Quinzième épisode de la saison deux de Tour du Monde, et toujours la même rage de vaincre. C’est cette fois-ci vers un État atypique que la série promène son regard. Allez, attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, et direction le Vatican pour une présentation de son équipe nationale.

La cité

Avant de s’intéresser plus en avant sur le plan footballistique à l’équipe nationale du Vatican, remontons à l’origine de la création de cet État. La Cité du Vatican est le successeur des États Pontificaux. Ceux-ci avaient été constitués par les différents dons effectués par des souverains au pape. Très tôt dans l’histoire, les papes s’installent à Rome. Mais ce n’est réellement qu’en 1870 qu’il y a une indépendance en tant que telle de la Cité du Vatican. En 1929, les accords de Latran sont signés, qui permettent la reconnaissance par l’Italie du Vatican.

Au niveau politique, le Vatican est assimilable à une monarchie absolue élective de droit divin… à l’exception bien sûr du processus de choix du souverain. Le pape est en effet à la fois dépositaire du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Une constitution a été rédigée en 1929, et mise à jour en 2000. Cette constitution met en place des dispositions particulières concernant la citoyenneté vaticane. Celle-ci est liée à un emploi au sein du Vatican ou du Saint-Siège. Ainsi, tous les employés du Vatican sont binationaux, et perdent leurs nationalités dès qu’ils démissionnent. A noter que les familles des employés détiennent elles aussi les citoyennetés.

Au niveau géographique, notons que la cité du Vatican est le plus petit État du monde, sans cependant être souverain au regard du droit international. A noter également que économiquement, l’Etat est très stable : un excédent budgétaire de dix millions d’euros à été constaté il y a peu. Cette économie est également pour une part utilisée dans les réseaux de blanchiment d’argent… Monétairement, le Vatican est dans la zone Euro, comme membre associé. Cela au même titre que Saint-Marin.

Tradition

Outre le fait que le Vatican soit garant de la tradition catholique romaine, notons que la cité est dotée d’une très longue tradition footballistique. En effet, il s’agit de la seule discipline dans laquelle le Saint-Siège – terme qui n’est pas exact synonyme de Vatican, mais passons – possède une équipe nationale. On trouve en effet dans le Cortile del Belvedere, en 1609, les traces de parties de calcio, ce sport précurseur en Italie du football. Ce n’est cependant qu’en 1972 que le Vatican fonde son association de football. Celle-ci est en charge de l’organisation du championnat. Le championnat existe cependant depuis 1947, sous la forme de coupes au début. Aujourd’hui, neuf équipes disputent chaque saison le championnat.

Ces équipes sont constituées par les différents corps de métier de la cité du Vatican. Ainsi, l’Osservatore Romano fût le premier champion du Vatican. Il s’agissait alors de l’équipe du journal du Vatican. Outre le championnat, une coupe et une supercoupe se disputent chaque saison. Le champion en titre est l’équipe de Santos Et ce bien que Armando Goxhaj, le meilleur buteur, joue sous le maillot du DirTel. Notons que Goxhaj avait déjà été sacré meilleur buteur en 2011 sous le maillot du Dirseco. Un Dirseco qui est l’équipe la plus titrée de l’histoire du championnat du Vatican, avec huit titres, le dernier en 2012.

Et ce championnat ne comprend pas que des nonces apostoliques en pleine retraite. Il est vrai que Gabriele Caccia Costa occupait cette fonction pour le Liban et plus tard les Philippines. Mais Dino da Costa, entraîneur de quelques équipes du Vatican par le passé, était international italien. Ainsi, il a joué à la Juventus (51 matchs) et à la Roma (150 apparitions, 71 buts) dans les années 50-60.

