Villes de football s’intéresse aux relations entre les différents clubs à l’intérieur des grandes villes du ballon rond. Aujourd’hui, pour ce deuxième épisode, nous allons partir à la découverte de Montevideo, l’audacieuse.

Un tout petit pays

L’Uruguay est un des plus petit pays de football. Plus petit à avoir gagné la Coupe du Monde – entre un et deux millions d’habitants en 1930, à peine plus en 1950 – et plus petit pays à avoir atteint ne serait-ce que la finale de la compétition. Mais aussi un des plus titrés : quatre étoiles sur le maillot, record de Copa America avec plus de titres que les gigantesques voisins brésiliens et argentins. Et ce football uruguayen est forcément lié à la ville de Montevideo. Jugez plutôt : un tiers de la population habite dans la capitale du pays.

En termes géographiques, l’Uruguay penche tout autant vers Montevideo. En effet, en étant situé géographiquement dans la continuité de la zone de pampa argentine, le pays ne présente que peu de reliefs. Des grandes plaines succèdent aux grandes plaines. Quelques montagnes basses mais aux contours très découpés se trouvent par endroit. Mais aucun sommet ne dépasse les cinq-cent-quatorze mètres de la Colline Cathedral. Ainsi, le principal attrait environnemental du pays réside dans sa capacité côtière. Et Montevideo, situé dans l’embouchure de l’estuaire du Rio de la Plata, en profite parfaitement. Originellement, la quasi-totalité des navires allant vers l’Argentine faisaient escale à Montevideo, soit pour décharger un peu en avance, soit pour se ravitailler une dernière fois.

Ce tout petit pays qu’est l’Uruguay possède la particularité de n’être frontalier que de deux pays : l’Argentine et le Brésil. Deux pays à la culture football incroyable, et qui ont influencés et été influencés entre eux. Mais les footballs nationaux, malgré leurs similarités, ont des spécificités.

Un football macro-céphalique

Dans l’ère professionnelle, le championnat uruguayen a connu sept champions différents : le Peñarol, le Nacional, le Defensor, le Danubio, le Bella Vista, le Central Español et le Progreso. Et ces clubs ont un point commun : ils sont tous basés dans la capitale. En terme de macrocéphalie, difficile de faire mieux. Et jamais un club basé hors de la capitale n’est non plus parvenu à s’imposer lors de la période amateur du championnat (années 1910-1930). Tous étaient en effet localisés dans les cinquante-trois hectares de la capitale.

La principale rivalité au sein de la ville de Montevideo concerne le Peñarol et le Nacional. A eux deux, ils ont remporté quatre-vingt-quatorze des cent-treize éditions du championnat, professionnel et amateurs compris. Rares sont les joueurs, surtout à l’époque moderne, à faire le passage entre les deux clubs sans être traités de parias. Les autres clubs de la capitale sont donc des géants à l’échelle du pays – puisque ce sont les seuls à avoir déjà remporté le championnat – mais sont des nains face au Peñarol et au Nacional. Les aurinegros du Peñarol comptent en plus à leur palmarès cinq Copa Libertadores et surtout une Supercoupe Intercontinentale remportée en 1969. Le plus que centenaire Nacional n’est pas à plaindre non plus, avec ses trois Libertadores.

Outre la forte compétition entre le Peñarol et les bleus-blancs-rouges du Nacional, la rivalité est palpable entre le Defensor et le Danubio, qui comptent chacun quatre titres. Champion en 2014, le Danubio est notamment connu pour avoir été le club formateur du Chino Recoba, d’Edinson Cavani ou encore de José Maria Gimenez. Diego Forlan y a même passé quelques temps avant son départ en Inde. Le Chino, après deux passages au Danubio, est venu terminer sa carrière avec le Nacional de 2011 à 2015.

Aucun autre club ne compte plus d’un championnat. Pourtant, les supporters sont là. Le Central Español n’a plus été sacré depuis 1984, mais les parents et les grands-parents ayant connu cet instant fugace et magique en parlent encore avec des sanglots dans la voix, désespérant de connaître à nouveau un titre.

Constellation

Si Anfield est mythique pour le Liverpool anglais, l’Estadio Belevedere l’est tout autant pour le Liverpool Futbal Club de Montevideo. Propriétaire du stade depuis 1938, le club se l’est offert alors qu’il appartenait au ministère de la santé uruguayen. Ce dernier l’avait acquis après qu’il ait appartenu depuis sa construction en 1909 aux Montevideo Wanderers. Ce stade est mythique pour avoir été le premier où l’équipe d’Uruguay a porté son maillot bleu ciel. Et malgré ses dix-milles places dont trois-milles debout, le Belvedere est un monument.

De 1916 à 1921, le CA Peñarol a été pensionnaire du stade José Pedro Damiani. Il déménage jusqu’en 1929 à l’Estadio Pocitos, avant de s’installer au stade Centenario. Dans le Parque Battle, le club jaune et noir écrit son histoire et ses derbys avec le Nacional. Du haut de ses 60 000 places, il est le plus grand stade du pays. Le Nacional, pour sa part, évolue au Gran Parque Central, inauguré en 1900. Beaucoup plus petit (29 500 places), il est auréolé de l’histoire du club : les tribunes portent le nom de personnes mythiques du Nacional. Le président José Maria Delgado, les buteurs Atilio Garcia et Hector Scarone et le joueur des années 1900 Abdon Porte, suicidé après avoir été relégué en réserve sont honorés par le Nacional dans leur stade.

Le Danubio évolue pour sa part dans le Jardines del Hipodromo, un stade presque familial à l’origine, de 18 000 places seulement. Cette capacité, il la partage avec le Luis Franzini, qui est l’antre du Defensor SC. Les Wanderers de Montevideo, après avoir été chassé de leur antre initiale, évoluent aujourd’hui au Parque Alfredo Victor Viera (12 500 places). Le CA Progreso, désormais en deuxième division, connaît l’Abraham Paladino (8 000 places seulement).

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– Buenos Aires

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