Villes de football s’intéresse aux relations entre les différents clubs à l’intérieur des grandes villes du ballon rond. Aujourd’hui, pour ce cinquième épisode, nous allons partir à la découverte de Liverpool, la précieuse.

Liverpool la maritime

Liverpool. Lifer pōl en vieil anglais, littéralement le ruisseau d’eau boueuse. Juste à l’embouchure de la Mersey, cette ville de 500 000 habitants aujourd’hui est historiquement un port. Au début du XIIIe siècle, le borough de Liverpool obtient le statut de port par décision royale. La ville profite de l’ensablement du port de Chester sur l’embouchure du Dee dans les décennies suivantes pour s’imposer comme le port majeur de l’ouest anglais. Au XVIIIe siècle, la ville atteint son apogée grâce au commerce avec les Antilles, les West Indies. Près de 40 % des marchandises échangées par la couronne transitent par le port de Liverpool. Liverpool est une des plus grandes villes du royaume, et ce n’est pas pour rien qu’en 1830 ouvre la toute première ligne de chemin de fer commerciale de Grande-Bretagne. Elle relie Liverpool à Manchester.

Mais ce n’est qu’un symbole parmi tant d’autres. Dans XIXe siècle florissant, la richesse de Liverpool excède celle de Londres. Nommée « seconde ville de l’Empire » par le premier ministre Benjamin Disraeli alors que l’Empire est à son apogée, elle accueille le premier et seul bureau du gouvernement hors de Londres. Son ascension, après avoir été industrielle et démographique, devient culturelle au XXe siècle. Consacrée par l’éclosion des Beatles dans les années 1960, mais aussi d’autres groupes comme Gerry and the Pacemakers. Si ce nom ne vous dit rien, vous connaissez pourtant un de leurs plus gros tubes : le fameux « You’ll never walk alone », qui deviendra dans les années suivantes l’hymne du Liverpool FC. Même s’ils ne sont pas les compositeurs officiels de la chanson – celle-ci date de 1945 -, ils en sont sans doute les interprètes les plus connus. Liverpool sera consacrée en 2008 « capitale européenne de la culture ».

Un jeu à trois

La ville de Liverpool a bien sûr donné son nom au Liverpool FC. Inutile de le présenter, il est un des monstres du football international, avec quelques épopées européennes à son actif, mais aussi quelques légendes comme Steven Gerrard et Jamie Carragher pour ne citer que les plus récents. Le Liverpool FC a été fondé à la suite d’une dispute née entre le comité créateur du grand rival d’Everton et les propriétaires de l’enceinte d’Everton à l’époque, Anfield. Après huit années dans le stade, Everton a décidé en 1892 de se déplacer à Goodison Park. Houlding, propriétaire d’Anfield, a donc décidé de créer son propre club. Celui-ci porte d’abord le nom d’Everton Athletic, avant de devenir, suite au refus de la FA de reconnaître le club sous le nom d’Everton, le Liverpool FC en mars 1892.

Everton, pour sa part, a été fondé en tant que St. Domingo FC en 1878, par des membres de la congrégation méthodiste de Breckfield Road. D’abord simplement club de cricket, il devient peu à peu club de football. Il est membre fondateur de la Football League en 1888-1889 et remporte son premier championnat deux ans plus tard. Avec neuf championnats, cinq FA Cups et surtout une coupe européenne des vainqueurs de coupe en 1985, le palmarès d’Everton a de quoi faire rougir pas mal de clubs européens.

Mais un troisième club majeur évolue à Liverpool : les Tranmere Rovers. Basé de l’autre côté de la Mersey, à Birkenhead, il est le club prolétaire par excellence. Fondé en 1884, il évolue actuellement en quatrième division. Malgré un palmarès vide de titres majeurs, il compte dans le cœur des habitants. Pour la petite histoire, le 26 décembre 1934, il s’est imposé 13-4 contre l’Oldham Athletic, signant ainsi le match le plus prolifique de l’histoire des championnats professionnels anglais.

Des hommes et des stades

Tranmere Rovers, justement, évolue au Prenton Park. Ce stade de 1912 est aussi celui où évolue la réserve du Liverpool FC. Avec une capacité de 16 587 places et un record de 24 424 spectateurs en 1972 pour un match de FA Cup entre Tranmere Rovers et Stoke City, il est le troisième stade de Liverpool.

Le premier stade, c’est donc Anfield. Ce stade partage une similarité avec le St. James’ Park de Newcastle. En effet, en 1895, une tribune à pignon a été construite. Cette tribune originale, aujourd’hui remplacée par la Tribune Principale, était un petit bijou d’architecture. Les grands travaux de 1906 ont vu l’arrivée du fameux Spion Kop du côté de Walton Breck Road. Ce nom, il vient de la bataille de Spion Kop de 1900. Cette bataille emblématique de la guerre des Boers a vu la défaite des forces britanniques, et la mort de 385 soldats de l’Empire. La quasi-intégralité étaient originaires de la région de Liverpool.

Goodison Park, pour sa part, partage une spécificité avec un autre stade. Le Celtic Park de Glasgow et la Grand Old Lady ont été inaugurés le même jour, le 24 août 1892. Construit par les frères Kelly et Henry Hartley, son coût originel était de trois-mille livres. Une broutille aujourd’hui pour un stade de football, mais une somme considérable à l’époque. Surtout pour le premier stade d’Angleterre conçu pour accueillir spécifiquement des matchs de football. Ce stade a accueilli la totalité des matchs d’Everton à domicile en Premier League, et a accueilli plus de matchs de First Division et de Premier League réunies que tous les autres stades d’Angleterre. Hôte d’une partie du mondial 1966, il est un des stades majeurs du football britannique. Goodison est – tout comme Anfield – un passage obligé pour tout groundhopper qui se respecte !

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