Avec Tour du Monde, c’est toujours l’occasion de découvrir des joueurs et des clubs qui font vibrer des cœurs. Ce ne sont peut-être pas les vôtres, mais vous pouvez les comprendre. C’est donc pour cela qu’aujourd’hui, nous allons zoomer sur Lê Công Vinh.

Un 12 décembre

C’est un douze décembre que tout commence. Car ce jour-là, en 1985, dans la province de Nghệ An, au nord du Vietnam, Lê Cong Vinh vient au monde. Il passe son enfance sur les petits terrains en terre, dans un pays marqué. Marqué par la guerre qu’il a traversé sans discontinuer depuis la fin du second conflit mondial, le pays vit d’une économie relativement pauvre. En plus de cela, le Vietnam connaît, au milieu des années 80, une récession économique. Autant dire tout pour une enfance idéale. Mais cela ne rebute pas Vinh. A l’âge de 13 ans, il est repéré par un club local, le Câu lạc bộ Bóng đá Sông Lam Nghệ An. Il y fait sa formation, jusqu’à l’âge de 18 ans. Comme un certain Kylian Mbappé, il est tout de suite mis sur le devant de la scène.

En cette année 2003, si l’attaquant d’un mètre soixante-treize ne marque pas, il fait cependant forte impression. Après quelques titularisations, il marque, le 8 février 2004, son premier but en D1 Vietnamienne. Cette année 2004 est l’année de la révélation. Non content d’être élu meilleur jeune, il remporte le Ballon d’Or (Vietnamien) cette année là. Il récidivera en 2006 et 2007, faisant de même que l’illustre Lê Huỳnh Đức. Le monde du football commence à se pencher sur lui.

Mais lui ne se penche pas sur le monde du football. Il refuse de jouer dans les prestigieux championnats arabes, japonais ou malaisiens pour devenir le plus grand. Le plus grand du Sông Lam. Il reste attaché à son club formateur, et marque, de 2003 à 2008, 75 buts en 161 matchs. Il est reconnu comme le plus grand joueur de l’histoire du club, malgré sa petite taille.

L’heure du départ

Il y a des offres que l’on ne peut pas refuser. Et en octobre 2008 (oui, les vietnamiens ont un mercato en octobre), Câu lac bộ bóng đá T & T Hà Nội, le club de Hanoï, bat tous les records. Malgré une fondation récente (2006), le club dépense 0,4M€ pour s’acheter Vinh. Il s’impose tout de suite comme un titulaire indiscutable. Auteur de 14 buts en 28 matchs, il est tout de suite la grand star de l’équipe. De 2009 à 2011, il inscrit ainsi 39 buts en 73 matchs.

Mais depuis 2004, il n’y a pas que le football de club. Lors de la Tiger Cup 2004, à 19 ans, il fait ses débuts en sélection au poste d’ailier gauche, puis est replacé par Alfred Riedl dans l’axe. Il permet entres autres au Vietnam d’atteindre les 1/4 de finale de la Coupe d’Asie 2007. Mais aussi le troisième tour des qualifications des Jeux olympiques 2008. Il s’impose là aussi comme titulaire, et bat tous les records là aussi : meilleur buteur (46 buts) et joueur le plus capé (75 capes). Et ce n’est pas fini !

En 2009, il joue même en Europe, en D1 Portugaise, aux Leixões SC. Là bas, s’il ne marque que un petit but en trois petits matchs, il bat aussi des records. Il devient en effet l’unique vietnamien à avoir joué dans une division professionnelle européenne. Et en plus en D1. Il retourne, à la fin de ce prêt, dans son club d’Hanoï.

Le traître, le fidèle

Eros & Thanatos, le couple le plus célèbre de la mythologie. Le couple qui s’inscrit le mieux dans la carrière de Vinh.

Tout commence en 2012. Après avoir porté le maillot d’Hanoï T&T (ci-dessus), il doit changer de club. Et devinez quelle sera sa destination ? L’Hanoï FC. De son vrai nom le Sài Gòn Football Club. On a vu plus exotique. Mais le problème, c’est que c’est le rival du T&T. Et bien sûr, il se fait adorer par les fans. En effet, il marque à onze reprises en vingt-trois matchs, alors qu’il joue sur les côtés de l’attaque. Sous le maillot bleu et blanc, il délivre également quelques offrandes. La légende raconte qu’il avait même, à l’entraînement, le délice de faire marquer chacun de ses coéquipiers lors des oppositions.

Mais l’amour reprend le dessus. En 2013, il revient au Sông Lam. Et à nouveau, il devient un joueur clé, avec 23 buts en 35 matchs. Ce qui ne fait pas de lui un centenaire au niveau des buts en championnat. En effet, il n’aura marqué « que » à 98 reprises sous le maillot jaune du club basé à Vinh. Oui, comme son patronyme.

Mais comme « les histoires d’amour finissent mal, en général », il doit quitter le club. Pour le Japon qu’il avait refusé quelques années plus tôt. En juillet 2013, il est ainsi prêté au Consadole Sapporo, en D2 Japonaise. Ce n’est que la D2, mais ce championnat a vu passer Hulk, quand même ! Il ne marque qu’à deux reprises en dix apparitions.

Record, encore !

En octobre 2014, il change à nouveau de club, et retrouve le Vietnam. Il signe au Becamex Binh Duong Football Club, surnommé le Chelsea du Vietnam. Aux côtés de l’ougandais Charles Livingstone Mbabazi, il terrorise les défenses. Et ne venez pas dire que Livingstone est milieu de terrain, car l’un est à l’offrande et l’autre à la conclusion.

A la fin du mois de mai, le joli mois de mai, il inscrit un nouveau record. Sur le terrain, cette fois-ci. Car en 10 secondes, il inscrit contre le Xi Măng Hải Phòng le but le plus rapide de l’histoire de la V. League (D1 Vietnamienne). Emmenés par ce buts, ses coéquipiers s’imposent 3-1.

Depuis 2015, Vinh y évolue toujours, dans le Go Dau Stadium de 18 000 places. Il remporte un championnat du Vietnam il y a deux ans. Son deuxième après celui de 2010. Son palmarès peu rempli se complète par une coupe du Vietnam en 2015.

En sélection, il a gagné le championnat d’Asie du Sud-Est en 2008, et atteint la finale de la King’s Cup 2006. Avec les U23, il s’est imposé en Agribank Cup et lors de la LG Cup, et atteint la finale des Jeux d’Asie du Sud-Est 2005. De quoi donner une allure de ballon d’or Vietnamien 2017 ? Pour reprendre les mots d’un célèbre homme de terrain français, « en tout cas, on te le souhaite », Vinh !

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