Dans le football, les buts comptent pour beaucoup. Les arrêts, aussi. Mais il n’y a pas que ça. Il y a entre autres les interceptions au milieu de terrain, les relances, les attaques placées, les possessions hautes, les conservations offensives. Le point commun entre tout ça ? Quelque part, il y a la volonté de créer une occasion.

Le rôle du meneur

Créer une occasion, c’est à la base le rôle du meneur de jeu. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle ce joueur le créateur. Le numéro dix, c’est à lui que l’on pense souvent quand on parle du meneur de jeu. Mais cela n’est pas forcément celui qui porte effectivement le dix sur le terrain, ni même celui qui joue milieu offensif. Un nom suffit à contredire cette théorie : Andrea Pirlo. Hier, le Trinche Carlovich. Aujourd’hui, il y a Miralem Pjanic. Avant, il y a eu des grands noms comme Juninho, des anonymes dans les clubs de district, et beaucoup de joueurs qui, le temps d’un match, se sont mués depuis une position basse en meneurs de jeu.

Cela dit, celui qui crée des occasions peut évoluer plus haut ou sur un côté. Combien d’ailiers ne dictent pas le tempo de leur équipe ? Lionel Messi à Barcelone, bien sûr. Mais aussi Neymar Jr. au Paris Saint-Germain, quand ses blessures le laissent tranquille. Par le passé, on a connu des dribbleurs, sur leurs côtés, qui ont fait office de créateurs d’occasion. Parmi eux, le plus grand est évidemment Garrincha sous le maillot du Botafogo. Et des avants-centres, aussi. Le meilleur d’entre eux évolue peut être même encore sur les pelouses d’Espagne, en la personne de Karim Benzema. Pas formé à la même école mais ayant suivi la même éducation, Roberto Firmino, à la pointe de l’attaque de Liverpool en Angleterre.

Faire vibrer la foule

Mais créer une occasion, plus que s’attacher à une position sur le terrain, c’est faire vibrer la foule. « Les plus pauvres ont seulement le football pour se divertir », avait dit Marcelo Bielsa. C’est bien pour cela que créer des occasions est le meilleur moyen de rendre un peuple heureux. Bien plus que des réductions d’impôts, une sorte de panem et circenses moderne. Créer des occasions. Créer du beau jeu. Offrir ce spectacle, unique. Car les occasions ne se ressemblent pas entre elles. Impossible de voir deux fois la même action dans un match. Comme il est impossible de croiser deux fois la même femme dans sa vie, un spectateur, de toute son existence, ne pourra jamais se dire qu’il a déjà vu ce qu’il aperçoit. Des ressemblances, tout au plus. Pas suffisant pour mettre à mal l’intérêt créatif du football. Ni pour rendre le football inintéressant.

Mais par contre, cela permet de tirer une conclusion. Et s’il ne fallait garder qu’une seule chose de cette digression footballistique, c’est sûrement cette petite réflexion. Les équipes qui passent leur temps à défendre, à empêcher quiconque de créer une occasion, sont le cancer du football. Elles ne méritent pas le droit de prétendre au beau jeu. Bien sûr, il y a des questions de budget. Et bien sûr, on ne peut reprocher à Nîmes de fermer le jeu contre le Paris Saint-Germain tant l’écart entre le budget du club des Costières et celui financé par l’État qatari est énorme. Mais c’est à peu près la seule fois de la saison. Et Nîmes fait d’ailleurs partie des équipes qui durant la saison 2018-2019 ont sur ce point respecté le football. Tuer le football, c’est tuer celui qui va créer des occasions. Tuer cette étincelle qui fait briller les yeux des enfants.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)