Le Brésil a vu passer quelques bons joueurs dans son histoire. Même si aujourd’hui le public aime se concentrer sur les Neymar ou autres Thiago Silva, le Brésil  ne les a pas attendu pour former des très bons joueurs. Et le football brésilien a formé quelques très bon défenseurs. Retour aujourd’hui sur la carrière d’un joueur de l’entre-deux-guerres, Domingos da Guia.

A peine 17 ans

Le 19 novembre 1912 est marqué à Rio de Janeiro par la naissance du jeune Domingos Antônio da Guia. Quatrième et dernier enfant, il grandit dans un univers footballistique bien dessiné. En effet, ses frères jouent chacun au football de manière fort honnête, poursuivant des carrières de bons amateurs dans les clubs carioca. Ladislau, un des frères aînés de Domingos, joue au Bangu Atlético Club. Et il convainc son frère de l’y rejoindre. Celui qui est plutôt habitué à jouer avec ses amis sur des terrains vagues ne met que peu de temps à s’habituer à la discipline d’un club qui dispute le championnat d’État. Et les différents membres de ce que l’on n’appelle pas encore le staff le remarquent.

C’est à 17 ans, le 28 avril 1929, à domicile, que Domingos joue son premier match dans la compétition. Alors que son frère joue déjà dans l’équipe première depuis trois ans, il dispute quatre-vingt-dix minutes de très bonne facture dans le onze du Bangu AC. Et contribue à la victoire 3-1 de ses coéquipiers contre le Flamengo. Après seulement quarante matchs, il est appelé en sélection, pour disputer la Copa Rio Branco 1931. Domingos da Guia s’impose très vite dans le 11, et remporte la compétition. Il fera de même en 1932. Il n’a que 20 ans et compte déjà deux coupes internationales à son actif. Et ses performances sont de très bonne facture, à tel point que le Bangu AC a du mal à retenir son prodige défensif.

Le départ

Après une grosse cinquantaine de matchs et deux buts avec Bangu, Domingos da Guia rejoint le CR Vasco da Gama. C’est un grand challenge, car le club est triple champion carioca. Et la marche est peut-être trop haute pour le défenseur central. Malgré sa très bonne relance et son anticipation du jeu au dessus de la moyenne, il ne parvient pas à s’imposer dans le onze. Il quitte donc le club pour en 1933 rejoindre le principal club d’Uruguay, le Nacional. Malgré le très haut niveau de football qui y est pratiqué, il est très vite adopté par le public.

En effet, il enchante tout le monde grâce à sa classe et à sa maîtrise unique du football. Doté d’une technique largement au dessus de la moyenne eu égard à son poste, il gagne le surnom de « El Maestro Divino », le maître divin. Il est très respecté, et sa charnière avec José Nasazzi est solide. Un José Nasazzi qui est quand même le capitaine ede l’Uruguay champion du monde 3 ans plus tôt. Il gagne alors son premier titre en professionnel, avec la victoire en championnat d’Uruguay. Mais il ne peut cependant disputer le mondial 1934, car le Nacional réclame à la fédération brésilienne une somme importante pour le libérer. Et la fédération brésilienne préfère se passer de ses services plutôt que de céder au chantage du club uruguayen.

Double retour au Brésil, départ en Argentine

Malgré tout le faste autour de lui au Nacional, il souhaite retourner au Brésil. Et il revient dans le CR Vasco da Gama. Il s’impose titulaire dans l’équipe. Le championnat a changé de nom, et se nomme Liga Carioca de Futebol, pour mettre à bas les règles discriminatoires de l’Associação Metropolitana de Esportes Athleticos envers les personnes de couleur. Il guide le club vers le quatrième titre de champion de son histoire, le tout avec le brassard de capitaine autour du bras.

En 1935, Domingos da Guia fait une infidélité au Vasco, le temps d’enrichir son palmarès d’un titre de champion d’Argentine avec Boca Juniors. Et d’y jouer 56 matches. Un exil argentin, qui n’a rien de très original à l’époque où les joueurs n’hésitent pas à jouer quelques matchs pour arrondir leurs maigres revenus. Il repart au Brésil à nouveau l’année suivante, pour signer à Flamengo. Il y touche alors le plus gros salaire du football.  Dans une équipe dont l’attaque est guidée par le « diamant noir » Leônidas da Silva, il pratique le meilleur football de sa carrière. Et peut disputer le mondial 1938.

En France, il est titulaire indiscutable. Dans l’équipe type de la compétition, troisième du mondial, il enrichit son aura. Même si un comportement discutable avec l’arbitre lors de la demi-finale contre l’Italie lui vaudra 125CHF d’amende. Il n’a alors que l’embarras du choix pour poursuivre sa carrière. Le Bayern de Munich lui propose par exemple un contrat. Mais il préfère rester au Brésil.

Une fin royale

Il ne quitte finalement le Flamengo qu’à l’hiver 1943, sept ans après son arrivée. Il y aura joué 223 rencontres. C’est au Corinthians qu’il évoluera jusqu’en 1948. Après 116 rencontres sous le maillot Pauliste, il retourne finir sa carrière dans son club formateur. Une saison à vingt matchs, le temps de prendre doucement sa retraite. Et d’élever son fils Ademir da Guia né en 1942, milieu de terrain aux 901 rencontres avec Palmeiras de 1962 à 1977.  Après 25 sélections avec le Brésil, il avait déjà mis fin à sa carrière internationale en 1946. Une belle famille donc, sachant qu’entre temps son frère Ladislau a eu le temps de devenir meilleur buteur de l’histoire de Bangu.

Le 18 mai 2000, Domingos da Guia décède à Rio de Janeiro. D’un arrêt cardiaque, le premier très bon défenseur de l’histoire quitte la vie. Profesionnel pendant 20 ans, le défenseur d’un mètre soixante-dix seulement aura marqué l’histoire du sport-roi. Simplement une légende, dont le buste trône aujourd’hui, avec son chapeau qu’il portait en match, devant le stade du Bangu. Car oui, Domingos da Guia portait un chapeau lors des matchs qu’il disputait. Comme un témoin d’une autre époque…

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