Marcelo Bielsa a pris ce lundi ses fonctions d’entraîneur au LOSC. Il dirigera pour la prochaine saison au moins, sauf incroyable retournement, l’effectif des dogues. Mais avant de débuter cette saison, petit retour sur le génie tactique de cet homme, si souvent décrié.

Bielsa : Maître Tactique

D’abord, ce qui fait la beauté de Marcelo Bielsa, c’est sa maîtrise tactique. Car Bielsa ne laisse rien au hasard. Ainsi, ses séances vidéos, comme le disait parfaitement Benjamin Mendy récemment, sont très rodée. Le joueur s’intéresse lui-même au football, sans avoir besoin d’être forcé. Tactiquement parlant, c’est donc très fort. Car Bielsa peut ainsi avoir l’attention totale du joueur. Ce qui en fera donc un joueur d’autant plus concerné pas sa tâche. En effet, un travail intéressant sera toujours effectué de meilleur gré qu’une tâche abrutissante. Et surtout, El Loco maîtrise ses systèmes. Il les fait travailler et retravailler à ses joueurs. Et ce jusqu’à ce que le joueur, non pas n’en puisse plus, mais le maîtrise. Les équipes de l’argentin sont donc parfaitement rodées, et il n’y a pas de place à l’improvisation. Sauf dans le jeu en tant que tel.

Et l’apprentissage tactique d’El Loco va plus loin. Souvenez vous de cet Olympique de Marseille – FC Lorient conclu par un score de 5 à 3 pour les Merlus. Si la défaite a été au rendez-vous pour les phocéens, le spectacle et la tactique ont été au rendez-vous. En effet, André Ayew avait été titularisé au poste d’arrière gauche, tandis que Jérémy Morel était axe droit. Inconcevable pour nombre d’entraîneurs. Et pourtant, même si l’OM avait encaissé beaucoup de buts, le match était maîtrisé de la par des Olympiens. Car les joueurs étaient habités par la philosophie de jeu prônée par l’ancien sélectionneur de l’Argentine. Et si nombre d’adeptes du catenaccio se retournent sur leurs divans, c’est pourtant le football que Marseille jouait ce soir-là qui procure du plaisir. C’est pour ce football-ci que l’on aime le football jusqu’à la folie.

Bielsa : Maître Technique

Un autre aspect ou Bielsa est très fort, c’est sur la maîtrise technique du jeu de son équipe. Car là aussi, il ne laisse rien au hasard. C’est à dire qu’il fait répéter à ses joueurs l’effort jusqu’à ce que ceux-ci aient compris. Il ne s’agit pas de laisser un joueur tenter en match un geste qu’il n’aura pas travaillé à l’entraînement. Ainsi, si à Lyon, les corners ne sont pas travaillés car ils sont considérés comme étant « purement de l’instinct », dixit Rémi Garde, ce n’est pas le cas chez l’argentin. En effet, tous les aspects techniques du football sont travaillés. Il ne s’agit plus de tactique mais de stratégie de jeu. Les joueurs sont tellement formatés avec Bielsa qu’ils ne ressentent plus aucune difficulté à accomplir de manière répétitive des actions collectives et individuelles. C’est le football poussé à son état le plus extrême, celui d’un football « radical ».

C’est également dans cette catégorie de la technique que l’on peut mettre le pressing que Bielsa fait subir à son équipe et aux adversaires. Car le pressing n’est pas qu’une affaire de courir vers le porteur du ballon. Non, El Loco révolutionne techniquement le pressing en le rendant corollaire de la débauche d’énergie organisée. Le pressing, se faisant collectif, demande non plus une grande force physique mais surtout une grande intelligence de jeu. Cela dit, cela n’enlève rien à la débauche d’énergie demandée par ce pressing. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que cela fatigue plus l’adversaire, non rompu techniquement à cet art, que les joueurs de Bielsa. En tout cas, cela est vrai sur un match. Même si sur une saison le bât peut blesser.

Bielsa : Maître plaisir

Mais même si ce bât peut blesser, cela reste agréable. Car le football de Bielsa est avant tout un beau football. Un football que tout amateur de football apprécie. Certes, l’attaque à outrance n’est peut-être pas la plus efficace au final pour les trois points. Mais qui, ayant le choix entre un insipide match de Ligue 1 Conforama se concluant sur le score de 0-0 et un match – quelconque – avec Bielsa ne choisirait pas l’Argentin ? Car El Loco arrive même à nous faire souhaiter, bien qu’il s’agisse parfois de l’adversaire de l’équipe aimée, à nous faire souhaiter sa victoire.

Certes, le palmarès du génie argentin n’est pas des plus évolués. Encore que. Il s’est quand même imposé à de nombreuses reprises en Amérique du Sud et à une reprise aux Jeux Olympiques. Mais ce qui fait la force de Bielsa, c’est qu’il révolutionne de A à Z le système de formation des clubs. Car Bielsa, plus qu’un entraîneur, est un formateur. Et contrairement à beaucoup, il ne forme pas que les plus jeunes mais aussi des joueurs déjà expérimentés. Ainsi, Morel s’est transformé sous Bielsa.

Pour conclure cette déclaration d’amour au futur entraîneur du LOSC, notons qu’il a aussi révolutionné le football. Car avec La Volpe, Sacchi, Herrera, et autres Zdeman, il a apporté un regard novateur sur le football. Certes, contrairement à des Guardiola, il n’a pas gagné des palanquées de titres. Mais il a gagné au moins toute mon estime. Surtout, il a réussi à insuffler un nouveau souffle dans le rang des entraîneurs mondiaux.

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