Alors que l’année 2016 vient de se terminer, Samuel Umtiti pourra sans doute la décrire comme la plus belle de sa jeune carrière. Alors qu’il a fêté ses 23 ans il y a quelques semaines, le franco-camerounais est vu comme un grand espoir à son poste. Portrait de Big Sam, de Yaoundé à Barcelone.

Le pied sur le ballon

Samuel arrive en France (à Lyon), alors qu’il n’a que quelques mois. C’est dans le 5e arrondissement de la ville qu’il va débuter le football, et plus précisément au FC Ménival, du haut de ses 5 années. Il restera 3 ans la-bas avant d’être repéré par un club assez connu de la région : l’Olympique Lyonnais. A ce moment-là, le club de Jean-Michel Aulas rentre dans sa grande période, et c’est avec cet OL que va grandir le jeune homme.

Chez les jeunes et dans presque toutes les catégories, il est surclassé et porte le brassard de capitaine : être un leader, c’est de naissance. Dès son plus jeune âge, les qualités d’Umtiti se remarquent…en plus de sa superbe relance et de son sens de l’anticipation, le gars est serein à toute épreuve (il est comparé à Marius Trésor et Éric Abidal au sein de l’académie). Le jeune défenseur central devient au fur et à mesure un grand espoir du club du Rhône : il signe un contrat aspirant à 15 ans, puis un contrat stagiaire deux ans plus tard. Dans sa scolarité, il travaille le marketing dans un bac STG. Étudier le marché, avant de l’agiter quelques années plus tard, c’est ça la vie.

Son premier match officiel avec l’OL viendra lors de la célèbre Coupe de France. Face aux voisins de La Duchère, Sam va réaliser une performance de haut niveau, jusqu’à recevoir les félicitations (non pas du Conseil)  de Claude Puel, son ancien coach étant complétement ébahi. En début d’année 2012, les blessures victimisent Lyon et surtout en défense : Lovren et Cris sont indisponibles, Aulas veut donc sortir le porte-feuille pour remplacer tout ce petit monde. Mais c’était sans compter sur Rémi Garde et sa grande confiance envers les jeunes du club :

« Lyon recherchait un défenseur central, et j’avais pris position en disant à mes dirigeants que ce n’était pas la peine d’aller dépenser de l’argent alors qu’au club il y avait des jeunes comme Samuel Umtiti, qui étaient pleins d’avenir. »

En mars 2012, c’est la consécration pour le natif du Cameroun : la signature de son premier contrat professionnel. Le jeune joueur est déjà installé en Équipe de France, ou personne ne l’aura déboulonné lors de tous ses passages en équipes de jeunes. En club, c’est le commencement d’une belle progression. Pour sa première saison, il effectue un total de 18 matchs (mais là encore, pas de stress pour lui, après tout c’est que du foot…). Saison suivante, le défenseur va découvrir le monde européen puisqu’il va jouer 6 matchs d’Europa League. Dont ce but. Ce fameux but dont tous les supporters se souviennent. Cette frappe qui vient féconder la lucarne de Brad Friedel, lors du match à Tottenham.

Les mois passent à Lyon, et Umtiti s’installe de plus en plus. Lors de ses 3 dernières saisons au club, il dispute 123 matchs officiels (41 matchs de moyenne par saison). Une précocité exceptionnel qui le fait devenir l’un des grands prétendants à l’Équipe de France A. Il fait d’ailleurs sujet de débats acharnés sur les réseaux sociaux…surcoté ? sous coté ? En tous les cas, de géants européens tel que Manchester, Arsenal, Real Madrid ou encore le Barça sont annoncés comme « intéressés » par la pépite.

