Alors que dimanche se tiendra la finale de la vingt-et-unième édition de la Coupe du Monde, retour aujourd’hui sur l’histoire – mouvementée – du trophée de la Coupe du Monde.

Par bateau

Tout commence en 1929, quand la FIFA décide à l’issue d’un vote d’organiser la Coupe du Monde l’année suivante en Uruguay. A l’origine de ce vote, il est un homme : Jules Rimet. Président de la FIFA, il s’occupe de toutes les démarches pour l’organisation du tournoi, et contacte des artistes pour réaliser un trophée. Après quelques tractations, il conclut un accord avec le français Abel Lafleur, sculpteur de son état. Celui-ci lui propose un trophée en argent fin, plaqué or, représentant la déesse Niké. Fille de Titan Pallas et de Styx, elle est la déesse de la victoire dans la mythologie grecque. Le trophée conçu par Lafleur est assez imposant. Haut de plus de trente-cinq centimètres, il pèse plus de six kilogrammes. Lafleur fait tenir à Niké un calice à huit côtés, pour donner encore plus un aspect de coupe.

Jules Rimet remettant le premier trophée de la Coupe du Monde au président de la fédération uruguayenne - France Culture/AFP
Jules Rimet remettant le premier trophée de la Coupe du Monde au président de la fédération uruguayenne – France Culture/AFP

Ce trophée voyage durant le mois de juin 1930 par bateau, de la France à l’Uruguay. Dans ce bateau, il y a du beau monde. Jules Rimet, bien sûr, mais aussi l’équipe de France d’Alexandre Villaplane, la sélection roumaine et l’équipe de Belgique. C’est José Nasazzi, qui, à l’issue du tournoi, devient le premier capitaine de l’histoire à soulever la Victoire Ailée, le trophée de la Coupe du Monde. Mais le capitaine uruguayen ne conserve la coupe que quatre années : en 1934, elle arrive en Italie, dans les bras de Gianpiero Combie. Et quatre années plus tard, le trophée reste la propriété de l’Italie. En effet, Giuseppe Meazza et les siens s’imposent lors du mondial français.

Arrive la guerre, et son lot de violences. Afin de préserver le trophée, Ottorino Barassi, le président de la fédération italienne, conserve le trophée sous son lit, dans une boîte à chaussure. Et le stratagème marche. Le trophée survit intact à la guerre.

Le vol anglais

Mais en 1966, quelques mois avant la Coupe du Monde, l’impensable se produit ; le trophée est volé au cours d’une exposition dans le hall central de Westminster. Heureusement, la police parvient à retrouver une semaine plus tard le trophée dissimulé dans un buisson du sud de Londres. Dès lors, la fédération fait fabriquer une réplique pour ne pas avoir à sortir le trophée. Une réplique, qui, selon la légende, a été confondue avec l’original. En effet, en 1970, la réplique est vendue pour 254 000 livres, soit douze fois la mise à prix.

Et avec la victoire du Brésil en 1970, ce qui s’appelle désormais le trophée Jules Rimet en hommage à l’emblématique président de la FIFA, est laissé ad vitam eternam aux brésiliens. En effet, Rimet souhaitait offrir le trophée à la première équipe vainqueur trois fois de la compétition. L’histoire de la coupe Jules Rimet ne s’arrête pas là. En 1983, elle est volée dans le musée de la fédération brésilienne, et n’a jamais été retrouvée. Néanmoins, la « fédé » brésilienne se fait faire une réplique en or en 1984. Celle-ci est réalisée par Eastman Kodak.

Le nouveau trophée

Mais cela ne perturbe pas la FIFA, qui cherche de toute façon en 1970 un nouveau trophée. C’est finalement l’italien Silvio Gazzaniga qui réalise le trophée actuel, un peu plus haut et lourd que l’ancien, et doté d’une base en malachite sur laquelle est gravée le nom des vainqueurs. Beckenbauer est le premier capitaine à le soulever, en 1974.

Ce trophée connaît quelques déboires en 2005, et est restauré – signe prémonitoire – au cours de l’année suivante en Italie. Et il restera en Italie après leur victoire face à la France en Coupe du Monde. Mais d’autres petits soucis attendent le trophée. Le capitaine italien, lors des célébrations, voit une partie de la base verte se détacher. Le morceau sera recollé sans trop de dommages. Huit ans plus tard, c’est au tour de Thomas Müller d’être sous le feu des critiques. En effet, il est accusé d’avoir abîmé le trophée en le laissant tomber. Finalement, aucun dégât majeur ne sera à constater.

Lorsque il n’y aura plus de place sur la base, le trophée sera conservé par la FIFA et une nouvelle coupe sera conçue. Néanmoins, il faudra attendre encore quelques éditions de la Coupe du Monde avant de voir ce cas de figure. Enfin, il est amusant de noter que seules trois équipes ont remportées les deux trophées : le Brésil, l’Italie et l’Allemagne… soit les trois nations les plus titrées !

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