Cheick Diabaté le géant, par la taille et par le cœur, du Fc Metz répond aux questions du journal Le Parisien.

Via leparisien.fr

Un «personnage» de la L 1 ?

Je suis un homme avant d’être un joueur. Mon éducation et des souvenirs douloureux ont façonné ce que je suis. Quand je suis arrivé en France, à Bordeaux en 2006 à 18 ans, je n’avais pas les bons codes. Le français n’est pas ma langue maternelle et je ne regardais pas les gens dans les yeux. Pour moi, c’est une forme de respect. C’est ce que je faisais avec mon père ! Ça veut dire qu’on écoute. Ici, c’est mal pris. Avec Patrick Battiston, mon premier entraîneur, en réserve bordelaise, ça s’est mal passé à cause de cela. Il a cru que je ne le respectais pas. Et on s’est à peine parlé pendant un an. J’ai mis longtemps à comprendre les coutumes françaises.

Les sarcasmes concernant sur son style de jeu ou sa taille ?

Vous ne savez pas ma chance : je veux tellement qu’on me respecte que je respecte les autres en premier. Mentalement, je suis fort : vous pouvez m’attaquer. A la fin, c’est moi qui gagnerai. Concernant ma taille, je raisonne simplement. Ma taille, je n’ai rien fait pour l’avoir ! Qui a choisi d’être noir, blanc, petit ou grand ? Je n’ai donc pas de comptes à rendre sur quelque chose dont je ne suis pas responsable. Même les arbitres, des fois, me disent, quand je me plains d’une faute : «Mais vous êtes grand, M. Diabaté !» Je leur dis : «C’est pas ma faute !»

Ce qui le touche

Je suis au-dessus de cela. Bien sûr, j’ai été mal jugé. On s’est dit «Le grand, il n’est pas adroit». Mais je peux faire ce que je veux avec le ballon. On me critique moins maintenant. Partir de la France avant de revenir en prêt a changé le regard sur moi.

Diabaté, un gars « zen » ?

Non. Je m’énerve encore pour des choses. Mais ce qui compte, c’est de s’excuser ensuite. C’est une force de savoir demander pardon. Le faible croit qu’il a toujours raison. Quand j’étais petit, je me fâchais trop. Puis j’ai eu mes souvenirs…

Ses souvenirs 

J’ai perdu ma maman très tôt. Et à treize ans, mon ami, avec qui je jouais au baby-foot une heure avant, est mort d’un accident. Souvent je pense à cet ami. Cela me donne des forces (silence)… J’ai aussi vu mon père et mon frère en train de mourir sous mes yeux. Ce sont des images terribles de maladie. J’ai compris que la mort allait tous nous prendre et peut-être plus vite qu’on ne pense. Alors j’ai décidé que la vie était merveilleuse et qu’il ne servait à rien d’être méchant. Franchement, celui qui me critique, j’ai envie d’aller le voir et devenir son ami. En quoi est-ce naïf ? Cela ne sert à rien de se détester.

A Metz la saison prochaine ?

Je ne sais pas. Mais je suis très bien dans votre pays. Ici, j’ai obtenu ce que je voulais le plus : le respect. Merci aux Messins pour leur accueil. Ici, on m’a apprécié. Je crois que vous avez compris que je suis très sensible. On a tous besoin d’être aimés. Et c’est important de se le dire.

A propos Prince Owski 354 Articles
Comme Ole Gunnar Solskjær en 1999, je suis le joker de luxe de DV. Heureux propriétaire du suffixe -Owski. "Qu’importe : on pourra même me traiter de fou, il n’y a que ces couleurs Parisiennes qui illuminent mon cœur. Et à chaque blessure, il saigne ce cœur-là. Mais il s’enflamme encore." Francis Borelli