900

Neuf cent, c’est à peu près le nombre de personnes possédant actuellement la nationalité vaticane. Partant de ce constat, la constitution d’une équipe nationale pose quelques problèmes. Pourtant, cela n’est pas ce qui empêche en 1985 le Vatican de disputer son premier match, contre des journalistes autrichiens. Et en 1994, le Vatican dispute son premier match contre une équipe nationale, la réserve de Saint-Marin. Un match conclu par un beau 0-0. Sous l’impulsion du pape Jean Paul II, au début des années 2000, le football au Vatican se développe quelques peu. Ainsi, celui-ci donne des fonds aux différentes associations sportives de la cité. En effet, cela permettait selon lui de renouer avec les fondamentaux sportifs chrétiens. Une idée accréditée en 2006 par la proposition du cardinal de Barcelone de créer une équipe de jeunes gens chrétiens des séminaires.

La proposition du cardinal Bertone de créer une équipe nationale du Vatican a fait du chemin dans les esprits. En effet, il proposait de rendre sélectionnable tout joueur chrétien avec l’équipe du Vatican. Pour appuyer sa proposition, il s’est fondé sur les statistiques de la Coupe du Monde 1990. Au cours de celle-ci, quarante-deux joueurs avaient en effet fréquenté au cours de la vie des institutions salésiennes. Ou encore, le héro de l’Espagne à l’Euro 1964, Marcelino, était lui-même ancien élève d’un séminaire. Cependant, cette proposition n’avait pas réellement été appréciée à l’UEFA. En effet, le statut de la citoyenneté vaticane est assez peu claire, et cela forcerait alors à la confier à tous les joueurs chrétiens.

Garde suisse

Alors afin de remédier à cela, le Vatican a décidé de faire son équipe nationale autour des gardes suisses notamment. Mais ont été également sollicité les agents de police, les facteurs, et mêmes les officiels du gouvernement. Cela n’aide pas à disputer de manière régulière des matches amicaux. En effet, la garde suisse étant par nature militaire, il est difficile de les réunir pour des entraînements et des matchs internationaux. Ainsi, lors du match international de 2002, seul un joueur possédait la nationalité vaticane. Et encore, il était remplaçant ! C’est aussi cela qui a empêché le Vatican de disputer la Viva World Cup de 2002. Le Vatican n’a en effet pas pu rassembler une équipe nationale de quinze joueurs ! En réalité, les matchs internationaux sont assez rares et sont souvent à but caritatifs. Ainsi en a-t-il été du match opposant en 2011 la Palestine, victorieuse 9-1, au Vatican.

Le Vatican n’a par ailleurs jamais fait une demande d’adhésion à la FIFA. Par là même, la petite cité-Etat perdue dans Rome fait partie des neufs nations autonomes à ne pas être membres de la FIFA. Cela au même titre que… la Grande-Bretagne, qui envoie elle ses associations autonomes lors des matchs internationaux – sauf les Jeux Olympiques. Le Vatican justifie sa décision de manière simple. Pour eux, rejoindre la FIFA, cela serait comme rentre dans le foot-business. Or, l’intérêt de la fédération vaticane de football, c’est de promouvoir le sport et ses valeurs. Cela n’empêche pas le Vatican de conclure des accords de partenariat avec des équipementiers. Ainsi, après avoir été équipé par Diadora, le Saint Siège l’est aujourd’hui par Sportika. D’autre part, l’équipe a eu par le passé un coach de renom : Giovanni Trappattoni, au détour des années 2010.

Et le pape ?

Puisqu’on parle du Vatican, il est bon de parler du dirigeant. Les papes ont depuis longtemps marqué un fort attachement au football. Le plus emblématique des papes récents, Jean Paul II, était par exemple supporter du Cracovia Kraków. De plus, certains affirment qu’il aurait pratiqué le football à un bon niveau dans sa jeunesse. Benoît XVI est quant à lui un grand fan du Bayern Munich. Ce qui l’a conduit aussi a s’opposer à la diffusion de matchs à midi ! En effet, selon son porte-parole, « pousser des gens à regarder la télévision vers midi et demi, quand ils mangent avec leur famille, semble être une invasion du terrain dans la vie privée ». Cette ligne de conduite n’a cependant pas été reprise par le pape François, supporter affirmé de San Lorenzo.

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