La Pologne est un pays qui me tient à cœur. A tel point que j’ai décidé, aujourd’hui, de vous conter, dans ce nouvel épisode de Tour du Monde, l’histoire d’un club polonais. Enfin, que je considère comme polonais. Zoom, donc, sur le Pogoń Lwów, et éléments d’explication.

Fondation du Pogoń Lwów

Quand on parle de Piłka Nożna, le Pogoń Lwów est un club très important. En effet, le club de Lviv remporte quatre des cinq premières éditions du championnat de Pologne. Il s’agit en fait d’un club assez ancien. Car au début des années 1900, sous l’impulsion d’Eugeniusz Piasecki, se fonde à Lviv un premier club de football. Ils jouent quelques matchs, notamment contre les Cyclistes de Lviv. En 1904, ils prennent leur premier nom officiel. Il s’agit du Klub Gimnastyczno-Sportowy uczniów IV-ego Gimnazjum. Pour une fois, le polonais est assez transparent sur la signification de ce nom. Ils disputent contre le club de Krakow (Cracovie en français) leur premier match à l’extérieur.

Dans les années 1906-1907, le club parle d’un statut autonome par rapport à l’école à laquelle il est rattaché. On parle même d’une fusion avec le Lechią. En 1907, finalement, le nom de Lwowski Klub Sportowy Pogoń est adopté. Pogoń étant le nom de la côte d’armes lituanienne en polonais. Le club du docteur Piasecki choisit les couleurs rouge et bleu, en plus du blanc. Emmenés par Ludwik Kuchar, riche homme d’affaire, le club se développe peu à peu, jusqu’à devenir un membre fondateur PZPN en 1919. Cependant, le Pogoń Lwów avait – déjà – adhéré à une autre fédération. En effet, en 1909, le club avait adhéré à la fédération austro-hongroise, l’autorisant à rencontrer des clubs de l’Empire.

Puis, emmenés par des joueurs comme Tadeusz Kuchar, le club devint peu à peu important. Et en 1913, le club pu s’offrir un club-house en plus du stade. En cette même année, ils se classèrent à la troisième place du championnat de Galicja (région disparue en 1918).

La guerre puis la reconstruction

La guerre de 14 empêche le club de Lwów de finir la deuxième édition du championnat. Cependant, durant l’année 1914, le club rencontre deux équipes hongroises. Leurs matchs sont interrompus jusqu’en 1916. A la fin de l’année, grâce à Rudolf Wacek, le club peut enfin rejouer contre le Cracovia deux matchs aller-retour. Et en 1917, ils rencontrent les troupes autrichiennes stationnées dans la ville. Et à la fin du mois d’aout, ils rencontrent l’Austria de Vienne, le grand club autrichien.

Après la guerre s’embraye le conflit polono-ukrainien. Le club ne peut donc pas jouer jusqu’en 1919. Lorsque les hostilités prirent fin, le club de Lwów a disputé plusieurs rencontres à l’extérieur dans la Pologne nouvellement restaurée. Ils visitèrent ainsi Poznań, Varsovie, Łódź et Cracovie. En période d’après-guerre immédiate, l’équipe du Pogoń était composée de Mieczyslaw Kuchar (gardien de but), Piotrowski et Wojcicki (défenseurs), Fluhr, Owsionka, Kusionowicz (milieux de terrain), Juras, Dobrzynski, Wacek Kuchar, Garbien, Batsch, Slonecki (attaquants), dans un 2-3-6 assez en vogue à l’époque.

En 1921, lors de la première édition du championnat de Pologne (celui de 1920 ne s’était pas finis à cause de la guerre), le Pogoń représentait le district de Lwów de l’Association polonaise de football. Cependant, lors du tournoi final, l’équipe de Lwów a été placée dernière, après les champions (Cracovia Cracovie), le Polonia Warszawa et le Warta Poznań. Mais le club n’était pas près de s’arrêter dans sa grande progression, car les années 20, les années folles, rugissantes, allaient arriver.