Puis vient l’été 2016, arrivant juste après une formidable saison. Le « parfois capitaine » est appelé dans la réserve des Bleus en vue de l’Euro, organisé dans son pays. S’associant avec un célèbre marabout du coin, il va voir tomber la concurrence : Varane, Mathieu, Zouma et Sakho sont, pour raisons diverses, privés de championnat d’Europe, et c’est le lyonnais qui va en profiter. Alors qu’on se dit qu’il ne vient que pour faire le « 22e homme », la chance vient à nouveau le tirer par le col. Rami est suspendu pour le quart de finale, dans lequel la France doit affronter l’Islande. Didier Deschamps doit donc se poser la question : aligner Eliaquim Mangala, ou le p’tit jeunot qui n’a toujours pas joué avec le maillot bleu ?

Le sélectionneur décide donc de se fier aux entraînements, et c’est le p’tit jeunot qui gagne. Dimanche 3 juillet, c’est l’heure de la première sélection en Bleu pour Umtiti, avec une victoire 5-2 à la clé. La prochaine étape est allemande. Encore une fois, Big Sam est titularisé, et encore une fois il fait un excellent boulot. La France accède en finale après une victoire 2 buts à rien. 22 ans et notre sujet du jour fait la connaissance d’une finale internationale. Face au Portugal, la défense tricolore n’encaisse aucun but…jusqu’à que vienne cette frappe. Cette terrible frappe qui va donner au Portugal le titre. Un miracle pour les portugais, rendu possible par Dieu Eder.

Après cette désillusion, c’est à Barcelone que le joueur se rend. Pour 25M€ puis surtout des étoiles dans les yeux, il intègre l’effectif de son « club de cœur » et va vite devenir un élément important de l’équipe catalane.  15 matchs joués en première partie de saison et le statut de « meilleure recrue de l’année » lui est offert. De quoi lui réserver une belle poursuite de carrière.

La tête sur les épaules

Mais avant tout, Sam est un bon gars. Quelqu’un avec des valeurs et un entourage qui veille au grain. Sébastien Flochon, l’un de ses grands amis et ancien joueur de la CFA de l’OL, explique :

« Il ne se prend pas pour un autre. Je suis persuadé qu’il ne changera pas. Je connais sa mère, elle est détachée de ce milieu du foot et je me souviens qu’à la maison Samuel, comme son frère et ses sœurs, devait participer aux tâches quotidiennes. Elle leur a inculqué de véritables valeurs. »

Yannick Um, son frère, rajoute :

« Notre mère nous a élevés de manière simple. Je peux vous assurer qu’à la moindre incartade il y aura du monde pour lui botter les fesses. La parole de notre mère est précieuse, il sait qu’il ne peut pas faire n’importe quoi. Je suis confronté à la souffrance humaine donc j’essaie de faire partager mon quotidien à Samuel afin qu’il reste ancré dans une certaine réalité ».

Faire rester le petit les pieds sur Terre, voila ce que semblait être l’objectif de la famille Umtiti. Des déclarations datant du début de carrière de Samuel (2013), et dont nous pouvons tirer une conclusion : son entourage a bien fait le travail. Quelque chose de respectable, sachant le nombre de joueurs trahis par ce monde aussi monstrueux que celui du foot. Le concerné, lui, est toujours comme au premier jour. Alors qu’il venait de signer son premier contrat professionnel, voila comment il se décrivait :

« Je suis plutôt timide. J’aime être discret, ne pas me montrer. Depuis que j’ai intégré l’équipe pro, j’ai un peu coupé au niveau de l’enrichissement intellectuel, mais je me suis fixé de nouvelles résolutions. J’aimerais lire davantage et reprendre mes cours. Je ne sais pas encore dans quel domaine. J’ai besoin de voir mes amis,de savoir s’ils vont bien. Ils aimeraient sûrement être à ma place et je me mets aussi à la leur. Je ne veux pas changer ma façon d’être. Ce sont mes potes. »

Il n’a pas l’air d’avoir changer. Ses retours à Lyon le plus souvent possible, ses photos soutenant l’OL à chaque matchs…Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où aller. La tête sur les épaules et dans les nuages, tous ceux qui connaissent l’homme se ravissent de sa réussite.

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Rédacteur pour demivolee.com et fier de lettre.