Qui n’a jamais connu cette situation ne peut pas le comprendre. Qui n’a jamais été gardien ne peut pas saisir toute la portée. Mais c’est pourtant ce que je vais tenter de vous expliquer. Oui, aujourd’hui, vous pourrez peut-être comprendre qui sont ces gardiens dans l’ombre.

Gardiens oubliés

Les noms qui nous viennent à l’esprit, quand on parle de gardien remplaçant, sont ceux de Steve Harpers, indéboulonnable numéro deux de Newcastle (199 matchs, dont 2 en cinq ans), de Raimond van der Gouw, doublure de Schmeichel à Manchester United, de Stefan Wessels, qui a subi la dure loi du susccès d’Oliver Kahn, de Pegguy Arphexad, dont nous dressions il y’a peu le portrait, ou encore, plus proche de nous, de Rémy Vercoutre.

Ces hommes ont une importance fondamentale dans une équipe. Mais pourtant, dans vingt ans, qui s’en souviendra ? Car qui aujourd’hui est capable de me citer la doublure de Gilmar, l’excellent portier du Brésil d’après guerre, de Lev Yachine, premier champion d’Europe avec l’URSS et seul gardien ballon d’or ? Moi même, je me trouve dans l’embarras à l’heure de répondre à cette question. Leurs noms ne figurent plus nulle part.

Gardiens, gardés à l’écart des trophées

Si leurs noms ne figurent plus nulle part, c’est bien parce qu’ils ne peuvent pas gagner les trophées. Ainsi, les joueurs du vainqueur de Premier League se doivent d’avoir joué au moins 10 matchs pour être sacré champion, ceux de Champions League au moins un. Quel n’est pas l’embarras des joueurs qui passent la campagne européenne, tous matchs confondus, sur le banc ? Ils sacrifient une saison, parfois une carrière, se tiennent prêts à tout moment. Mais aucun titre n’est à la retombée. C’est la dure loi du football que celle qui s’applique sur les remplaçants. On se moque même d’un Lionel Charbonnier, car il n’a pas disputé une minute du mondial français…

Gardiens de la paix

Bien souvent, le gardien remplaçant est le membre le plus important du vestiaire, ou en tout cas en fait partie. On pense bien sur à Rémy Vercoutre, se faisant exclure du banc contre Valenciennes sous le maillot lyonnais, mais aussi à tous ces gardiens, plus calmes, mais qui par leur seule présence achètent la paix dans un vestiaire. Il est sur que le cas Casillas avec Mourinho est un excellent contre-exemple, mais n’oubliez pas tous ces gardiens comme Ronan Le Crom en son temps, qui voient passer des générations de joueurs. Car les gardiens remplaçants sont souvent vieux. Mais sont aussi souvent expérimentés. C’est pourquoi ce sont parfois eux les plus en première ligne !

Gardiens de carrières

Une vie sur un banc peut sembler déprimant. On sait que l’on ne va pas jouer le prochain match. Mais la stabilité est indispensable pour ce poste si particulier, c’est pourquoi je m’oppose en tout au système de deux gardiens qui tournent, comme au Barça l’an passé, au Paris Saint-Germain, ou à Lyon juste après le retour de blessure de Vercoutre et de Lopes simultanés.

Mais ce qui est essentiel, c’est de mettre le titulaire dans les meilleures conditions, en le poussant vers le haut, en le motivant pour qu’il devienne de jour en jour meilleur. Et les meilleurs remplaçants sont ceux qui n’ont pas de regrets. J’aimerais conclure sur cette formule de Steve Harpers.

« Il m’est arrivé d’aider de jeunes gardiens et d’autres portiers à mon propre détriment. Mais je suis comme ça. C’est ma nature. Je suis peut-être fait pour devenir entraîneur et continuer à aider les autres. Est-ce que je regrette d’avoir donné un coup de main ? Absolument pas. Quand j’éteins la lumière le soir avant de m’endormir, je me dis que j’ai permis à quelqu’un de lancer sa carrière. »

NSOL, gardien de but
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