Entraîneur de River Plate, son club de cœur, depuis 2014, Marcelo Gallardo est perçu comme un maestro dans son pays. Nom célèbre en France,  El Muñeco a déjà fait parti de rumeurs l’annonçant dans le pays de la bouillabaisse, notamment à Bordeaux ou Lyon. Portrait d’un coach qui rêve, et qui fait rêver.

7 juin 2014. River Plate vient de remporter le titre en Argentine mais son coach, Ramon Diaz, annonce son départ. Les supporters sont tristes, dégoutés malgré l’obtention d’un trophée obtenu après 6 longues années de disette. L’ancien coach est une légende du club, et s’annonce compliqué à remplacer pour la direction du club de Buenos Aires. Une légende pour remplacer une légende, bonne idée ? Oui d’après eux, puisqu’ils nomment à la tête de l’équipe première un certain Marcelo Gallardo. Le public est conquis. Ancien joueur de River, ses passes de velours et sa hargne ont fait de lui un membre inoubliable, et on dit souvent que sa carrière aurait pu être d’une brillance plus claire si les blessures lui avaient donné une vie plus simple. Son cœur aura été blanc et rouge toute sa carrière (si on ajoute son beau passage à Monaco), lui qui a débuté le football pour échapper à la dure loi de la pauvreté qui règne en Argentine.

Ce n’est pas sa première expérience sur un banc. Marcelo avait coaché, lors de la saison 2011-2012, le Nacional Montevideo. En montrant déjà ses qualités, il remporte le championnat mais décide de partir juste après. Puis le destin a fait son travail. Juin 2014 donc, c’est l’heure de retrouver son club, et de l’emmener vers des sommets qu’il n’a plus connu depuis un petit bout de temps.

Marcelo Gallardo est un entraîneur qui aime le risque. Pressing intense, jeu fortement porté vers l’offensif, il rejoint le style de nombreux coachs argentins, mais un en particulier : Marcelo Bielsa. Dans une interview pour l’Équipe, voici ce qu’il déclare à propos de l’ancien marseillais :

« Il fait parti des entraîneurs qui ont attisé cet amour du jeu en moi. J’ai connu de nombreux entraîneurs au fil de ma carrière, mais Bielsa a su mieux que quiconque me faire parvenir son message. Il a marqué tous les joueurs qu’il a dirigés. Qu’est-ce que je lui ai piqué ? Je dirais la curiosité de voir au-delà du jeu, d’essayer de comprendre ce qui gravite autour. Dans ce sport, certains ont plus de volonté que de talent et Bielsa tire profit de chaque élément. Il sait réveiller l’intérêt pour l’entraînement chez ses joueurs, en faire un outil destiné à reproduire une idée sur le terrain de jeu, en compétition. »

El Muñeco est un fou de travail, qui étudie tous les petits détails du quotidien, du moins tout ce qui est lié au football. Et cela jusqu’à ses joueurs. Proche d’eux, il les observe et essaie de connaître leur caractère. Selon le concerné, ceci est un élément important afin de leur faire passer sa philosophie de jeu, mais également de vie. « Quand tu arrives à convaincre ton groupe de suivre ta philosophie, c’est à ce moment-là que tu peux commencer à envisager d’obtenir des résultats« . Pour cela, il tente de concerner tout le monde : c’est un grand fan du turn-over, et la gestion physique de ses joueurs lui est importante. Tout cela n’est pas un métier pour lui : c’est une vocation.

Avec River Plate, il va connaitre des débuts incroyables, et redonner à un club, la passion qu’il perdait depuis quelques temps. Dès les premiers matchs, l’équipe montre un visage plus que satisfaisant : les victoires s’enchaînent et le jeu proposé donne des étoiles dans les yeux. Gallardo est tout jeune, la quarantaine à peine. Une jeunesse qui amène une fougue visible sur le terrain : un sublime mélange d’efforts collectifs et de talents permettent au club de remporter la Copa Sudamericana (l’Europa League amerloque). En mettant les Tigres au sol en finale, River s’offre une place en Copa Libertadores, le graal. Les mois passent et le club rouge et blanc n’arrête pas de remplir son armoire à trophées : une Recopa, une Copa Suruga Bank, mais surtout une Copa Libertadores en 2015. Toujours dans le même principe de jeu spectaculaire, Marcelo Gallardo a refait de son club un géant continental. Dans sa ville, il a désormais un nouveau surnom : Napoléon. Un vrai conquérant, qui doit faire face à une solide contrainte.

En effet, le club argentin n’est pas dans une situation exceptionnelle financièrement, malgré le succès qu’il connait récemment. Les pépites doivent quitter le navire, et classiquement rejoindre l’Europe (Funes Mori, Sanchez ou Kranevitter par exemple). Comme son idole Bielsa, Gallardo s’était mis en accord avec La Banda Roja pour faire venir les joueurs appartenant à sa short-list. Des pleins pouvoirs sur le mercato qui ne vont pas se montrer totalement efficace. Beaucoup de flops, et la machine est rouillée : un jeu moins léché et des titres qui ne leur appartiennent plus. En 2016, la vitrine des trophées accueillera une nouvelle Recopa (opposant le vainqueur de la Libertadores et de la Sudamericana) ainsi qu’une coupe d’Argentine. Fin décembre 2016, après la victoire en coupe, Gallardo annonce qu’il prolonge son aventure d’une année supplémentaire.

Comme tous talents sud-américains (joueurs et coachs), il arrive un moment où il faut traverser l’océan. Le concerné l’a fait en tant que joueur, en rejoignant Monaco. Le coach n’a pas encore passé cette étape, mais ce n’est pas le temps qui lui manque, du haut de ses petites 41 années. En fin 2015, Gallardo aurait été dans le viseur d’un certain Jean-Michel Aulas. Certaines rumeurs disent que c’est le président qui n’a pas cherché à aller plus loin, d’autres que c’est l’argentin qui n’a pas voulu faire le grand saut. Lorsque la question lui est posée, la réponse est bateau.

« Je ne ferme aucune porte, mais aujourd’hui, je suis en pleine progression en tant qu’entraîneur, heureux d’exercer cette profession et d’être là où je veux être. On verra dans le futur quelles seront les options qui me permettront d’évoluer tant personnellement que professionnellement. »

Plus globalement, l’entraineur a en revanche un vrai avis sur la Ligue 1, qui n’est pas assez…folle.

« Les entraîneurs français sont très bien préparés. Mais ça ne fait pas tout, il faut savoir s’adapter aux joueurs, car c’est la matière première dont tu disposes. La variété de profils qui évoluent dans le Championnat de France complique la donne. Lors de mon passage à Paris, on travaillait de la même manière que lorsque j’ai commencé à Monaco et la plupart des équipes jouaient de la même façon. C’est pour ça que j’apprécie que Bielsa entraîne Marseille et apporte une touche nouvelle qui suscite l’intérêt du public français (à ce moment-là, El Loco était à la tête de l’OM). »

Une chose est certaine, Marcelo Gallardo apportera un vrai vent de fraîcheur dans le prochain club qui lui ouvrira la porte. Après avoir conquis l’Amérique, le temps de se confronter à l’Europe est arrivé pour lui, qui effectue sans doute sa dernière saison à Buenos Aires.

Pour terminer, une petite vidéo comme on les aime, des meilleures actions collectives de River Plate sous Gallardo. Vous y retrouverez sans doute un certain Emanuel Mammana.

 

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Rédacteur pour demivolee.com et fier de lettre.