Les années folles

1922 est le début de l’ère dorée du Pogoń. En effet, le club de Lwów a remporté le premier championnat polonais, en raison non seulement d’une vingtaine de joueurs talentueux, mais aussi de l’entraîneur autrichien, K. Fischer, qui a préféré un style de jeu offensif et moderne. Dans la première partie du championnat, la compétition régionale, le Pogoń a battu tous les adversaires sans perdre un point.

Ensuite, dans les finales du sud de la Pologne, les favoris de Lwów ont deux fois battu le Ruch Chorzow (12-0 et 6-0) ainsi que le WKS Lublin (11-0 et 4-0). Le match le plus difficile était contre le champion de 1921, le Cracovia Cracovie. À la maison, le Pogoń a gagné 3-2, mais à Cracovie, ils ont perdu 4-1. Néanmoins, les Leopolitains ont été champion, en raison d’une meilleure différence de buts. Dans la phase finale, le Pogoń a fait face aux champions du nord de la Pologne, le Warta Poznań. À Poznań, le match s’est terminé par un match nul 1-1, et à Lwów, l’équipe locale a s’est imposée 4-3, devenant ainsi les champions de 1922. De même, en 1923, le club est à nouveau champion de Pologne.

En 1924, en raison des JO de Paris, le championnat n’a pas été disputé. Pas de quoi arrêter les joueurs locaux, qui se sont préparés parfaitement pour les matchs de la saisons suivante. En effet, le club remporte les éditions de 1925 et de 1926 du championnat de première division. Ce sont les quatre derniers titres du 7ème club le plus titré de Pologne. Car après 1926, malgré la présence de lbanski, Jezewski, Kucharski, Hanin, W. Kuchar ou bien Deutschman, le club ne parvient pas à remplir son armoire à trophée.

La fin et le début

En 1938, la dernière saison d’avant-guerre de l’Ekstraklasa, Pogoń s’est classée 5ème. Au total, pendant les 35 années d’existence, les Léopolitains ont joué 955 matchs, dont 557 victoires, 263 pertes et 135 tirages.

Vous l’avez compris, le club de Lwów a fini sa vie en même temps que le second conflit mondial a commencé. Pourquoi ? Et bien, parce qu’après-guerre, il fut, lors de l’ignominieux partage de Yalta que Kaczmarski dénonçait dans sa chanson Jałta, décidé que Lviv ne ferait plus partie de la sainte Pologne mais bien de l’Ukraine. Les citoyens polonais, meurtris déjà par la guerre, durent quitter leur ville de toujours, pour des considérations politiques.

La plupart d’entre eux se sont installés en Basse Silésie et le long de la rivière Odra. Les anciens membres de l’encadrement du Pogoń ainsi que ses joueurs, qui voulaient poursuivre leurs activités sportives, ont contribué à la fondation de plusieurs clubs sportifs. Parmi les clubs qui peuvent être considérés comme la continuation du Pogoń, il y a notamment le  Polonia Bytom, l’Odra Opole, le Piast Gliwice et surtout le Pogoń Szczecin. L’Olympique Lyonnais avait affronté le dernier club cité en match amical il y a quelques années. Toutes ces équipes ont les mêmes couleurs que Pogoń et des logos similaires.

Mais en 2009, le club a été refondé. Reprenant son nom traditionnel, il est considéré comme détenteur du palmarès. Grâce à l’impulsion du consul de Pologne et aux nombreux polonais expatriés, le club évolue désormais dans le championnat ukrainien. Il s’agit donc de la troisième fédération à laquelle le club prête allégeance, après celle d’Autriche-Hognrie et de Pologne. Les partisans de la Grande Pologne considèrent toujours aujourd’hui le club comme polonais. Cependant, au contraire du FC Lviv, il n’a jamais joué en D1 Ukrainienne.

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