé d’un an. Je n’avais qu’une chose en tête : revenir plus fort.

L’aboutissement est arrivé en fin de saison passée avec vos quatre premières apparitions en L1 avec Christophe Galtier, même si c’était à un poste inhabituel de latéral gauche…

Un premier match pro, c’était un rêve. J’ai bossé dur pour vivre ce genre de moment et j’étais ému à Bastia (0-0 le 4 mars). On a toujours envie de jouer à son poste mais ça ne me dérange pas de faire le pompier.

Cette saison, vous voilà bel et bien installé dans le cœur du jeu…

La voie est tracée mais tout ne sera pas rose. A moi de toujours bosser, de toujours vouloir plus, d’avoir envie de la perfection. Il y a encore plein de trucs que je dois gommer dans mon jeu.

A quoi ressemblerait un Habib Maïga parfait sur un terrain ?

(Il hésite) Comment dire, je préfère garder ça pour moi (sourire).

Analysez-vous vos premiers matchs professionnels ?

Oui, tout le temps. Je regarde mon match soit le soir même, soit le lendemain. C’est pourquoi je n’ai jamais besoin du jugement des gens ou des commentaires sur les réseaux sociaux. Je sais exactement ce qui a marché ou pas en regardant mes matchs. C’est comme ça que j’arrive à corriger mes erreurs.

Aimez-vous observer des joueurs en particulier ?

Il y en a surtout deux, N’Golo Kanté et Casemiro. Je l’aime bien lui, « le tank ». Il est solide, propre et avec une bonne lecture du jeu.

Et plus jeune, aviez-vous un modèle ?

Je suivais pas mal de joueurs comme Lassana Diarra, Michael Essien ou Frank Lampard. Mais même si ce n’est pas le même poste, Samuel Eto’o fils m’a beaucoup inspiré. Il a montré qu’on pouvait partir de zéro et arriver au sommet. C’est un exemple pour moi. Quand je regarde d’où je viens, et où je suis présentement, ça me donne envie de travailler encore pour arriver plus haut.

On peut donc être ivoirien et préférer Eto’o à Drogba ?

(rires) Non, j’aime trop Drogba aussi. Mais Eto’o m’a plus inspiré.

Estimiez-vous partir de zéro et être très loin de la Ligue 1 pendant votre enfance en Côte d’Ivoire ?

Bien sûr, je n’avais en principe quasiment aucune chance d’y arriver. Je partais à l’école et j’allais jouer au foot après, au centre de formation de Gagnoa, un petit coin à trois heures d’Abidjan. Ma mère n’était pas favorable à ce que j’insiste avec le foot car il n’y avait pas de moyens. Je n’avais même pas de chaussures de foot. Ce sont mes amis qui m’en prêtaient. Puis les choses ont commencé à changer un peu pour moi quand j’ai rejoint la capitale en U16. J’ai été en sélection chez les jeunes et j’ai joué pour Ivoire Académie (D2 ivoirienne). En 2013, on a remporté la CAN U17 au Maroc. Il y a alors eu plusieurs pistes pour moi et j’ai préféré rejoindre Saint-Etienne l’année suivante.

Votre pays ne vous manque-t-il pas trop ?

Je retourne voir toute ma famille au bled tous les six mois à la trêve, ma mère, mes frères… Mon petit frère va jouer en D1 ivoirienne cette année. Vous allez bientôt entendre parler de lui, c’est sûr (sourire).

Le Lyonnais Maxwel Cornet a votre âge et vient de vivre ses premières capes avec la Côte d’Ivoire. En tant que capitaine de la sélection espoirs, on vous imagine impatient…

Je n’ai pas de contact avec le sélectionneur A (Marc Wilmots). Le plus important, c’est d’être performant en club. C’est un rêve de jouer en équipe nationale mais le retard n’empêche pas le bonheur. Là, je suis peut-être en retard mais j’avance tout doucement.​

Moins d’un an après votre premier contrat pro, vous venez de le prolonger le 25 juillet jusqu’en 2020. Quel rôle a eu le nouveau coach Oscar Garcia dans cette prolongation ?

Les discussions avaient commencé bien avant qu’il ne soit à Saint-Etienne. Mais sincèrement, je ne sais pas si son arrivée a accéléré les choses ou pas (sourire).

Estimez-vous que votre première titularisation de la saison dans cette affiche contre le PSG vous a permis de changer de dimension ?

Non, c’est un match dans lequel j’ai beaucoup appris mais j’en vivrai plein d’autres. Rien n’a changé pour moi dans le vestiaire après cette rencontre.

Le coach semble néanmoins vous faire confiance depuis ce soir-là…

En fait, il est comme moi, il ne parle pas trop (sourire). Tout se passe sur le terrain avec lui et je fais le maximum aux entraînements pour avoir une place.

Le grand public découvre en ce début de saison Jonathan Bamba, Ronaël Pierre-Gabriel et vous-même. Quels sont les autres jeunes issus du centre de formation des Verts qui pourraient vite débarquer en L1 ?

Il y en a plein, Kenny Rocha Santos, Rayan Souici, Mickael Nade ou Lamine Ghezali. Ils ont vu avec moi que tout était possible, vu d’où je venais. C’est à eux de bosser et ils seront récompensés.

Propos d’Habib Maïga via 20 minutes
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